Prologue

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Je suis Grace.

Le soleil se lève derrière la baie vitrée de ma chambre qui donne à mon jardin verdoyant bien que ce soit l'hiver, et oui en Écosse la pluie n'est pas qu'un cliché.

Le matin quand je me lève vers les cinq heures je regarde le soleil se lever et je me dis à moi même: Je suis Grace.

Cette phrase est impressionnante et je n'ai pas changé d'avis depuis toute petite, mon esprit est enfermé dans un corps et la fusion des deux s'appelle Grace. C'est comme ça que je me vois depuis toute petite et je trouve ça impressionnant, non pas ma personne qui l'est mais la fusion des deux.

Mon réveil sonne enfin, il est six heures et je dois commencer à me préparer.
Je saute de mon lit (ce n'est pas une expression mon lit dit "bas" est en fait haut car j'aime avoir les pieds dans le vide quand je m'assieds au bord de celui ci), j'ouvre mon armoire normande et y trouve mes habits en bordel complet. Les jeans embrassent mes t-shirts et mes chaussettes tandis que mes dessous sont roulés en boule et semblent se cacher pour ne pas assister au spectacle érotique de mes bas et hauts.

Je saisis au hasard un jean troué, une chemise rouge à carreaux un peu froissée, des dessous dépareillés et je descends les escaliers en trombe et m'assieds sur une chaise dans la cuisine manquant de la faire tomber.

Ma mère me tourne le dos, elle me
fait des oeufs au plat, elle sait que j'adore ça et pourtant elle préfère manger sucré le matin et l'odeur des oeufs la dégoute et elle continue de m'en faire quand même, pour moi.

C'est ça pour moi la définition de l'amour, le fait de donner à une personne quelque chose qui nous fait du mal, l'oeuf au plat ma mère et moi en sommes la métaphore.

Ma mère et ses cheveux courts laissant apparaître sa nuque d'impératrice, son maintient naturel mais majestueux à la fois. Ressembler à ma mère devrait être un art et peu de personnes savent manier l'art, à part mon père qui le fait si bien.

Elle dépose les oeufs dans mon assiette avec volupté et grâce. Et voilà quand une seule phrase la métaphore revient avec les simples mots "Elle", "oeufs" et "grâce".
Mes parents ont appelés Grace la fusion qui en serait l'antithèse, ça c'est mes parents...J'adore mon prénom, et ce n'est pas sarcastique je l'aime vraiment.

Ma mère me fait une réflexion comme quoi je suis très belle aujourd'hui je lui fait un baiser sur sa joue et lui dit que je l'aime.
Je saisis mon sac et attends le bus scolaire, le garçon brun d'hier, d'avant hier et de toujours est donc évidement là lui aussi avec son skate attendant devant le trottoir d'en face.
Dans quelques minutes le bus passera, s'arrêtera, je monterai et une petite fille asiatique fera de même, le chauffeur lui dira "Bonjour Inès" et le garçon de toujours s'accrochera au coffre et se laissera porter jusqu'au huit ème arrêt, celui de la maroquinerie, à croire qu'il ne va jamais à l'école.

J'ai 18 ans demain et ma vie est un éternel recommencement.

J'assiste à mes cours normalement comme toujours, je ne participe pas, mes notes sont bonnes et je fais sens inverse, vers ma maison.

Je m'arrête au huit ème arrêt, celui du garçon de toujours et j'entre dans la maroquinerie pour la première fois. Un vieil homme se tient derrière le comptoir mais aucun signe de vie du garçon de toujours.

Je lance des regards inquiets vers les étagères à la recherche d'une excuse de ma venue ici, car le vieil homme va me le demander et je vais bégayer.

-Puis je vous aider ma demoiselle?

-Heu...Chaque matin je vois rentrer un jeune homme dans vôtre magasin et je me demandais pourquoi venait il tout les matins?

-Ah...Le jeune homme, tu es amoureuse?

-Non bien sûr que non, c'est une question que je me pose tout les jours sans trouver la réponse et j'avais envie de briser ma routine...

-Tu as raison de briser ta routine, peu de gens l'ont fait et regarde où ils en sont!

Il me montre une dame derrière la vitrine, elle est fatigué, courbé, la vie semble peser sur elle.

-Elle a toujours habité ici et n'a jamais voyagé, son mari est mort et maintenant elle est trop vieille pour le faire. Elle se retrouve avec un héritage dont elle ne sait quoi faire...

-J'aimerai partir...

-Tu as un mari malade? Me demande t-il en rigolant.

-Non.

-Alors pars!

Et il me fait un signe de la main qu'il tend en direction de l'horizon.

Je sors du magasin et cours vers ma maison.

"Je pars."Où les histoires vivent. Découvrez maintenant