Chapitre 6

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M A Ë L Y S S

Je m'affalai sur ma table. J'avais super mal à la tête. Le cours d'histoire m'avait complètement retourné. Et je ne pus m'empêcher de penser à Sam et son code barre. C'est l'arrivée de Léa qui me tira de mes rêveries.

- Hello!!! s'écria-t-elle enjouée.

Je relevai ma tête et lui répondis avec un sourire.

- Mon père a accepté pour la fête!!

- Ah... C'est génial...

- Tu n'as pas l'air si heureuse que ça, répliqua mon amie inquiète.

- Tu sais bien que mon père n'aime pas l'idée que j'aille faire la fête.

- Demande lui quand même, c'est bientôt les vacances...

- Je vais essayer, soupirai-je.

En réalité, je détestais ce genre de chose. Inconsciemment, je souhaitais que mon père refuse que je sorte m'amuser.

- Sinon, pour le registre!

- Ah oui, en fait c'est plutôt simple. Le registre sert à compter le nombre de morts chez les échecs. À nos yeux, ils n'ont pas de nom, juste des numéros.

- C'est horrible.

- Tu trouves? Ça me paraît normal pourtant.

- Et si jamais une personne ne peut pas se faire enregistrer pour une quelconque raison, et qu'il réapparaît le lendemain, qu'est-ce qui se passerait pour elle?

- En toute logique, cette personne vivra en temps que mort.

- Et ça ne te fait pas de la peine?

- Pas vraiment non. Ce sont des échecs ma belle. Je ne vois pas pourquoi je porterai un certain intérêt pour eux!

- Oui je vois, soupirai-je.

- Je ne comprends pas ton cousin. Ramener à manger pour ces gens d'aucune utilité, c'est une perte de temps, tu ne penses pas?

- C'est surtout une preuve d'humanité Léa. J'ai l'impression que les échecs sont des objets quand tu parles d'eux! Il se serre du code barre alors?

- Sûrement. Tu n'as qu'à lui demander.

L'ambiance qu'avait cette discussion était lourde, presque insupportable. Il fallait changer de sujet et vite!!

- Je meurs de faim! déclarai- je.

Ce qui était totalement faux car j'avais perdu l'appétit.

- Je ne vais pas manger avec toi par contre. J'ai promis aux filles de ma classe de manger avec elles. Et puisqu'on est nombreuses, je ne sais pas s'il y aura une place pour toi.

- Ah... ce n'est pas grave.

Je me levai en titubant. Mon mal crânien s'accentuait. Je sentis alors du liquide sous mon nez. J'éloignai ma main avant d'apercevoir du sang. Je dévalai les escaliers à ma droite avant d'entrer à l'infirmerie. L'infirmier me dévisageait, ne s'attendant pas à une telle entrée. Il avait à peine la trentaine. Ses yeux noirs ne m'avaient pas quittée depuis que j'étais dans son cabinet.

- Tu ne sais pas lire? "Toquer avant d'entrer"! Je pensais que le message était clair.

- Désolée monsieur...

Il me tendit alors un comprimé et un verre d'eau.

- Tu travailles trop Maëlyss. Ton cerveau va finir par exploser si tu ne trouves pas une activité qui pourrait te reposer.

- Je sais mais mon père ne le voit pas de cette façon.

- Je vois. Il veut à tout prix voir sa fille en haut du podium!

Je souris face à sa réflexion. Il n'avait pas tort. Mon père voulait que je sois et reste la meilleure. Et je ne voulais pas le décevoir. Je remerciai l'infirmier et m'en allai. Mon saignement de nez s'étant évidemment arrêté, je me dirigeai vers la cantine. J'aperçus Léa entourée de plusieurs filles. Elles riaient, parlaient, s'amusaient. Elle semblait vraiment heureuse avec elles. Je souris tristement avant de prendre mon plateau. Je ne savais vraiment pas où m'asseoir.

- Maëlyss, assieds toi avec nous, s'écria Amélie Scalpers.

Elle était entourée de plusieurs filles de notre classe et de quelques garçons. Je reconnus parmi eux Alex et Will, son meilleur ami. Je m'installai à leur table en tentant d'être la plus discrète possible.

- À ce que je vois, ta copine t'as abandonnée.

Je me mordis la lèvre inférieure, essayant d'ignorer le pic que Will venait de m'envoyer. J'entendis quelques rires discrets mais je continuai de manger en ne laissant pas transparaître ma peine.

- C'est vrai que vous étiez toujours ensembles, poursuivit Amélie avec un ton moqueur.

- Elle s'est trouvée de nouvelles amies, continua Sonia, une brune aux yeux bleus, parmi les amies d'Amélie.

Je me sentais mal à l'aise. Ma jambe droite tremblait, ainsi que mes mains. Je laissai mes couverts sur le plateau et joignis mes mains en dessous de la table afin de les calmer. Cela ne passa pas inaperçu aux yeux d'Alex qui demanda à ce qu'on change de sujet. Je le remerciai du regard et il me répondit par un magnifique sourire.

- J'ai entendu qu'il y avait une fête chez Léa! déclara Will.

- Tu vas y aller? demanda Sonia avec un certain intérêt.

- Sûrement et toi?

- Si vous y allez, oui.

- Je pense que Maëlyss n'ira pas, n'est-ce pas? balança Amélie amusée.

Je me levai immédiatement.

- Je ne peux pas y aller.

Je pris mon plateau et juste avant de le poser sur le tapis roulant, celui-ci glissa de mes mains. Je me maudissai intérieurement. Devant tant de monde en plus, je venais de me ridiculiser!! Que faire?? Sous les regards insistants de ceux qui étaient présents, je ne pus m'empêcher de m'écrouler au sol.

《 La voilà ta solution! Un malaise, youhou! 》fit ma conscience d'une voix sarcastique.

Léa se précipita d'aller vers moi. Elle semblait inquiète.

- Ma chérie, tu es toute pâle!!

Je ne pus m'empêcher de sourire. J'étais rassurée désormais. Elle avait volé à mon secours. Elle ne m'avait pas abandonnée. Même si elle s'était faite d'autres amies, elle ne m'avait pas remplacée.

Les échecsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant