CHAPITRE 7

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Je recule, hébétée. Qu'est-ce que...? Que se passe-t-il? Je titube en arrière, totalement déconcertée. Je ne crierais pas.

Un. Deux. Trois. Quatre. Cinq. Six. Sept. Huit. Neuf. Dix.

Après dix secondes d'attente, ai-je une raison d'hurler, d'appeler à l'aide comme l'aurais fait quelqu'un de stupide? Suis-je stupide? Non. Alors je ne crierais pas.  

Un loup se tient devant toi.

Mon sang-froid l'emporte, mais malgré tout, mon corps est en alerte. Le loup ne bouge pas d'un pouce, il me fixe intensément. Le vent me griffe le visage de ses doigts glacés et fouette mon corps de son souffle démentiel. Ce ne peut pas être un loup, je le savais depuis le début. Mais...C'est impossible! Je n'ai jamais cru à de telles choses. Je me retourne, bien que paralysée par la peur. Je coure le plus vite que je peux, poussée par le vent. 

Je n'allais tout de même pas rester là à attendre que le temps passe! Si cet animal semble ne pas vouloir m'agresser, pourquoi devrais-je rester là-bas, à attendre quoi? Qu'un Gentleman vienne à ma rescousse? Je n'ai besoin de personne, de toutes façons. Je peux me débrouiller seule avec ce carnivore. Si il avait voulu me dévorer, il l'aurait fait depuis bien longtemps!

Je saute de rochers en racines, suivant le mince chemin un peu glissant. A plusieurs reprises, je manque de m'étaler de tout mon long. J'entends des bruissements à mes côtés, dans la forêt, je tourne la tête, et vois le loup. Il trotte dans les enchevêtrements d'arbres, il me suis, c'est sûr. Il faut que je coure plus vite, je force mes jambes engourdies par le froid à suivre la cadence que je leur impose. L'animal, lui, semble n'avoir aucune difficultés à garder le rythme. Tiens, elle me serait bien utile cette endurance, maintenant! Je déguerpis à travers les bois, j'ai passé la cascade. Mes poumons n'en peuvent plus. Ma gorge semble nouée et j'ai de plus en plus de mal à continuer à sprinter comme cela. Je sens la présence de mon poursuivant, il n'est jamais bien loin. Plusieurs fois, l'envie de m'arrêter pour souffler me prend, mais je combats cette envie irrésistible. J'ai l'impression d'être seule au monde. Qu'est-ce que je donnerais pour être dans ma maison, au chaud! Je jette un regard en arrière, pensant voir un loup. Mais il n'y a personne. A croire que j'ai tout inventé. Je fais une pause,  ma respiration est affolée. Je m'appuie à un arbre, essoufflée. Je lance des regards dans tous les sens, soucieuse que l'animal revienne.

Mon coeur commence à retrouver son rythme normal, je déglutis et me mets en route. La tempête s'est légèrement calmée, mais pas assez pour que je puisse avancer sans peine.

J'arrive devant ma maison totalement frigorifiée et angoissée par les évènements. J'ouvre doucement la porte, en me demandant si mes parents m'attendent derrière, le bras croisés et le regard menacant qu'ils emploient lorsque je fait une bêtise. Je prends une grande inspiration et me glisse à l'intérieur. Je me précipite dans ma chambre en faisant attention ne pas trop faire de bruit.

 « Qu'est-ce que tu fais Lara, avec tous ces manteaux?

- Oh...Euh...Je suis allée faire un saut dehors pour aider Louise à ses devoirs, mais vu que tu dormais, je n'ai pas pu te prévenir...balbutié-je.

- Oh (elle m'inspecte du regard). D'accord, mais évite de sortir quand même. »

+++

Je marche dans un long couloir, faiblement éclairé par une source de lumière inconnue. L'atmosphère est remplie d'odeur noséabondes. Un cri retentit, long et strident. Je tressaille. Je sens une présence dans mon dos, je me retourne, mais ne vois que l'obscurité. Je me concentre sur mon parcours et me force à continuer. Pour quoi? Je ne sais pas. C'est comme si une force invisible me poussait à avancer. Soudain, dans le mur, quelque chose semble s'enclencher. On m'observe, c'est sûr. Je sens des regards qui m'épient de tous parts. C'est alors que je les vois. Des yeux. Des yeux gris qui sortent des parois du couloir. Tous n'ont qu'une cible. Moi. Ils suivent chacuns de mes mouvements.Comme on peut s'en douter, c'est les même yeux, toujours les même. Ceux de Nash et ceux du loup. Cette "évidence" comme l'on pourrait dire n'est rien pour moi. Je crois seulement à ce que je vois. J'avance sous les regards obsédés des yeux. J'arrive à la fin du couloir. C'est Nash qui se tient debout, il semble me crier quelque chose, il hurle, la bouche grande ouverte. Je vis l'action au ralentit. Je commence à courir, comprenant qu'il faut que j'agisse. Mon bras se tend vers l'homme, lui, tente de m'attraper. De ses deux bras, il essaye de m'empoigner, mais alors que je ne suis qu'à deux doigts d'atterrir  dans  ses bras, il disparait, comme une fumée est chassée. Des portes se ferment, et je me retrouve dans le noir complet, c'est à ce moment là que je me réveille.

GÈNE ANIMAL | RéécritureOù les histoires vivent. Découvrez maintenant