Chapitre 4 : peurs

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Dio Bando déambulait fièrement dans les vastes couloirs richement décorés de la demeure des Joestar, passa sous les lustres de cristal, observa avec suffisance les vieux portraits de famille ainsi que des toiles toutes plus belles les unes que les autres accrochées aux murs, regarda à travers les grandes fenêtres donnant sur une vaste cour et songea : "Un jour, tout cela m'appartiendra". Les domestiques s'inclinaient sur son passage, le gratifiant de compliments. "Quelle bande de chiens." Lorsque le jeune garçon arriva à la hauteur de la chambre de son frère adoptif, la porte s'ouvrit et une servante en sortit. Il guetta à la dérobée par le cadre de la porte, Jonathan était allongé dans son lit ; son torse se levait rapidement, de la sueur perlait sur son front, son teint était terriblement pale. "J'hériterais peut-être plus vite que je ne le pensais." Il ricana intérieurement puis continua sa route afin de rejoindre son hôte pour le petit-déjeuné.

M.Joestar lisait sérieusement, comme à son habitude, les nouvelles du jour et ne semblait pas plus préoccupé que ça par la santé de son fils . Dio leva la tête, la chaise vide en face de lui le frustrait. Le jeune garçon tapotait machinalement des doigts sur la table en bois précieux, l'absence de Jonathan le dérangeait . Il appréciait son allure matinal ridicule, ses cheveux hérissés sur le crâne, ses yeux mi-clos de fatigue, sa tête tombant doucement dans son porridge et les sermons de son père. C'était devenu une routine. Dio engloutit rapidement quelques oeufs dures ainsi que de fines tranches de bacon croustillant et se hâta de quitter la table.

En chemin, Dio croisa l'homme à la sacoche. Celui là même qu'il avait manipulé en lui faisant croire que la fille du docteur Pendolton avait séduis le jeune Joestar dans le bute de lui soutirer de l'argent, afin que les lettres écrites par Jonathan lui soit remises. Il le crut.

Dio continua sa route, marchant sans bute dans le manoir des idées morbides plein la tête. Il se remémora l'expression de bonheur que Jonathan avait affiché durant quelques jours, ses yeux illuminés d'espoir. Erina lui avait donné espoir, il ne pouvait le tolérer. Il songea à cette même lueur qui, petit à petit, s'était estompée sous les assauts de l'incertitude et du temps. Une étincelle perverse passa à travers le regard du jeune fourbe. Lorsque Jonathan avait tenté de lui envoyer une seconde lettre, cela avait rendu Dio fou de rage. Il serra le poing, même à présent il sentait l'envie de le frapper. Mais, voir Jonathan rentrer tous les soirs le visage décomposé par la déception et le désespoir l'avait empli de satisfaction. Il n'aurait jamais cru qu'un jour Jojo ne rentres pas. A ce souvenir, Dio s'arrêta net. Il réfléchit quelques instants et leva la tête, il s'était inconsciemment diriger devant la chambre de Jonathan.

Le blond posa lentement une paume contre le bois, puis après un temps, il toqua a la porte. Pas de réponse. Agacé, Dio entra furtivement dans la pièce où le jeune Joestar dormait dans un sommeil agité. Son état misérable le satisfit l'espace d'un instant. Mais plus il se rapprochait de son frère, plus il sentait un malaise monter en lui, des sentiments enfouis resurgirent. Sans aucune mauvaise attention, il déposa une main sur le front brûlant de Jonathan. Le rythme respiratoire de ce dernier diminua, redevenant normale. Dio le regarda avec mépris et posa instinctivement une main contre le torse du malade, comme pour s'assurer qu'il respirait toujours, que la maladie ne l'ait pas ravit. A son contacte, Jonathan ouvrit péniblement les yeux, la fièvre brouillait sa vision.

-"Qu..qui est là ?" Sa voie était faible et tremblante.

-"Quelqu'un dont la présence ne te procure nul joie. Je te laisse, dors."

Jonathan se frotta les yeux et toussa brutalement.

-"Tu peux rester...si tu veux."

Dio le fixa longuement avant de répondre, il maintenait une certaine distance entre eux.

Etoile du soir.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant