GÈNE ANIMAL | Réécriture

CHAPITRE 4

   Du sang coule le long des crocs d'un animal, comme s'il venait d'attraper et de dévorer une cible. Des poils sont collés contre ses dents aiguisées, les babines retroussées, donnant un air de prédateur à l'animal. Ma vue se trouble, et s'amplifie. Je vois à présent un homme. Blake. Instinctivement je recule. Ses vêtements sont tachés de sang, son visage est fendu en un sourire carnassier. Tel une bête féroce. Ses habits sont en haillons comme si un tigre lui avait arraché ses vêtements, dévoilant de longues et fraîches entailles sur ses pectoraux et abdominaux bien dessinés. Dessus, un filet de sang coule encore.

   Soudain, l'image se brouille, trésaille. Blake se fond en un autre personnage. Je reconnais Nash, traits pour traits, du peu que je le connait. Sa peau est autant meurtrie que celle de Blake. Mon regard se dirige vers son sourire, le même. Le même que Blake, comme si l'on avait greffé son expression sur celle de Nash. Sa bouche se contorsionne pour exprimer une parole.

«Nous...» commence-t-il.

L'image change encore une fois pour retourner sur celle de Blake.

« Sommes... »  continue ce dernier.

Encore une fois, Blake échange avec Nash.

«Les mêmes.»  chuchote celui-ci.

Il se lance vers moi, puis, tout se passe vite, je ne saisis pas vraiment ce que je vois. Tout est flou, rapide.

Je me réveille en sursaut, me redressant aussitôt sur mon lit. Je prends une grande inspiration par la bouche, comme si j'avais été privée d'oxygène pendant une longue période. Mon esprit n'est qu'un amas confus de pensées qui fusent dans tous les sens. Le temps d'une seconde je ne sais même plus où je suis. Des sueurs froides dégoulinent le long de mes tempes, de mon dos, collant le tissu de mon t-shirt à ma peau. Calme-toi. La montée d'adrénaline provoquée par le cauchemar redescend petit à petit, le rythme de ma respiration s'apaise et je parviens à retrouver mes esprits.

Je me lève de mon lit et décide de me rendre discrètement dans la salle de bain pour m'asperger le visage d'eau froide. Le contact du liquide glacé contre ma peau me fait avoir la chair de poule instantanément. Après avoir essuyé mon visage, je le regarde dans la glace ac accrochée au-dessus du lavabo. Je soupire en constatant mes cernes et me retourne me glisser sous ma couette.

«Nous sommes les mêmes.» Je ne parviens pas à m'endormir. Allongée sur le dos, les yeux grands ouverts fixant l'obscurité, leurs voix résonnent et les images défilentdans ma tête. Que signifiait ce rêve? Nash et Blake ne sont pas les mêmes, j'en suis sûre. Et comment peux-tu en être aussi sûre? Il est vrai que je ne connais aucunement Nash, mais je peux assurer qu'il n'a pas le même caractère que Blake. Sa manière de faire, de me parler, n'a rien qui ressemble à Blake. Alors quoi?

Et si, tout simplement, ils se connaissaient? Maintenant que j'y pense, cela me paraît évident. Je n'irait pas jusqu'à un lien ou autre chose de beaucoup trop fantaisiste mais juste le fait qu'ils se connaissent.

Ayant trouvé provisoirement une réponse à mes questions, je songe au loup. Avant de trouver le sommeil, son regard gris perçant apparaît furtivement dans mes pensées. Comme s'il me surveillait.

🌿

— Merci pour ta venue samedi soir.

Je me retourne, surprise, faisant face à Blake, le regard noir, le ton froid et les bras croisés sur le torse. Nous sommes dans un couloir désert du lycée, tandis que je me dirigeais vers ma salle de cours, en retard.

— Tu vois finalement, je ne m'étais pas trompée. Tu es toujours resté le même salaud. Je pensais pouvoir à nouveau, petit à petit, te refaire confiance et te pardonner, n'est-ce pas ce que tu désirais? Certes, je me suis emportée, mais c'est toi qui m'a proposé de venir. Je ne suis plus une petite chose fragile, du moins j'essaye de devenir plus forte mais aussi de le montrer aux autres. Tu as le droit d'être toi-même, mais dans ce cas là, éloigne toi de moi. chuchoté-je, plantant mes yeux dans les siens et ne voulant pas attirer l'attention.