~Chap.III~

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Je me levai de bonne heure et pris le tram pour me rendre au lycée. La matinée était un peu fraîche, alors j'avais mis une veste en jean et une écharpe en soie pour compléter ma tenue.

Une fois arrivée sur les lieux je me dirigeai vers l'accueil, à travers tous ces visages inconnus. On me remit l'uniforme du lycée que j'avais commandé.

En me rendant en classe, je fis un peu plus attention aux autres personnes qui peuplaient l'établissement.

Je passai devant un groupe de filles discrètes, complètement dans leur monde, et qui semblaient se connaître depuis longtemps. En les croisant je remarquai dans le sac de l'une d'entre elle le livre à succès Harry Potter, je relevai la tête vers son visage; elle était perdue dans ses pensées. Une autre soutenait fermement un carton à dessin . Je classai leur groupe dans celui des rêveurs, ceux qui souhaitent qu'un monde fabuleux et mystérieux leur ouvre les portes un jour.

Deux garçons discrets passèrent ensuite de l'autre côté du couloir. Je tournai le regard vers eux. Ils avaient des cernes et leurs poings étaient serrés, retroussés dans leurs manches. Ils étaient habillés simplement et ne semblaient pas particulièrement proches, plutôt restreints à traîner ensemble. Leurs yeux gonflés me fis penser qu'ils passaient peut-être une majeure partie de leur temps devant les écrans; ils semblaient marcher sans but. Leurs esprits étaient probablement restés bloqués dans les jeux vidéos de la veille.

Arrivée en salle de classe, je saluai timidement mes futurs camarades puis me présentai simplement.

Les cours du matin s'étaient ensuite rapidement terminés. J'avais discuté avec un bon nombre d'élèves mais aucun n'avait suffisamment attiré mon attention pour que je fasse l'effort d'être plus sociable et sympathique avec lui. Et combien même, je pense que j'aurais eu du mal à l'être car je ne me rappelai plus comment faire.

Si je me faisais des amis c'était pour être aux premières loges lors de l'expression de leurs sentiments, je n'étais pas attachée à eux comme ils l'étaient envers moi ou d'autres. Je les considérais plutôt comme des objets rares, comme des pierres précieuses recouvertes de couches de chair que j'enlevais une par une lentement, afin de les dévoiler à l'état pur.

Avec le temps j'étais devenue plus sélective dans le choix de ces pierres.

À la sonnerie je rangeai donc rapidement mes affaires et déguerpis, afin qu'aucun des élèves n'ait le temps d'engager une discussion amicale avec moi. J'appelai Émile pour lui demander où l'on se rejoignait. Elle était la seule personne que je pouvais accepter pour le moment.

Quand j'arrivai à la cafétéria je la vis, elle m'attendais avec quelques amies. Elle me proposa de m'asseoir avec elles, ce que je fis après avoir pris un café.

"Coucou ma Juju, ça va?" dit-elle joyeusement.

"Bonjour..." me lancèrent certaines de ses amies.

"Ça va Émile, il faut juste que je m'habitue à mon nouvel environnement." répondis-je dans un sourire.

"Elle est bien ta classe? Tu t'es fait des amis?" me demanda-t-elle, curieuse.

J'avais oublié que pour avoir une bonne image il fallait au moins avoir quelques potes dans sa classe. Je trouvai donc une excuse:

"Mouais bof. Tu sais, comme j'arrive en plein milieu d'année les groupes sont déjà faits, tout ça...ça ira mieux au bout d'une semaine."

"Ah bon? Ça m'étonne de toi, tu étais toujours la première à te manifester lorsqu'il s'agissait de faire la rencontre de quelqu'un, le genre de fille ultra-sociable tu vois, même trop parfois!" plaisanta-t-elle.

Oui, elle avait raison. Mais c'était avant; lorsque j'étais passionnée par notre façon de penser si énigmatique. Les innombrables réactions propres à chacun remplissaient jour après jour mon dictionnaire intérieur décodeur des gestes, des paroles et de tout plein d'autres petites choses qui semblent insignifiantes à nos yeux. Enfin pour la plupart d'entre nous. J'avais besoin de sujets d'expérience en quelque sorte.

Je fis la rencontre de Stéphanie, Anna, Emygaël et d'autres dont j'oubliai vite les noms. Désolée pour elles, mais il eu semblé que mon inconscient jugeait ces informations inutiles.

Sachant que je devais faire un effort pour m'intégrer, je devais pourtant sympathiser avec elles. Je décidai donc de quitter le groupe afin d'éviter de finir par avoir des pensées négatives à leur égard. Je ferais plus attention la prochaine fois, là j'étais trop épuisée pour ça.

Sous prétexte de devoir aller chercher un livre à la bibliothèque dont j'avais besoin pour les cours, je les saluai en leur adressant un sourire qu'elles me rendirent puis je m'en allai.



Je trouvai la bibliothèque au bout d'une dizaine de minutes. Il n'y avait pas grand monde. Je me retrouvai donc seule au milieu des livres silencieux et pus enfin souffler.

Mises à part les lectures scolaires ennuyantes que l'on nous imposait, je ne lisais pratiquement pas. Pour qu'un livre me plaise, il fallait que je sois totalement en accord avec la façon d'analyser et de penser de son écrivain. Jusque-là je ne m'étais donc jamais intéressée à aucune oeuvre exceptées celles d'Haruki Murakami, un auteur japonais que m'avait fait découvrir ma grand-mère et dont je jalousais l'intelligence et la perspicacité.

J'étais aussi vraiment attachée aux livres scientifiques et de logique, qui me musclaient mes capacités cérébrales. L'inconvénient était qu'après leur lecture j'étais complètement claquée. On me le reprochait souvent, mes parents disaient que lire des encyclopédies n'étaient pas de mon âge, mais à défaut d'être intéressantes elles m'apportaient beaucoup de connaissances.

La bibliothécaire m'informa, après que je le lui ai demandé, que les livres de ce genre étaient rangés dans la réserve puis m'en indiqua la porte d'accès, dissimulée entre deux étagères. Je la remerciai.

Je pénétrai dans la petite pièce, éclairée par une unique fenêtre qui prenait toute la hauteur du mur, puis refermai la porte derrière moi.

Un élève sommeillait sur la petite table centrale, je la contournai sans faire de bruit et me mis à chercher un quelconque livre en rapport avec les pierres précieuses parmi tous les pavés qui n'attendaient qu'une seule chose depuis des années: être lus.

La réserve était poussiéreuse et la moitié des livres possédait une couverture vieille et abîmée. J'aimais bien ça; je les respectais pour avoir survécu aussi longtemps. Leur odeur particulière imprégnait l'air, celle que tous les amateurs de livres connaissent sans doute.

Je passais de livre en livre et fut plus ou moins intéressée par l'un d'eux que je sortis de l'étagère en question. Vous serez peut-être étonné de savoir que dans les secondes qui suivirent je le fis tomber, surprise par son poids, et qu'il s'écrasa dans un fracas au sol.

Cette petite erreur changera radicalement ma façon de vivre, de voir les choses et de considérer les autres.


"Tu ne peux pas faire encore plus de bruit?" grogna une voix dans mon dos.







Finiii!

Je vous jure j'ai galéré à faire ce chapitre, au début ça partait en vrille, vraiment.

Ça se termine donc sur l'entrée en scène d'un mystérieux personnage, j'espère qu'il vous plaira- :3

Comme y'a deux-trois trucs qui me plaisent pas il connaîtra peut-être des modifs, valà.



~PARADOXES DE LA MORT~Où les histoires vivent. Découvrez maintenant