Chapitre 3 : désespoir.

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Jonathan Joestar était sous l'emprise d'un mal nouveau que lui infligeait Dio. Il ne supportait plus sa présence , ne voyait que ses lèvres abjectes, si douces au toucher, si agréables a déguster... Jojo se sentait coupable de tels pensées ; coupable d'avoir prit plaisir à cet acte déplorable avec la personne qu'il haïssait le plus au monde. Pourquoi Dio nourrissait-il envers lui une ambition si malsaine ? Comment pouvait-il utiliser l'amour pour faire le mal ? Dio l'avait déjà dépouillé de son premier amour et à présent il le remplaçait par le sien. Erina... elle, l'avait vraiment aimé avec tendresse. A présent il comprenait ce que la jeune Laidy avait pu ressentir lorsque Dio déversa son dévolu sur elle. Jonathan se sentit soudainement mal, il alla à la fenêtre pour essayer de se sortir de ses réflexions, mais n'y arrivait pas.

Le Jeune Joestar appuya son front contre la vitre froide ; son souffle y laissait une légère buée à intervalles réguliers. A l'extérieur, le soleil peinait à percer un lourd rideau de nuages menaçants, le vent soufflait en rafales sournoises arrachant les dernières feuilles des arbres. Le jeune garçon se redressa lentement avec une lueur lugubre dans le regard. Lorsqu'il s'aperçut de son reflet, il ne put s'empêcher de le haïr. Il se sentait faible et lâche ; son visage se crispa. Il songea douloureusement à la façon dont la jeune fille l'avait fuit ; même elle ne voulait plus de lui par la faute de Dio. Ce monstre avait souillé leur amour... Il observa sa réflexion dans le verre puis porta une main à sa bouche ; ils avaient tous les deux été sali de la même façon. Jonathan écarquilla les yeux, un vague de détermination soudaine lui explosa dans le coeur. Il ne voulait pas laisser Dio lui arracher Erina sans rien tenter pour l'en empêcher ! Il devait reprendre contacte avec elle... Mais comment ? Il baissa les yeux au sol, non jamais, il n'arriverait à lui faire face, à soutenir son regard...

Soudain, luttant contre les assauts de la bise, Jojo vit un domestique entrer dans le manoir. L'homme portait une sacoche en cuir d'où dépassaient quelques enveloppes scellées. "Une lettre !" S'il lui était impossible de se présenter devant elle, ils pouvaient échanger des correspondances ! Un sentiment de joie indescriptible prit possession de son coeur. Jojo accourut à son bureau, écrit avec passion en enthousiasme et le même jour, le domestique la prit en charge. Le jeune garçon afficha un sourire niet toute la soirée, son bonheur était palpable.

Pourtant, son engouement fut de courte durée. Chaque jour, il espérait une réponse, jamais il ne l'a reçut. Il perdit peu à peu espoir puis au bous d'un mois, avant d'abandonner, il en envoya une deuxième la suppliant de venir le retrouver devant l'arbre gravé de leur amour entre 16 et 17 heure.

Et il l'attendit, tous les jours pendant une semaine dans le froid de ce début d'hiver. Il espérait la voir, implorait le ciel qu'elle vienne à lui, mais jamais elle ne vient. Un jour, au comble du désespoir, le corps engourdit par le froid, il s'adossa péniblement à l'arbre et se remémora tous les instants de bonheur qu'ils avaient partagés. Ses yeux bleu profond s'assombrirent, il laissa le froid le dévorer et plongea dans un état second. Le vent se leva, le gelant jusqu'aux os. Il attendait, sans savoir quoi mais il attendait. Le jeune garçon n'avait plus bougé depuis plusieurs heures et commençait à avoir faim. Il se faisait tard, son père devait s'inquiéter. Mais plus rien n'avait d'importance, Jonathan Joestar n'avait plus la force de lutter. Doucement, il commençait à entendre un son lointain qui se rapprochait, il essaya de tourner la tête pour voir à qui appartenait ces bruits de pas rapides mais il ne parvenait plus à bouger, il n'avait même plus froid. Plus la personne approchait de lui, plus le rythme de ses pas augmentait, il entendait même sa respiration saccadée.

