- David, murmura la voix fébrile de ma mère. C'est... vraiment toi ?
- Bonjour Eleonore, murmura à son tour l'homme qui se tenait devant nous, débordant de nervosité. Bonjour Keylinda.
- Impossible, soufflai-je en me crispant. Tu ne peux pas être là. Tu es parti.
David Leilani. David Leilani se tenait devant moi, se pinçant les lèvres dans un geste qui m'était bien trop familier pour ne pas me faire défaillir. Je l'avais trop souvent vu agir de la sorte. Ce tic qu'il n'avait de cesse de répéter lorsqu'il se trouvait dans une situation qui le rendait nerveux. J'avais le cœur au bord des lèvres. Pas de bonheur. Pas de contentement de le voir se tenir ainsi face à nous. De colère. Je bouillais. Luttant contre les émotions pour ne pas céder à la rage qui voulait m'envahir. Mon père. Celui-là même qui nous avait abandonnées.
La main de ma mère serra la mienne trop brusquement. Les larmes lui échappaient alors que ses émotions se faisaient plus chaotiques que les miennes, partant en tout sens. Elle avait tant souffert de son absence. Je n'avais pas voulu la voir mais je savais qu'elle avait toujours été présente, encombrant sa poitrine et l'empêchant d'avancer. J'avais voulu ignorer sa souffrance pour pouvoir oublier la mienne. Je serrai les dents tandis que désormais je ne pouvais plus ignorer, tout éclatait trop fortement dans ses pensées. Amour. Colère. Soulagement. Bonheur. Haine. Incompréhension. Chaque émotions bataillaient pour s'imposer mais dès que l'une semblait sur le point de remporter la victoire, une autre venait la frapper de plein fouet pour la détrôner. Ajouté à cela ? Un besoin de réponse. Un besoin de comprendre pourquoi il était parti. Pourquoi il revenait maintenant. Et où avait-il été durant toutes ces années.
- Que fais-tu ici ? Lâchai-je, soucieuse de protéger ma mère. Pourquoi es-tu venu aujourd'hui ?
- J-je ne sais pas vraiment, avoua-t-il, penaud.
- Tu ne sais pas ? Répétai-je en serrant les dents avant de me détendre lorsque ma mère tira sur ma main pour m'intimer un peu de calme.
- Où étais-tu passé...? Lança-t-elle, fébrile, sans le quitter des yeux comme si elle craignait qu'il disparaisse soudainement. Pourquoi es-tu parti, David ? Qu'est-ce que j'avais fait ?
- Rien, soupira-t-il en détournant les yeux, visiblement aux prises avec des sentiments douloureux. Rien du tout, Eleonore. Tu étais la femme la plus merveilleuse au monde. Tu n'es pas responsable de mon départ.
- Qui l'est alors ? Rétorquai-je froidement en m'avançant d'un pas.
Ses yeux se posèrent sur moi. Tu ne devines pas ? Mes traits plissés par la colère se détendirent. Je devins livide. Cette question. Ce n'était pas moi qui l'avait posé à mon esprit. Ce n'était pas ma pensée. Ce n'était même pas ma voix qui l'avait fait résonner dans mes pensées. C'était la sienne. Il l'avait fait résonner dans ses propres pensées. En sachant parfaitement que j'étais apte à les lires. Mon estomac semblait s'être retourné. Mon cœur ne battait plus. Le temps s'était stoppé autour de moi alors que je ne savais même plus comment respirer.
Mes yeux, lentement, se mirent à chercher un tatouage, une marque qui aurait toujours été là mais que je ne remarquais que pour la première fois. Que je ne pourrais voir que maintenant. Mais je ne trouvai pas cette fameuse marque qui ferait de lui un marqué. Pourtant j'en restai persuadée. Mon monde semblait sur le point de s'écrouler.
- Keylinda ! Recule-toi !
L'aboiement proféré par Kenan ne me fit pas immédiatement redescendre sur terre. Le vide qui voulait se créer en moi continuait de s'intensifier. Ce ne fut que lorsque sa main me poussa en arrière que je finis par réagir. Je tanguai légèrement au choc, avant de me stabiliser et de contempler le large dos du démon. Ses immenses ailes noir, invisible aux yeux de ma mère, se déployaient menaçantes alors que Tamara et Epona se plaçaient déjà autour de nous. Toutes deux prêtes à bondir à la moindre menace.
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Water Lily
FantasySon doigt effleura ma peau. Froid et chaud à la fois. M'électrisant au simple contact. Il traça la courbe légère de ma nuque, dessinant du bout des doigts les marques blanches qui parcouraient désormais tout mon corps. Mes yeux n'arrivaient pas à se...