La salle de bal était remplit de convives aussi élégants que la mode de la société actuelle le souhaitait.
"Tu ne dis rien, Marie, m'ordonna Charles à voix basse.
- Oui, Alpha.
- Tss, je t'ai dis de ne pas m'appeler comme ça ici ! me disputa-t-il. Et de m'appeler par mon prénom quand nous sommes en public ! Je te rappelle que nous somme un couple marié ! Tiens ton rôle où ça ira mal à la tanière, à notre retour.
- Pardonne-moi Al... Charles."
Il me dit rien mais il s'avança, et moi avec du coup, vers nos hôtes de soirée.
"Bonsoir, madame Dupont. Merci de votre invitation, déclara Charles.
- Monsieur et madame Astier, vous m'envoyez ravie de votre présence. Votre donation pour l'orphelinat nous a beaucoup touché, nous remercia monsieur Dupont.
- Mais tout le plaisir est pour nous. Ces pauvres âmes n'ont pas eut de chance et c'est à nous, à qui la vie sourit, de tendre la main vers eux.
- En voilà des paroles honorables, amusez-vous bien, fit madame Dupont.
- Merci."
Charles nous fit avancer dans la foule de convives. Jason et Yannis étaient déjà là. Charles me conduit à eux. Un domestique nous proposa un verre et Charles m'en fourra un dans les mains.
"Je vous laisse Marie. Surveillez-là, vous deux, ordonna Charles. Je dois m'entretenir avec quelques personnes en privé.
- Compte sur nous, fit Jason et Yannis se contenta de hocher la tête.
- Bien."
Charles s'éloigna et j'eus l'impression de pouvoir mieux respirer sans son aura tyrannique sur moi.
"Et nous voilà encore en train de jouer les nourrices, déclara Jason d'un ton amer.
- Profitons de son absence pour contempler toutes ces femmes, fit Yannis en se détournant de moi. Je me demande laquelle crierait le plus fort...
- Attends, rassure-moi, tu parles bien de crier, dans le sens douleur ? coupa Jason en regardant la femme que fixait Yannis."
C'était une jeune fille qui venait de faire son entrée dans le monde. Elle était si innocente que les deux monstres, qui m'accompagnaient, s'en lâchaient presque les babines. Est-ce que Charles avait eu la même réaction en me trouvant, dans mon village ?
Je reculais d'un pas. Jason se tourna aussitôt vers moi et m'observa d'un air soupçonneux.
"Marie, murmura-t-il, Charles a dit de ne pas bouger !"
Ce n'était pas exact mais ce n'était pas moi qui allait lui dire. Je le regardais droit dans les yeux jusqu'à la limite de l'insolence puis les baissais.
"Je vois que Charles n'a pas encore anéanti toute résistance de ta part. (Un sourire sadique apparut sur son visage.) Je lui en ferais part. Ne bouge pas d'ici. Aller vient Yannis."
Ils me quittèrent, désobéissant à l'ordre de Charles. J'allais souffrir, c'était certain mais eux aussi. Cette pensée me rasséréna quelque peu.
Je vis les deux loups s'approcher de la jeune fille. Je préférais me détourner, à l'aube, elle serait retrouvée morte.
Je me trouvais toujours près de la fenêtre ouverte qui donnait sur le jardin. La nuit était tombée depuis longtemps mais déjà, les lanternes avaient été allumées.
"Votre cavalier vous a laissé tomber, gente dame ? interpella une voix d'homme."
Je me retournais pour voir un homme très élégant s'arrêter vers moi. Il avait la quarantaine et un ventre bedonnant mais on voyait sur ses mains qu'il avait connu le bagne.
"Bonsoir, madame, Eugène-François Vidocq, chef de la sûreté pour vous servir, se présenta-t-il en s'inclinant. (Je jetais un coup d'œil autour de moi. Charles était toujours porté disparu et Jason et Yannis venaient de s'éclipser avec la débutante dans le jardin.)
- Madame Astier, me présentais-je en lui présentant ma main qui baisa.
- Quelle plaisir de vous rencontrer enfin, seul à seule, madame. Votre mari... ne l'est pas vraiment n'est-ce pas ? Je connais l'existence des créatures qui vivent dans l'ombre des humains, madame. Et je sais aussi reconnaître une femme battue. J'imagine que vous n'avez pas vraiment choisie votre vie...
- Monsieur, permettez-moi de vous donner un conseil, ne fourrez pas votre nez dans les affaires des créatures si vous tenez à la vie.
- Je peux vous aider, affirma-t-il.
- D'autres ont tentés avant vous, mais Charles les a tué. Vous êtes quelqu'un de bien et d'important pour la France. V'tre réussite au mois de février avec les Chauffeurs de Pâturons le prouve bien. La seule personne qui peut m'aider est moi-même. Partez, j'vous pris, je vais avoir des ennuis si on me voit parler avec vous.
- Je m'en vais madame, mais je vous promets de vous aider.
- Vous perdrez votre temps et votre vie."
Il me quitta et je me tournais la fenêtre pour voir que Yannis m'avait vu parler avec Vidocq. Ses yeux dorés montraient à quel point il luttait pour maîtriser son loup qui voulait me saigner pour avoir désobéis à Charles.
Je me détournais de lui. Tant que je serais en publique, je ne risquerais rien.
Le souvenir succéda la place à un autre. Celui-ci se situait plusieurs jours après le bal et de ma rencontre avec le célèbre détective.
J'étais nue et ensanglantée sur le lit de Charles. Il m'avait brisé les pieds, puis les jambes, les doigts puis les bras, ainsi que le nez et m'avait arraché quelques dents en me frappant au visage avant de me déboîter la mâchoire. Il s'était également amusé à m'ouvrir de haut en bas et à sortir mes intestins pour m'en faire un collier.
Durant tout cette séance de torture où il avait prit son pied, j'étais restée silencieuse, refoulant ma colère, ma haine et la douleur tout au fond de moi.
Ce soir-là, alors que je "rangeais" mes organes à leur place, un humain entra. Il fallait dire que nous étions à l'hôtel et Charles savait que je mettrais plusieurs heures pour me remettre, il était partis dans un club avec Jason et Yannis, me laissant seule.
L'homme s'approcha de moi.
"Partez, lui dis-je d'une voix très basse, tant j'étais faible.
- Madame, fit-il avec un fort accent anglais, je m'appelle Jacob Blackwood. C'est monsieur Vidocq qui m'envoie. Je suis là pour vous aider.
- Achevez-moi, si vous tenez tant à m'aider.
- Je ne puis faire cela. Je suis ce qu'on appelle un Oracle. Je suis le descendant directe de Cassandre de Troie et j'ai une prophétie à vous énoncer."
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In Memorum
WerewolfJe m'appelle Marie. Je suis née en 1746, dans un petit village de Lozère et techniquement, je suis morte le jour de mes 21 ans, le 19 juin 1767, tuée par la Bête du Gévaudan. Mais mon histoire est légèrement plus compliquée que cela. Je vous laisse...