Chapitre douzième

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5 septembre 2012.

C'est presque drôle d'entendre Guiliano s'énerver, avec son accent italien on ne comprend presque rien. Déjà qu'en temps normal ce n'est pas évident à chaque fois, mais avec la colère, son côté rital prend le dessus.

Cependant le voir crier sur Camille me rend impuissant, la pauvre ne cherche même pas à se justifier, elle encaisse en hochant la tête, acceptant les responsabilités. Je tente de raisonner Guiliano en disant que ce n'est pas de sa faute mais elle s'empresse de me contredire en me fusillant du regard le plus noir qui soit. Surement pas crainte que je n'en dise trop.

Il enchaine les « tu es inconsciente ! » « il aurait pu se briser la nuque » « tu t'en sors à bon compte, comment on aurait fait avec un amant avec le bassin fracturé ? ». Autant dire qu'il part un peu à l'extrême. Malheureusement je ne peux rien faire et voir ma jolie Camille en proie à la colère de Guiliano me donne envie de hurler à mon tour.

Finalement, à bout de patience, ou à bout de voix, Guiliano nous congédie tous, nous offrant notre dernière heure de la journée.

Toute la belle troupe se rend aux loges, semblant déjà oublier l'incident. Ou presque.

- Ta main ! s'écrie Roxane avec horreur alors que j'allais entrer dans la loge des garçons.

Je lance un coup d'œil vers celle-ci, la douleur s'était atténuée, comme un bruit de fond, mais en la regardant je sens qu'en effet, quelque chose ne va pas. Un bleu virant sur le violet commence tout juste à apparaître.

- C'est rien, je dis sur la défensive en remarquant que tout le monde regarde à présent mon poignet, vous exagérez la chose, je sens rien.

- Il faudrait que tu ailles faire soigner ça, renchérit Nathalia.

- Ca va aller, je vais survivre, je vous assure ! je réplique un peu sur les nerfs.

Sans attendre qu'une d'elle n'ouvre encore la bouche j'entre dans la loge et me dépêche de refermer derrière moi.

Je ne pensais pas avoir pris autant de temps pour me changer, pourtant avec un poignet douloureux j'avais mis plus de temps que les autres gars. Quand je sors de la loge je ne croise personne.

Toutes les fringues qui jonchaient l'endroit quelques minutes auparavant ont à présent disparus. Dans les couloirs je n'entends que des bruits lointains. Soupirant je m'engage vers la sortie. J'aurais presque voulu à cet instant que Roxane vienne m'embêter.

Sur le parking je m'accorde une pause cigarette en remarquant que celui-ci est vide. La nuit commence à peine, les étoiles viennent d'apparaître. Elles ne brillent pas beaucoup aujourd'hui. La fumée de ma cigarette s'envole vers celles-ci.

Mon corps brûle de colère en repensant à tout ce qu'il s'est passé. Elle va me détester encore plus, si seulement ça lui est possible. Maintenant elle est dans le collimateur de l'italien par ma faute. De rage j'écrase du bout du pied ma cigarette que je viens à peine d'entamer. A quoi bon essayer de déstresser si je n'en ai pas l'envie ?

Elle a raison, je fous tout en l'air, même inconsciemment.

Un affreux sentiment me noue le ventre, j'ai l'impression que tout m'échappe, que rien ne va comme je le veux malgré toute l'énergie que j'y mets.

- Je suis désolée...

Je me retourne brusquement pour faire face à Camille, le cœur au bord des larmes. Je perçois ses yeux briller malgré la pénombre. Ils ont rougis, ses joues sont pâles. Elle semble au bord de la rupture. Tout de suite je me sens mal.

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⏰ Dernière mise à jour : Nov 21, 2015 ⏰

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