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Chapitre 3 : Sur le cuir de la voiture

Chapitre 3 : Sur le cuir de la voiture

-Eh merde!

Je me laisse tomber le long de la porte, l'avis d'expulsion entre les mains. Lise, ma voisine – ou quelqu'un d'autre – m'a probablement vendu.

-Eh bien, tu avais raison, je maugrée en levant les yeux sur Rush qui ne semble pas vraiment surpris, appuyer nonchalamment sur le mur d'en face.

-Je sais, réplique simplement ce dernier en haussant un sourcil.

-Qu'est-ce que l'on fait maintenant?

-Mon excitation est entièrement retombée... m'avoue-t-il.

Je pince les lèvres et gémis faiblement.

-Eh merde! Il n'y a vraiment rien à faire?

-Je ne crois pas.

-Bon, alors retournons à la voiture...

Soupirant, je me relève et traîne des pieds en direction des escaliers que je descend d'une lenteur digne d'un escargot, Rush sur les talons qui n'a pas l'air plus enjoué que moi. Laissant libre cours à ma rage, je claque la porte de l'immeuble derrière moi. Peut-être que je faisais un caprice, mais je m'en veux d'être incapable d'accéder à la seule demande que l'homme qui m'a ouvert les yeux me faisait. J'entre dans la voiture et je serre le guidon entre mes mains, mes jointures en sont blanches.

-Attention à ne pas émietter le volant, me conseille Rush avec humour en passant sa ceinture de sécurité sur son épaule.

-Je fais attention! Je grogne.

-Pourquoi es-tu en colère? Je te l'avais dis que nous ne pourrions pas venir ici, puis tout est de ma faute : C'est moi qui t'ai demandé ça. Tu n'as pas de raison d'être en colère parce que tu ne peux pas répondre à mes caprices d'enfant.

Ses paroles ne me font que davantage enrager. Je tourne un regard froid voir meurtrier dans sa direction. C'est moi qui ai des caprices, bon sang! Pas lui! De quoi se mêle-t-il!?

-Je suis en colère parce que je ne peux pas t'offrir cette si petite chose alors que c'est grâce à toi que je peux me regarder dans un miroir sans me sentir comme de la vermine! m'exclamais-je furieusement. Tu ne comprends donc rien?!

-Hey, doucement... Ce n'est pas si grave...

-Si, ce l'est! je le coupe.

Un silence s'impose durant quelques instants. Puis, il pose négligemment sa main sur ma cuisse, y exerçant une légère pression.

-Quoi? Je grogne.

-Si c'est si important pour toi, faisons-le.

Son caprice devenu le mien. Sa demande devenue mienne. Une fois de plus, c'est lui qui cherche à me faire plaisir, à alléger ma conscience. Il réussit toujours à retourner la situation à son avantage, même lorsque c'est lui qui veut quelque chose au départ! C'est complètement injuste. Je lui en veux pour ça. Je lui en veux de me connaître si bien en si peu de temps. Suis-je si facile à deviner? Suis-je un livre ouvert pour ceux qui m'entourent? Est-ce que tout le monde peut lire aussi facilement en moi ou est-ce seulement lui? Je perd de ma belle assurance. Je pose une question stupide :

-Où? Nous n'avons nulle part où aller!

-Ici.

Sa réponse me cloue sur place. Je regarde l'intérieur de la voiture encore et encore en m'imaginant le corps de Rush étendu en-travers du cuir souple. La vision m'excite. J'ai envie de me frapper pour ne pas y avoir pensé avant alors que la voiture a toujours été là, n'a pas bougé.