Chapitre 8: Bienvenue

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Le lendemain,

L'odeur enivrante des boulettes de viande à la sauce arrabiata me fit irrésistiblement sortir de mes pensées. Je ne faisais que ça, pensée et encore pensée. Comment allions-nous l'annoncer à mon frère ? Je pensais à cette invitation, qui selon moi n'était pas justifiée. J'étais amenée à côtoyer des mafieux toute une soirée avec ma belle-sœur. Ce n'était pas un endroit pour nous, nous ne venions pas de ce milieu, comment allions nous l'annoncer à mon frère.

- Grazie ! Grazie ! S'écria Maman.

La voix de maman me fait écho comme si elle était loin de moi. Mais les questions, le pourquoi, le comment ne cessaient de défiler dans ma tête. Je me demandai si Émilio accepterait de nous accompagner lors de cette réception. Je sentis au même moment une main me toucher délicatement l'épaule.

- Graziella ! Ça va ma chérie ? Tu as l'air ailleurs ! Quelque chose te préoccupe ma chérie ?

- Oh non mama pardonne moi, j'étais juste dans mes pensées.

- Parfait ! Je te pose les assiettes ici, afin que tu termines de mettre la table s'il te plaît.

Elle quitta la pièce en se dirigeant vers la cuisine.
Je termina de mettre la table, et je monta aussitôt à l'étage. Je pris mon petit sac en osier posé délicatement près de mon bureau en bois. Je me précipita dans les escaliers, embrassant ma mère sur le front, m'excusant de ne pas pouvoir manger à la maison ce soir. Elle n'a même pas eu le temps de me poser des questions que j'étais déjà devant le pallier. Je m'empara de mon vélo afin de me rendre chez mon frère et ma belle-sœur. Je n'étais pas du tout tranquille, il fallait que j'aille voir Eléonora !
Le soleil commençait à se coucher délicatement, lorsque j'arrivai devant l'immeuble d'Eléonora et d'Émilio. Je rentra mon vélo dans le hall de l'immeuble, j'arrangea ma robe à fleurs évasée. Je récupéra mon sac dans mon panier, et je me dirigea vers les escaliers. Arrivant devant la porte de l'appartement, celle-ci était entrouverte, quelqu'un s'apprêtait à sortir. J'entendis mon frère parler à ma belle-sœur.

- Oh Grazie !! Qu'est-ce que tu fais là ! Dit-il surpris

Il me sera fort dans ses bras, il était encore vêtu de sa tenue de travail, il portait sa combinaison bleue usée par le temps et la peinture sèche. Ses chaussures de manutentionnaire se faisaient lourdement entendre lorsqu'il marchait sur le parquet, sa cigarette non allumée suspendu à ses lèvres. Il me regarda, et la retira délicatement d'entre ses lèvres.

- Wow ! Tu ne fais qu'embellir petite sœur ! Dit-il

Je rougis et le resserra dans mes bras. Il me prévenu qu'il allait acheter quelques petites bricoles pour refaire le parquet de l'appartement. Il m'invita à rentrer retrouver Eléonora. Je poussa la porte et la referma aussitôt derrière moi.
Elle est près de la gazinière a coupé sauvagement ses feuilles de basilic qui parfumaient agréablement l'appartement. L'Italie est un pays rempli de différentes saveurs, la nourriture est si excellente.

- Oh Grazie ! J'avais cru t'entendre ! Oh la la Graziella, je suis stressé au plus haut point ! Me dit-elle prise de panique

Je l'embrassa et m'assis délicatement en essayant tant bien que mal de rester calme. Elle n'arrêtait pas de s'agiter de part et d'autre, un coup elle coupait le basilic, un coup elle sortait la vaisselle.

- Eleonora ! Ecoute respire ! Assieds-toi tranquillement ! On va pouvoir se mettre d'accord sur la manière dont nous allons le lui dire. Lui dis-je le plus calmement possible.

Elle s'arrêta un instant, passa ses mains sur son tablier, me serra un jus d'orange pressé toute tremblante et s'assit à table. Les minutes paraissaient si longues, nous essayons de trouver une manière correcte d'annoncer notre « bêtise » sans être une bêtise, car on se sentait coupables d'avoir accepté une simple invitation. On essayait de minimiser la chose, mais le contexte était plutôt loin d'être anodin. Après les sueurs froides, il était temps de le lui dire. Emilio était déjà rentré depuis 5 min, il faisait des aller-retour entre l'appartement et le hall de l'étage. Il rapporta sa peinture, ses outils et j'en passe, pour ses travaux d'intérieur. Eléonore appella son époux afin de venir à table pour manger. Nous sommes maintenant autour de la table à savourer l'excellente nourriture de ma belle-sœur. Nous conversons de tout et de rien, essayant d'oublier le moment fatidique. On rigola et on partagea ensemble en famille. C'est des moments que j'échangerais pour rien au monde. Eléonora sort l'enveloppe contenant l'invitation de sa poche de tablier et la pose à côté de l'assiette de mon frère.

- Elle a ajouté : regarde chéri ce que Grazie a reçu !

Il regarda l'enveloppe posé délicatement par Eléonora, avala son bout de pain. Il la saisit regarde ma belle-sœur d'un coin de l'œil. J'avais les mains moites, Eléonora le regardait attentivement retirer l'invitation de l'enveloppe déchirée. Il commença à la lire attentivement, son visage se resserrait peu à peu, le silence se faisait long durant sa lecture. Le contenu de la lettre n'était pourtant pas si long, arrivé à la fin de sa lecture. Il dit à haute voix « La famille Puccinelli », il me regarda fixement en agitant la lettre à la main.

- Quand as-tu reçu ça ?!! Grazie ! Quand ? Répétait-il

Mon cœur battait à la chamade lorsqu'il me posa la question. Nous prenions le temps de lui expliquer les faits ainsi que ma rencontre avec Giulia Puccinelli. Sa mâchoire se serra, il en était à sa 3e cigarette depuis qu'il avait ouvert l'enveloppe contenant l'invitation.

Il se leva de sa chaise et se mît à faire les cents pas dans la cuisine. Eléonora et moi le regardions en attendant qu'il reprenne ses esprits et se posa calmement. Il s'arrêta un instant, il me regardait en me demandant.

- Mais qu'est-ce qu'ils te veulent, Graziella ?

- Peut-être veulent-ils tout simplement la remercier pour son aide envers cette femme Giulia ? Rétorquant Eléonora.

- Je ne le sens pas Nora ! Je ne le sens pas ! Répondit mon frère en écrasant sa cigarette au bord de la fenêtre de la cuisine.

J'ai vu de l'inquiétude dans les yeux de mon grand-frère. Comme si il avait pu présager ce qui allait se passer à l'avenir. Je me suis aussitôt levée pour poser délicatement  mon visage sur son épaule, tout en le fixant du regard. Il me regarda attendrit et m'embrassa sur le front.

- On y restera peu de temps ! Nous ferons acte de présence en honorant leur invitation et nous nous casserons de chez ses mafieux ! È chiaro (c'est claire) ! Dit mon frère

Après l'aval de mon frère, la pièce devenue silencieuse. Nous étions tous les trois entrain de se demander comment cette soirée allait se dérouler.

GraziellaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant