Se faire oublier

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DENER 10 250

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10 h 30

Face à mon miroir, je regardais mes traits creux, mes cheveux blonds ternes et mes yeux fatigués. La souplesse de ma peau diminuait au fil des jours. Une fois de plus je mourrais. Mes cellules s'autodétruisaient, comme si j'étais une bombe à retardement.

Je ne pouvais m'empêcher de penser à ce jour, cet unique moment où ma vie avait basculé. J'entendais encore les cris de l'homme que j'appelais père, quand il vit l'enfant sans vie sur le sol.

Le mot terrifié était faible quand il m'avait regardé droit dans les yeux pour me demander ce qui venait de se passer. Quand il vit ma métamorphose devant ses yeux, quand mes cheveux devenaient bruns, que mes yeux se teignirent en bleu et que mon corps entier devenait autre, il comprit immédiatement ce qui venait d'avoir lieu.

Je n'avais que cinq ans à cette époque, et de voir cette première amie dépérir devant mon regard d'enfant avais été traumatisant.

Un mal de tête horrible me frappait, je me rappelais de ma vie après cet accident. Je n'étais plus qu'un cobaye, un animal, caché aux yeux du monde. Les piqûres, les tests, les opérations pour comprendre qui j'étais et qu'est-ce que j'allais devenir.

Celui que j'avais appelé père, était devenu mon bourreau, utilisant mon affection pour mieux me contrôler.

Une rage sourde éclatait en moi, une souffrance dans mon cœur dans ma peau resurgissait. Je tapais violemment dans le miroir sale et noirci, le brisant en morceaux. Le sang coulait de mon poing, dégoulinant par la même occasion sur le sol.

Fuir avait été la meilleure solution, je n'avais pas eu le choix. Même si mon cœur s'était brisé quand mon père avait prononcé ses mots déchirants.

« Tu ne peux pas partir, personne ne t'acceptera, tu es un mon.... »

Je tombais a genoux sur le sol, ne pouvant me résoudre à me rappeler une fois de plus ce moment terrible.

Des larmes coulaient sur mes joues et tombaient sur le sol pour se mélanger avec le sang et la poussière. Je sortais de la salle de bain. Je déambulais dans le complexe miteux et insalubre que j'avais loué pour la nuit. Allongée sur mon lit je regardais le plafond taché, la lampe grésiller rapidement.

Je basculais sur le côté, cherchant dans mon sac le liquide magique qui me permettait d'oublier les images de mon enfance.

Un petit tube contenant un liquide rose visqueux me paraissait être la seule alternative à ma tristesse.

. Je l'ouvrais et je déversais une petite quantité dans ma bouche. De plus j'humidifiai mes doigts avec le produit pour ensuite les mettre dans mes yeux. En balançant le tube vide dans la pièce, je me détendais sur mon lit. Mes muscles se délièrent, mon corps se perdit dans un trou de bien-être. Je me mis à sourire bêtement comme si plus rien ne comptait à cet instant.

Mon sang coulait sur le drap jauni, ma peau ne cicatrisait plus.

Des fracas à l'extérieur de ma chambre résonnaient. Je ne réagissais pas, pensant que cela provenait soit d'un vieux furieux soit de mon délire.

Je regardais ma porte trembler, des mots, des phrases incompréhensibles me parvenaient aux oreilles. Je ne réagissais pas, complètement immobile.

Soudainement, ma porte se brisa, laissant entrer plusieurs hommes en uniforme. Je les reconnu, cette marque sur leurs manches était aussi gravée sur ma peau. Comme pour me forcer à me rappeler d'où je venais. Les lumières de leurs oméga flambant neuf me visèrent.

Un jeune homme portant un uniforme plus imposant rentra dans la pièce, je ne pus m'empêcher de relever la tête quand je reconnus ce visage.

« Tom !» Dis-je surprise en me relevant soudainement.

Celui-ci sans émotion, me tira une décharge violente dans le bras, me clouant au sol.






Sans visageOù les histoires vivent. Découvrez maintenant