Chapitre 1 : Une mère avant tout

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Juin 1970

Elle m'embrassa sur le front. Son odeur, sa douceur, je l'échangerais pour rien au monde.

- " Allez la mia principessa réveille toi ! "

Je me lève pour me préparer, après ma toilette, j'enfile une robe et des ballerines. Je suis fin prête, elle m'attend à l'entrée de la maison. Elle me fixe du regard en me voyant arrivée dans la pièce, elle m'esquisse un petit sourire, je passe mon bras autour du sien. Nous partons donc au marché pour le repas tant attendu de ce soir.

Je viens de mettre ma lasagne faite maison au four. Maman sort sa plus belle vaisselle pour recevoir mon grand frère Émilio, sa fiancée Eléonora et les parents de celle-ci. Maman est si belle, elle porte une robe bleue jusqu'au mollet. Ma mère est blonde, les cheveux mi-long. Elle a des yeux bleu azur magnifique.
Elle est ma joie de vivre, celle qui a fait de moi celle que je suis aujourd'hui.
Quant à moi, j'ai 20 ans, je suis métisse les cheveux châtains et les yeux marron. Je ne suis pas sortie de ses entrailles, mais de son si grand cœur.

- " Graziella " hurle Francesca.

- " Si Mamma " répondis-je

- " Ma fille appelle ton père ! Il est encore dehors à jouer à la pétanque avec les voisins ! "

Je me dirige vers la fenêtre de la cuisine et appelle mon père Edoardo. Il n'est pas très ravi que je l'interrompe, mais mon frère ne va pas tarder et maman ne voudrait pas qu'on fasse attendre les invités. La relation entre mon père et moi a été difficile surtout pour lui. Car ma couleur de peau dérangeait, il n'était pas d'accord d'adopter et encore moins une petite mulâtre récupérée sur un bateau. Les années ont passé et aujourd'hui, je suis son deuxième enfant a par entière. En effet, j'ai été adopté. J'ai des origines congolaises selon Mamma et sûrement européenne. Car je ne connais pas les origines de mon père biologique. L'Italie est mon pays de cœur, le pays qui m'a adopté. Il y a eu des périodes où j'avais envie de fuir tous ses regards. Mais pour aller où ? Je ne connaissais que L'Italie, cette mer méditerranéenne, ses Vespas longeant les rues étroites ou encore cette odeur de pizza sortie tout droit du four. Tous ses détails qui ont fait de moi "Graziella" la jeune femme que je suis aujourd'hui.

Ce fut cette femme Francesca qui m'a élevé avec amour, sans cette peur d'être jugé en me promenant dans une poussette. Je me revois jouer dans les rues avec Émilio qui fessait 2 têtes de plus que moi. Il me regardait avec amour, il m'a toujours regardé ainsi, avec tendresse et toute l'innocence d'un enfant. Il m'a d'ailleurs beaucoup protégé et défendu et aujourd'hui, il va se marier.
Je suis fière et heureuse pour lui.
La porte s'ouvre mon frère et la famille de sa future épouse nous salue joyeusement.

- Ciao la mia famiglia ! Ajoute Émilio.

Tout le monde souris et se serre dans les bras à l'italienne je dirais. L'ambiance à table est familiale et très enjouée. Filipe le père d'Eléonora fait bonne figure, mais je vois très bien qu'il est mal à l'aise en ma présence. Je décide de débarrasser la table et d'apporter le dessert.

- J'ai appris que le fils de Giacomo Puccinelli est de retour. " Annonça Filipe

- Oui, je suis au courant, il aurait dû rester dans cette cage. Répondit mon frère.

- Émilio s'il te plaît ! Hurla Papa

Papa regarda le père d'Eléonora, le fixa droit dans les yeux et ajouta.

- " Pas de ça ici ! Filipe merci ! "

L'ambiance fut tendue sur le moment présent, mais cette bonne ambiance repris de plus belle. Il est vrai, que toute conversations tournant autour de la mafia irrite mon père. C'est comme s'il avait peur des représailles en évoquant la mafia. En rangeant la vaisselle avec ma future belle-sœur après le dîner. Eléonora reprit la courte conversation sur les Puccinelli. C'est une famille respectée et une famille avec un grand nom. Tout le monde les connaît en Sicile, et ils ne sont pas du genre discret. Elle s'excusa de la maladresse de son père et nous reprîmes nos occupations.

GraziellaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant