Broken Minds

Chapitre 3

La température chute grandement pendant ce mois de novembre. Les gens sortent leurs vêtements chauds, les chauffages du lycée se mettent à fonctionner. Les averses se font de plus en plus nombreuses, j'aime regarder la pluie s'écraser contre la vitre de ma chambre la nuit. Je ne dors pas beaucoup, j'ai souvent peur de fermer les yeux et de replonger dans mes cauchemars. J'en ai fait tellement depuis l'accident. Pourtant, j'avais l'impression que je dormait plus calmement depuis mon entrée ici. Une impression, rien de plus. Je passe la majorité de mes nuits à revoir la route enneigé, le dérapage du véhicule, les cris, le choc, le son des alarmes d'ambulance. Je me réveille parfois en hurlant, mais la plupart du temps je n'en ai pas la force.

Ce matin encore, je suis plus que fatigué en entendant le son strident de mon réveil. En arrivant dans la cours du lycée, je m'assois sur un banc en soupirant. J'essaye de penser à autre chose que mon cauchemar de la veille, sans grand succès. Mais soudainement, mon esprit divague vers un autre souvenir. D'abord une grande pleine, couverte d'une épaisse couche de neige blanche. Des flocons glacés qui tombent doucement du ciel. Puis, une jeune fille brune dévale la pente, sur une luge qui file jusqu'en bas, s'écrasant contre la neige. Des rires, du soleil, la blancheur éclatante du sol se reflétant dans des yeux rieurs... Ce jour là, j'ai aimé la neige. J'ai aimé le tapis blanc qui couvrait l'herbe, j'ai aimé les descentes avec la luge, j'ai aimé m'amuser avec ma famille... Mais aujourd'hui je me demande comment quelque chose de si beau, quelque chose qui apportait tant de bonne humeur, pouvait ainsi emporter des vies et devenir aussi macabre ? Je ne me cesse de me le répéter, si il n'avait pas neigé ce jour là... Si seulement. Ou alors, pourquoi ne suis-je pas parti avec eux ? Pourquoi a-t-il fallut que je reste sans eux... Depuis les derniers jour, je ne sais plus quoi penser. J'ai d'un côté ma "conscience" qui me dit de les rejoindre, et un garçon presque inconnu qui essaye de m'aider et qui me conseille de rester... Je ne peux plus me sortir ses paroles de ma tête " si tu ne dis rien, rien n'ira mieux..."

La sonnerie me tire de mes pensées, et en montant les escaliers je regarde autour de moi : pas de tête blonde, pas de doux yeux noisettes, pas de sourire malicieux. Newt n'est pas là. Étrange...  Je m'installe tout de même dans la salle en essayant d'ignorer les regards méprisants du type assis à ma gauche. Je passe le début de l'heure à me demander pourquoi il n'est pas venu aujourd'hui. Peut être qu'il est juste en retard ? Cependant, lorsque la sonnerie retentit, je commence à me douter que quelque chose ne va pas. Mais mes pensées sont redirigées vers un tout au type de problèmes...

- Eh le nouveau, fais un peu gaffe où tu vas si tu veux pas avoir des emmerdes ! me lance avec mépris le type de tout à l'heure après m'avoir exagérément bousculé. Gally. Oui c'est ça, Gally.

Je ne me retourne même pas pour lui répondre, ou même pour le regarder.

- Oh je vois, le nouveau ne prends pas la peine de répondre, il est bien trop ravagé par sa tristesse, le pauvre...

Son cynisme est insupportable.

- En même temps, je comprends... Avoir des parents aussi lâches, c'est difficile.

J'écarquille les yeux. Je serre les poings. Lâches... Lâches ? Lâches ?! C'est la première fois que quelqu'un m'exaspère à ce point. Il croit tout savoir alors qu'il ignore tout. Il ignore ma douleur, ma peur, ma tristesse, il ignore tout. Ils ignorent tous. Mais je n'ai plus envie de penser maintenant, j'ai juste envie d'agir, pour une fois. C'est pourquoi je ne réfléchis pas une seconde  lorsque je lui balance mon poings dans la figure. Je n'écoute que ma haine, apparemment dissimulée depuis bien longtemps. Il riposte évidemment d'un grand coup de pied qui me renverse par terre. Je veux renvoyer un coup une fois relever, mais je sens deux bras m'attraper par derrière, et Minho faire de même avec Gally.