-"J..Jojo ?!"

La personne se stoppa devant lui et essayait de reprendre son souffle ; il ne voyait que ses pieds mais savait qui était venu à lui.

-" Dio, laisses moi seul..."

-"Sir.Joestar te cherche depuis des heures, il a envoyé tous les domestiques à ta recherche. Ne sois pas égoïste, lèves toi !"

-"Alors pourquoi es-tu devant moi alors que père a envoyé les domestiques ?"

-"Pff, ne poses pas de questions stupides et viens !"

Dio l'empoigna par le bras pour le lever mais il le repoussa. Jonathan ne s'était pas rendu compte que la nuit était tombée depuis plusieurs heures. Il savait, qu'encore une fois, il avait déçu son père. Il se prit la tête entre les mains. Dio le fixa un moment puis s'assit contre lui sans rien dire. Après quelques minutes, le jeune blond remarqua la couleur inquiétantes des doigts de Jonathan, ils étaient rouges, presque violets. Il retira immédiatement ses gants et les mit à "son frère" qui ne résista pas. Il ne fit que le regarder avec perplexité ; Dio n'avait jamais été bienveillant avec lui au par avant. Ils restèrent un moment sans dire un mot, petit à petit, Jonathan commença à se réchauffer mais il sentait Dio trembler de froid contre lui en silence. Le jeune Joestar tourna la tête en sa direction puis, lorsque Dio le fixa également, Jonathan laissa échapper un sanglot nerveux.

-"Hey, Joj..."

Jonathan le prit dans ses bras et continua à pleurer. Il sentit Dio frémir de surprise dans son étreinte, il s'attendait à ce qu'il le frappe puis le laisse seul, mais il n'en fit rien. Jojo posa sa tête contre la nuque de Dio et le serra contre lui, il n'éprouvait aucune gêne, il cherchait juste a combler ce grand vide dans son coeur. Ils restèrent une demi heure dans cette position, peut-être plus. Lorsque les sanglots de Jonathan prirent finalement fin, Dio posa une main sur sa tête et lui caressa les cheveux.

-" Jojo, viens rentrons."

Jonathan acquiesça, puis redressa la tête; ses yeux étaient rougis et encore engorgés de larmes quand il posa son regard sur Dio. Ce dernier plaça avec hésitation une main contre la joue de Jojo et approcha son visage du sien. Jonathan ferma les yeux avec anticipation mais Dio se ravisa et se releva. Il ne comprenait pas pourquoi, mais il se sentait frustré que Dio ne l'ait pas embrassé. Le blond tendit une main à Jonathan et l'aida à se relever ; il ne sentait plus ses jambes, tous ses muscles étaient engourdis par le froid.

-"Tu peux marcher ? Je ne te porterais pas mais si tu te sens trop faible, j'irais chercher de l'aide."

-"Non... restes avec moi, ça va aller. Laisses moi juste un peu de temps."

Le jeune garçon regarda ses pieds. Il sentit Dio se rapprocher de lui et frémit. Dio écarta les bras et enroula son écharpe autour du cou de Jonathan. Lorsque ce dernier leva les yeux dans sa direction, il sentit un sentiment incontrôlable prendre possession de lui. Ses bras bougèrent tous seuls, attirant Dio à lui ; il posa un court baiser sur ses lèvres. Lorsque Jonathan prit conscience de son geste, il rougit puis commença à avancer la tête baissée en direction de leur maison. Au fond de lui, il en voulait plus. Dio passa sa langue autour de ses lèvres et le suivit jusqu'au manoir.

Mr.Joestar réprimanda lourdement Jonathan mais il était plus inquiet que fâché. Les domestiques prirent soins de lui et le mirent au lit.

*

Plus tard dans la soirée, Dio Brando lisait tranquillement dans un fauteuil devant la cheminée. Il avait une lueur malfaisante dans le regard. Il savait que Jonathan avait perdu tout espoir en Erina et que même s'ils se croisaient par hasard, ils ne pourraient plus se regarder en face. Dio sortit avec satisfaction deux enveloppes froissées de sa poche et les lança dans le feu. "A Dieu, Erina Pendolton".

Etoile du soir.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant