Chapitre 5 - Face-à-face

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Pendant que l'agent expliquait au comissaire avec tout son ardeur les circonstances de l'arrestation de Houda, en essayant clairement de défavoriser encore plus sa situation lamentable, la jeune fille, stressée et impuissante, se frottait frénétiquement les doigts.. Depuis qu'elle entra au bureau, elle ne jeta qu'un seul regard furtif au comissaire, sans prendre la peine de le détailler. Ce n'était clairement pas le moment des curiosités inutiles. M. le comissaire Charles Delance, lut-elle sur la pancarte sur le bureau en bois massif.

Des idées noires lui traversaient l'esprit. On allait sûrement abuser de sa faiblesse et l'envoyer pourrir quelques années en taule.. ou peut-être la renvoyer au Maroc, humiliée et abondonnée.. les personnes comme elles ne sont sûrement pas la bienvenue. Elle pourrait leur expliquer les stupéfiantes circonstances qui l'ont amenée en France. Mais qui allait croire une histoire aussi invraisemblable? On se moquerait d'elle sans doute!

Elle était en train de suivre le fil de ses sombres pensées lorsqu'elle entendit M. Delance, qui parlait pour la première fois, dire doucement mais fermement: "Merci Henri. Vous pouvez disposer." Puis, se tournant vers la jeune fille, il prononça sur le même ton: "Asseyez-vous Mademoiselle.."
Houda, qui ne s'attendait guère à un tel comportement, après toutes les humiliations subites avant, leva sa tête et dévisagea discrètement le monsieur devant elle. C'était un cinquantenaire, grand et dodu, aux traits ridés, et aux cheveux sel-et-poivre. Sur son visage, on lisait une grande expérience dans le domaine juridique et une confrontation pendant de longues années, aux différents spécimens des criminels.. Il arborait un air serin, doux et rassurant, avec une lueur de résignation et de rigidité dans son regard.
Un grand soulagement submergea la jeune fille. Heureusement, le comissaire qui s'occuperait d'elle différait totalement de l'idée qu'elle s'était faite de l'homme de justice, grincheux et obscur, au ton méchant et bourru. Elle se laissa aller sur la chaise usée et peu comfortable, plus rassurée quoique plus déconcertée. Elle se mit à gémir et à se lamenter, les larmes aux yeux, comme réveillée brusquement de sa tropeur:

- Oh, Monsieur le comissaire! Je suis innocente, je vous le jure! Comment une jeune fille aussi frêle et solitaire comme moi, pourrait commetre un délit aussi gros, dangereurx et organisé?! Je ne sais point qui est ce criminel sans scurplules qui a profité de ma faiblesse pour me faire "payer les pots cassés"! Je ne suis qu'une pauvre fille qui essaie de gagner honnêtement sa vie sur ces terres, moi qui ne pensais jamais y mettre les pieds! Je sais que les preuves contre moi sont accablantes mais, croyez-moi monsieur, je ne suis que la victime d'une lugubre complot!..

Le comissaire interrompa les lamentations incessantes de Houda, qui dans son emportement, se mit à confondre language courant et familier, et, avec sa voix calme un petit sourire sur les lèvres, il dit:

- Rassurez-vous mademoiselle.. Houda. Saviez-vous combien d'années ai-je passé dans ce domaine? Vingt-cinq ans! et ce quart de siècle m'a été très suffisant pour acquérir une parfaite et solide expérience pour pouvoir discerner, juste d'après la mine, le comportement et l'expression du suspect, son innocence ou sa culpabilité. Et, ajouta-t-il, son sourire s'élargissant encore plus sur son visage, dans votre cas, votre innocence se lit ouvertemebt sur votre visage! Seulement, mademoiselle, dans la justice, les preuves importent beaucoup, et j'en ai besoin, d'au moins une, concrète, solide et capable de démolir celles qui pèsent contre vous, et favoriser votre situation. Donc, jeune fille, veuillez m'exposer sincèrement les faits, et exactement comme ils s'étaient passés. Ne négligez surtout jamais rien, car le moindre détail pourrait s'avérer de la première importance!

Houda était énormèment heureuse et ne cessait de louer Allah dans son for-intérieur. Elle assimilait difficilement la rassurante et radicale tournure que prenait le cours des événements. Ce qu'elle ne savait pas, ou plutôt, ce qui était différait M. Charles des autres personnes qu'elle rencontra avant, c'est qu'il était de ces gens conscients, sages et instruits, qui ne se laissaient point guider par leurs sentiments ou leur côté obscur, mais plutôt par leur conscience et leur rationnel. Il n'était point "empêtré" dans ce racisme que plusieurs ont voué contre les musulmans, les noirs, les femmes.. contre tout ce qui est différent. Il avait une croyance infaillible que les humains sont tous égaux, et que rien ne les différencie, à part le comportement et la mentalité de chacun. Il était de ces chrétiens croyants, qui pratiquaient la religion avec "modération".

Les personnes pareilles à M. Charles Delance étaient nombreuses, car, heureusement, l'humanité contenait encore de bons spécimens, mais, Houda a été tellement confrontée à des sans-coeurs et à des racistes que, quand elle rencontra M. Delance, ce fut comme tomber sur un trésor, une rareté. Elle lui lança un regard plein de reconnaissance et de gratitude. Elle fut sur le point de commencer son récit lorsqu'on frappa à la porte.

C'était cet agent, Henri, qui voulait voir le comissaire pour une affaire urgente qui concernait celle de Mademoiselle Houda Riad, disait-il.

Derrière lui, il y avait quelqu'un..

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