Chapitre 2 :

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Le reste de la semaine est passée bien vite, je ne me fais pas remarquer, personne ne me remarque. J'entends parfois des chuchotements discrets, parfois je les ignore, parfois je me retourne. Le plus souvent, je me contente de supporter les heures interminables assis sur une chaise, puis de rentrer dans ma chambre d'interne où je m'affale, la tête remplies de pensées obscures et le cœur serré, pensant à ma vie d'avant, et à combien je voudrais retourner dans le passé.

Mais ce jour là, la principale me laisse sortir. Elle m'accorde le mercredi après midi de libre. Certes, je n'ai rien a faire, mais j'en profite quand même. Je sors donc vers les alentours de midi, mon sac encore sur le dos. Je déambule dans les rues, sans vraiment savoir où je me rends. Je me contente de me fondre dans la foule de passant qui s'active dans les rues de cette petite ville américaine. Le ciel est gris, je me demande si il va pleuvoir... Au milieu de cette foule, je ne me suis jamais senti aussi seul. Je me sens seul, vide, flou, invisible. Puis soudain, en entendant les rires d'un groupe d'enfants, une lourde tristesse m'envahit. Je ne peux rien y faire, ce n'est pas comme quand les flots de souvenirs me font verser des larmes brulantes, non cette fois c'est... Comme si je ne peux plus m'arrêter d'y penser, je ne peux plus faire comme si de rien était. Ils me manquent. J'aimerais tant les avoir ici, là, juste auprès de moi pour me dire que je ne suis pas seul. C'est fou. Comme la vie peut être une joyeuse routine, et, en si peu de temps, se transformer en un cauchemar silencieux. Si il n'avait pas neigé ce jour là, si seulement... Pourtant j'aime tant la neige. Mais je ne savais pas ce jour là, je ne savais pas qu'elle serait fatale. Je ne savais pas. Je ne savais rien. Je continue de marcher, de plus en plus vite, je ne supporte plus tout ce monde. Je m'arrête lorsque j'arrive à ce qui ressemble à un parc... Entre deux maisons d'une banlieue pavillonnaire, je vois sur un petit carré d'herbe humide, une vieille balançoire. En fait il y en a deux, pendant à leur cadre rouillé. C'est alors que je me souviens.

Cette balançoire que nous a offert notre père, la première fois que nous y avons joué dehors, avec ma petite sœur. Je me souviens des cris de joie de ma sœur, moi aussi je suis impatient. Elle a couru, bien plus vite que moi, pour sauter sur la planche de bois suspendue par des cordes épaisses. Je ne peux pas oublier son sourire éclatant, son rire malicieux, accompagné de celui de mon père. Ma mère a pris une photo. J'ai souri.

Je m'installe lourdement sur la petite balançoire abimée par le temps, essayant tant bien que mal de retenir mes larmes.

" Allez, viens Tom ! " Ma sœur me prend ma main, m'entraine de nouveau vers la balançoire, le soir venu. Chacun sur notre balançoire, nous jouons à celui-qui-se-balance-le-plus-haut, et le crépuscule résonne de nos éclats de rire du à nos jeux enfantins. Puis, lorsque le soleil descend, rouge flamboyant, nous le regardons avec des yeux émerveillés.








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