Chapitre 7 : J, ou l'inconnu qui mourut étranglé...

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Je m'engouffre dans la salle sans me retourner. Ils sont revenus. Ils n'ont que ça à faire, ou quoi ? Pendant la répétition, je suis troublée, et Erza le remarque. Elle ne fait pourtant aucun commentaire quand je demande à sortir pour m'aérer. Il faut que je sache qui me suit et pourquoi. Je ne peux pas continuer à vivre dans cette angoisse qui me ronge. Je m'approche de la voiture pour trouver des indices.

"- Voyons... "

La voiture est fermée, mais un logo est bien visible sur son flanc. "Agence Starsky". Ce serait des personnes de l'agence ? Mais pourquoi ? Un petit cri interromps mes réflection. Je me retourne, pour voir une tête dépasser de l'entrebâillement de la porte... Une tête casquée.

"- Toi ? "

Il rentre la tête à l'intérieur, alors je lui cours après :

"- Hé ! Reviens ici, espèce de pervers ! Tu n'as pas honte de suivre des jeunes filles comme ça ? C'est du harcèlement ! "

C'est qu'il est rapide, celui là ! Ça doit être à force de courir après des innocentes ! J'accélère, et je croise Erza et Reby au coin d'un couloir. Elles me lancent un regard interloqué, et je répond en coup de vent :

"- Je reviens ! "

Elles s'éloignent sans avoir l'air de comprendre. Quand à moi, concentrée sur ma course poursuite, je remarque que je l'ai perdu de vue. Zut ! Je m'arrête. Où est il ? La rangée de portes me semble infinie, et je ne sais pas par où aller. Dans une tentative désespérée, je lance :

"- Dis moi, pourquoi tu me suis partout ? "

Un grand silence me répond. Évidemment, il n'est pas là. Je l'aurais vu, sinon. Pourtant, à ma grande surprise, une porte s'entrouvre dans un léger grincement.

"- Je ne... Te suivais pas. "

Je lui fait un sourire sarcastique.

"- Vraiment. Alors tu faisait quoi ?
- Je...
- Je me disais aussi. Tu n'es qu'un harceleur, un pervers, un...
- Je te protégeais. "

Je me stoppai.

"- Quoi ?
- Il peut y avoir des gens malintentionnés qui essaieront de s'en prendre à toi. On ne sais jamais. "

C'était bien la plus longue phrase qu'il ait jamais prononcé devant moi. Je toussote.

"- Tu regardes trop la télé, mon grand. Les agressions, certes ça arrive, mais pas à tout le monde.
- C'est toi qui est imprudente. Et ne m'appelle pas mon grand. "

Il se plante devant moi, l'air bravache. Je croise les bras sur ma poitrine et gonfle les joues.

"- Et je devrais t'appeler comment ? J le harceleur ? N le suiveur ? "

A ces mots, il baisse la tête et se ratatine. Il parle d'une petite voix d'enfant, comme s'il allait pleurer.

"- Je... Je voulais juste te protéger ! "

Je m'adoucis. Il est trop mignon ! Euh... Mettons que j'ai rien dit, d'accord ?

"- Bon... Je veux bien te pardonner. Mais à une condition. Dis moi comment tu t'appelles."

Il se gratte la nuque, embarrassé.

"- Euh... Je suis N.
- Donc tu ne veux pas me le dire ?
- Mais, je te l'ai dit !
- Tu ne feras croire à personne que N est ton vrai prénom. Dis moi la vérité.
- Je.. Je m'appelle...
- Lucy ! "

Erza arrive, traînant derrière elle un pauvre garçon casqué qui se débattais vainement, étranglé par sa cape. Elle me fait signe de m'approcher, et m'explique :

"- Je l'ai trouvé dehors près d'une voiture suspecte. Qu'est ce qu'on en fait ? "

Je lance un regard d'avertissement à N, avant de porter mon attention sur J.

"- Déjà, lâche le, parce que ça risque de poser des problèmes si il meurt étranglé. "

Elle se retourne brusquement. Le visage - visible - du garçon est pale comme un mort. Il semble avoir perdu conscience. Elle le relâche et se confond en excuses, avant de se pencher pour voir s'il va bien.

Elle l'appelle, le secoue, sans succès . Elle finit par lui asséner une baffe monumentale avant de retirer son casque. Et là...

"- Non ! "

N crie et tente de se placer devant son ami, mais trop tard. Son visage est à découvert. Et je ne pourrais pas exprimer par écrit le choc que j'ai reçu en le voyant. Il n'était pas effrayant, non, c'était même l'inverse. Il avait un étrange tatouage rouge sous l'œil gauche, et expirait doucement, comme s'il dormait. Mais la partie la plus surprenante de sa tete etait sans conteste ses cheveux : en effet, ils étaient d'une couleur bleue électrique, et des petites mèches tombaient sur ses yeux. Erza ne bougeait pas. Elle etait complètement immobile, le regard fixé sur le jeune homme. Qui se réveilla. Ses prunelles émeraudes papillonnèrent quelques instants dans la pièce, perdues, avant de se reposer sur Erza. Il eut un mouvement de recul, et je jure l'avoir vu rougir légèrement.

"- Par-pardon. "

Erza cligne des yeux, comme réveillée d'un songe, et secoue la tête avant de dire avec une hésitation que je ne lui connais pas :

"- N-non, c'est à moi de m'excuser. Je ne voulais pas vous faire du mal. "

Elle lui tend la main.

"- Moi c'est Erza. "

L'autre semble réfléchir, avant de saisir sa main. Il esquisse un sourire, et dit tout bas, murmurant presque :

"- Moi c'est J... Jellal. "

La bouche de N se tord.

"- Pourquoi... ? "

Jellal répond simplement :

"- Parce que qu'elle a l'air digne de confiance. "

Erza rosit, avant de déclarer :

"- Merci... Dis moi, est ce que ça te dirais d'aller faire du shopping avec mes amies ?
- C'aurait été avec plaisir, mais j'ai peur de ne pas être discret... D'ailleurs, je peux reprendre mon casque ? "

La rousse, se rendant compte qu'elle serrait le casque contre elle, lui rendit en bafouillant des excuses incompréhensibles. Le bleu le remit immédiatement, avant de déclarer :

"- Je veux bien faire un effort, mais à une condition... N m'accompagne. "

L'intéressé protesta :

"- Alors là pas question ! Ça va pas bien dans ta tete, Jellal ? Faire du shopping ? Avec des filles ? Plutôt mourir ! "

Par sollicitude, je m'approche de lui et lui glisse à l'oreille :

"- Je pense que si tu refuses, c'est effectivement ce qui va t'arriver. "

Comme il a l'air surpris, je lui désigne Erza. En voyant cette lueur meurtiere dans son regard, il balbutie :

"- Euh... Dis, j'ai une idée, et si je t'accompagnais, finalement ?"

La chanson des féesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant