PROLOGUE

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La jeune fille courait à vive allure à travers la forêt sombre. Elle entendait les cris furieux de ses poursuivants derrière elle. Les arbres austères et aux couleurs sombres lui griffaient sa peau de leurs branches crochues. Sa vision était floue, brouillée par les larmes et l'affolement. Le monde était fou, tanguait, tremblait. D'un revers de manche, elle essuya ses joues humides et continua à courir malgré ses poumons qui n'arrivaient plus à suivre le rythme qu'elle leur imposait. Elle avait envie de s'arrêter et de respirer un bon coup, mais les lumières produites par les torches des paysans qui la suivaient à la trace la dissuadèrent. Elle était seule contre tous. Courir, courir, courir...Que faire d'autre ?

Bientôt, elle le savait, elle arriverait à un grand précipice, donnant directement sur une mer grisâtre et agitée. Il lui faudrait longer la côte et...elle ne savait pas où aller ensuite. Elle déboucha rapidement sur la falaise, la jeune fille manqua de tomber dans le précipice ourlé de rochers déchiquetés. Elle se rattrapa rapidement, jeta un bref coup d'œil en arrière et repartit le plus vite qu'elle pu. Elle suivit ses pensées et courut jusqu'à une corniche. Le passage jusqu'à cet endroit était très étroit, la falaise et la forêt laissaient un petit passage pour évoluer le long du précipice. Elle faiblissait et ses poursuivants se rapprochaient dangereusement d'elle en brandissant leurs armes et leurs torches. Ils criaient :

« A mort la sorcière ! », ces paroles résonnaient dans ses oreilles.

La jeune fille continuait de courir, et elle se rapprochait de plus en plus du précipice. Mais elle ne s'arrêta pas. Une pulsion encore inconnue l'incita à sauter au-dessus de la mer, elle-même ne se rendait pas compte de ce qu'elle faisait. Ses pieds se détachèrent du sol et elle sembla s'envoler. Elle sourit, contemplant la mort qui l'attendait.

Mais elle ne tombait pas.

Elle regarda ses bras, de ceux ci, des plumes jaillirent, longues et d'un bleu aussi foncé que celui des profondeurs les plus sombres de l'océan. Ses yeux s'écarquillèrent de surprise. Ce fut bientôt des ailes qui lui avaient poussées des bras. Une nouvelle sensation s'empara d'elle, qui la poussa à battre de ses nouvelles ailes. Son cœur battait la chamade et elle ne comprenait rien.

Était-elle déjà morte ?

Ses poursuivants s'étaient arrêtés et la fixaient bouche bée. Elle regarda ses pieds, ils avaient disparus pour donner une séparation, comme deux jambes tendues, telle une hirondelle géante. Son visage était toujours là, bien que quelques petites plumes lui avaient poussé dessus. Elle venait de découvrir sa vraie nature.

Elle s'envolait un peu plus haut à chaque nouveau battement, volant à la verticale, le buste bien face à la forêt et aux paysans. Elle monta encore quelques instants dans cette position, tel un aigle prenant son élan pour chasser sa proie, et l'instant d'après, elle planait au-dessus la forêt.

C'était une Anima.

GÈNE ANIMAL | RéécritureOù les histoires vivent. Découvrez maintenant