Le vieux fou était étrange mais je savais qu'au niveau compétence médical il tenait la route. Donc s'il ne voulait pas se risquer à m'enlever cette puce, c'est qu'il était sûr que ma vie s'arrêterait sur cette table d'opération. Oko affichait maintenant une triste expression.
« Je vais trouver un autre moyen...Je vais trouver un autre moyen... me répétais-je en boucle pour me convaincre.
Je me levais pour faire le tour de la pièce, perdu dans mes pensées, réfléchissant à une alternative.
- Enfin MERDE ! Pourquoi ! M'énervais-je d'un seul coup en frappant sur la table.
- Cette question ne se pose pas vraiment jeune fille. S'exclama le docteur amusé par cette situation plus que coquasse.
- Calme-toi Amélia... Nous allons trouver...
- Il faut voir la réalité en face, je suis condamnée à être poursuivie sans cesse par ADNER. Ils n'abandonneront jamais. Ils me veulent coûte que coûte. Je n'ai plus qu'à me rendre et attendre que mon corps et mon cœur se dégradent à petit feu ! Hurlais-je les yeux remplis de larmes.
- Il ne faut pas abandonner, après tous ce que tu as traversé ! Je suis là avec toi, nous allons réfléchir, rien n'est impossible. Mais te rendre, cela est ridicule ! Je ne te laisserais pas faire ! S'exclama mon amie en m'attrapant le bras.
- Je m'excuse c'est la colère qui parle plus que ma raison... »
Je la regardais un instant, ses yeux pétillant et son sourire me redonnaient de l'espoir en quelques secondes. Heureusement qu'elle était là pour moi, sans elle je ne serais rien qu'une folle déambulant sans avenir dans rues.
« Merci de nous avoir aidé ! Je compte sur votre discrétion.
- Comme je compte sur la vôtre, c'est toujours un plaisir mes demoiselles. S'exclama l'homme maigrelet en essuyant les verres sales de ses lunettes. »
Nous nous précipitions à l'extérieur. Une douleur et une tristesse s'emparaient de moi. Immobile je laissais couler les gouttes de pluie et mes larmes sur mes joues chaudes. Oko attrapait ma tête entre ses mains douces pour la placer contre son torse. Au contact de son corps, je sentais le mien perdre pied, mon courage et ma fougue laissaient place à l'apitoiement et à des gémissements de peur. Je pleurais, je pleurais tellement que mon corps lui-même ne pouvait me stopper. Cela faisait tellement longtemps que je n'avais laissé mes émotions prendre le dessus. Je retrouvais à cet instant la pauvre petite fille qui avait été enfermé pendant des années, oubliant un instant la rebelle qui cherchait la liberté.
Après cet instant pur et vrai, nous marchions dans les rues éclairées par les néons rouges crépitants. Oko me tirait par la main, comme une enfant qui refusait de suivre.
Nous étions pour l'instant en sécurité derrière ses murs, mais pour combien de temps. Un jour ou l'autre ADNER franchirait la limite pour venir me chercher. Et je n'étais pour l'instant pas prête à abandonner.
Je me stoppais soudainement, apercevant un jeune homme aux cheveux violets. Adossé au mur, il attendait ses clients d'un soir. Me voyant regarder l'individu, mon ami me tirait le bras pour me faire continuer la marche.
« Je ne crois pas que ce soit une bonne idée.... Il faut que tu arrêtes tout cela...
- Ce soir, j'en ai vraiment besoin... Juste ce soir... La suppliais-je.
Elle me lâcha délicatement en me regardant douloureusement. J'en profitais pour quitter le trottoir et rejoindre celui d'en face. Je m'approchais du jeune homme rapidement. Il avait les yeux noirs et portait un pull très long qui lui arrivait jusqu'au genou.
« Salut...
- Bonsoir, ma douce, tu as besoin de quelque chose ?
- Un tube, s'il te plaît.
- Juste un ? Ton ami n'en veut pas. Plaisanta-t-il en montrant Oko d'un signe de tête.
- Non, elle n'en veut pas. Dis-je sèchement en sortant des tickets de rationnement de ma poche.
- J'aime bien ta tête, je ne te prendrais que deux tickets, s'exclama-t-il en me faisant un clin d'œil.
- Merci. Répondis-je en attrapant le tube rempli d'une substance rose.
- Attends ! » S'exclama-t-il en attrapant mon bras.
Je le regardais intrigué par son appel.
« Je te donne le catalogue. Nous vendons pleins d'objet de contrebande, je suis même à vendre si ça t'intéresse, blagua-t-il. »
J'attrapais la puce et rejoignais mon amie sans répondre.
Après quelques minutes de marche sous la pluie battante, nous arrivions dans le studio d'Oko. Je m'empressais de m'asseoir sur le pouf d'eau vert fluorescent. Je m'écrasais dessus, regardant mon amie remettre en place quelque objet. J'aimais vraiment son appart dont les murs étaient recouverts de dessin, de peintures et d'affiche en tous genres. Oko aimait les objets qui sortait de l'ordinaire et qui lui rappelait ce que c'est d'être libre de créer. Bien sûr chaque élément dans cette pièce n'était pas conforme au règlement du système. Mais dans le quartier, on trouvait de tout et surtout des objets interdits.
Voyant mon amie aller ensuite dans la salle de bain, je profitais de cet instant de solitude pour ouvrir mon tube brillant. Après quelque secondes d'hésitations, je laissais couler le doux liquide à fond de ma gorge. Attendant que la drogue agisse, j'entrais la puce dans mon Oper. Le petit objet projetait maintenant un hologramme. Du bout du doigt, je faisais défiler les articles les uns après les autres. Mon cerveau lui commençait à se détendre ainsi que les différents muscles de mon corps. C'était comme si des parties de mon inconscient s'ouvraient doucement pour me permettre de flotter dans une vague de légèretés et de bien-être.
Je continuais à faire défiler des offres de plus en plus délirante, jusqu'à en trouver une qui me fit décoller de mon fauteuil. IL s'agissait d'un pass. Mais pas n'importe quel pass, une entrée gratuite pour entrer dans le QG d'ADNER. En cet instant me venait une idée folle, complètement folle. Celle de retrouver à la source du problème pour désactiver la dernière chose qui m'emprisonnait.
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Sans visage
Ficção CientíficaJe suis ta mère. Je suis ton père. Je suis ton frère. Je suis ton amant. Je suis l'homme dans la rue. Je suis la vielle femme sur le banc. Je suis l'inconnue qui te frôle. Je suis l'homme qui t'agresse. Je suis un meurtrier. J...