Chapitre 3

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Lassée par le bruit incessant de mon appareil, l'hôtesse me demanda d'arrêter "pour le bien-être des passagers". Qu'est ce qu'ils peuvent être lourds ces humains!  Je posais alors mon bijoux sur le siège d'à côté et pris les prospectus en main. À la vue du premier, une mimique dégoutée se dessina sur mon visage. C'était un magazine de mode datant du début de la décennie. Le deuxième attira étrangement mon regard. Il s'agissait d'un journal sportif ou documentaire sur l'alpinisme. Je posais alors le reste de la pile et me mis à feuilleter les quelques pages. Des conseils pour grimper, des publicités de mousquetons, une interview d'un alpiniste à priori célèbre mais dont je ne connaissais pas le nom. C'est alors qu'inconsciemment je plongeais dans cet univers.

. . .

L'adrénaline monte en flèche. Je me penche. Serre les dents. Mes muscles sont contractés. Mon sang circule comme jamais.  Mes jambes s'élancent sans même s'arrêter. J'ai froid. Mon souffle est froid. Mon corps quant à lui, est chaud. Et d'un coup, le coup de sifflet retentit. Comme paralysé par la peur je m'arrête soudainement. Ai-je réussi? La voix glacé et autoritaire de l'homme se met à transpercer mes tympans. J'écoute. Enfin, je tente d'écouter. Mes dents se serrent encore plus fort, je crains de les perdre. Et la seule chose que j'entends : "Vous n'êtes pas prêt." Non, je n'étais pas prêt à l'entendre. Au vu de mon corps immobile l'homme s'approcha et répéta un peu plus fort. 

"Jeune homme, vous n'êtes pas prêt." 

C'est là que je réalisais. Que je réalisais que jamais je n'avais pu réussir quelque chose. Je ne me sentais pas homme, même pas enfant, non, je me sentais vide. 

Je reçu une tape amicale dans le dos. Mais elle ne réconfortera pas. J'avais besoin d'un coup de poing dans la mâchoire pour revenir à la réalité, car j'étais tout simplement paralysé. 

" Sam, beaucoup de jeunes garçons veulent devenir soldats. Mais peu d'entre eux peuvent réellement, tu en fais parti. Ce n'est pas grave, tu réussiras. Un jour."

Seul mon regard bougea. Je relevais les yeux vers l'homme. 

" Je suis seul." dis-je en chuchotant. J'avais l'impression d'avoir régurgité mes intestins et pourtant je venais simplement de prononcer trois petits mots. 

" Tu es seul oui. Mais tu vas réussir, tu as quelqu'un contre qui te battre.

- Qui ça?

- Contre toi."


REGARD D'UN CŒUROù les histoires vivent. Découvrez maintenant