~Chap.IV~

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             Je fermai les yeux lorsque l'encyclopédie vint frapper le sol de tout son poids, brisant le silence religieux qui absorbait la pièce jusqu'alors. Je me baissai pour le ramasser lorsque je sentis un mouvement à quelques mètres de moi.

"Tu ne peux pas faire encore plus de bruit?"

Je regardai la personne qui s'adressait à moi de cette façon en cherchant un point où me fixer sur son visage, je le trouvais dans ses yeux. Tellement noirs que l'on n'y discernait pas la pupille; on aurait dit deux billes d'encre.
Mes yeux remontèrent par curiosité sur ses cheveux châtain clair aux reflets dorés, légèrement bouclés -en particulier ceux qui descendaient sur sa nuque-. Il pinçait entre ses doigts les quelques mèches qui retombaient sur son front. Sa pose était plutôt étrange; la paume de sa main pressant son front lui soutenait la tête. Son autre bras tentait de trouver un espace libre où se poser, car des livres étaient étalés un peu partout sur la table.
Je revins à son visage dont le regard était désormais posé sur les bouquins ouverts devant lui. Il le releva d'un coup, braquant ses yeux dans les miens, et je pus apercevoir de légères cernes de fatigue en dessous de ses yeux.

Jusque-là je n'avais pas compris d'où il venait, puis grâce à ce détail je me souvins du garçon qui dormait quand j'étais arrivée; je l'avais totalement oublié. Encore une négligence, foutue moi.

Le sens de sa phrase était clair maintenant, je décidai d'y répondre de façon simple, un peu irritée par la situation qui me mettait mal à l'aise.

"Désolée. Mais personne ne dort dans une bibliothèque, va à l'infirmerie, au dortoir ou je ne sais où, ça t'évitera d'être dérangé la prochaine fois." dis-je calmement tout en me retournant et en remettant le livre à sa place.

Rien ne pouvait me le prouver, mais je sentis une légère tension envahir la pièce, et elle semblait provenir de lui.

"Je ne dormais pas, je réfléchissais." me lança-t-il, puis il reprit: " Le silence et le respect vont de pair dans une bibliothèque, c'est ce qui fait de cet endroit un lieu reposant pour penser, applique-les s'il-te-plaît."

Je me retourne en l'interrogeant du regard.

"Respect?"

"Oui, respect." répondit-il franchement.

Je me sentis légèrement indignée, frustrée.

"Quand est-ce que je ne t'en ai pas montré?"

Je commençais à sentir mon pouls s'accélérer, de stress ou de honte parce que je ne comprenais pas. La température de mon corps me semblait plus basse que tout à l'heure.

"À partir du moment où tu es rentrée dans cette pièce." répondit-il comme s'il s'agissait d'une évidence.


Un silence divin se répandit dans la petite salle, nous nous regardions en silence. Lui ne bougeait pas d'un pouce. Les yeux toujours plantés dans mon regard, semblant analyser les émotions que celui-ci pouvait transmettre.

Il tourna la tête d'un coup, plaça sa main sur sa bouche. J'y vis s'installer un petit sourire discret qu'il ravisa de suite.


"Laisse tomber, t'as pas l'air de comprendre."

Je me sentis devenir rouge de honte. Ce gars me prenait pour une imbécile alors qu'il tenait lui-même des propos insensés, ça m'énervait au plus haut point. Je restai face à lui, et au bout de quelques secondes je pris ma respiration et lui demandai:

~PARADOXES DE LA MORT~Où les histoires vivent. Découvrez maintenant