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Victoire,

Ce matin, l'univers tout entier était contre moi. J'ai cru que jamais je n'arriverai à l'heure. J'ai tout d'abord eu un mal fou à me lever, le stress m'a envahi cette nuit au sujet de mon entrevue de ce matin et m'a empêché de fermer l'œil avant 3h. Puis une fois sous la douche, bam, panne de chauffe-eau et c'est toute recouverte de gel douche que j'ai dû me rincer à l'eau glaciale, en me félicitant d'avoir eu la bonne idée de me laver les cheveux hier (j'ai au moins limité le risque de pneumonie). J'avais préparé mes vêtements, une petite robe noire toute sobre, agrémentée d'un long sautoir coloré pour pimenter un peu mon aspect, et re bam, c'est ce moment là que choisi Moustache, mon fidèle compagnon poilu, pour me renverser mon bol dessus en voulant laper le lait à l'intérieur.

Au voleur !

J'ai dû en vitesse me trouver une tenue de rechange, faire l'impasse sur mon petit déjeuner, et attraper un taxi dans la mesure où j'étais bien trop en retard pour prendre le métro...

***

9 heures et quarante cinq minutes,

Finalement je ne m'en sors pas trop mal. Cet endroit fait toujours le même effet à chaque fois qu'on y pénètre. Je suis maintenant devant la porte du bureau de Mr Vigor, un nœud se forme au creux de mon estomac.

Je souffle... une fois... deux fois... J'inspire, j'expire, calme toi Vic, calme toi !

Je toque trois petits coups et presque aussitôt on me répond.

-" Entrez Mademoiselle ..."

Ils savent immédiatement que c'est moi. Ils m'attendaient. Je pose ma main sur la poignée et ouvre la porte, indécise.

Le bureau à été préparé pour l'entretien avec l'incarcéré. Mr Vigor se tient derrière son bureau, les mains posés sur un énorme dossier, sûrement celui de Mr Harrys. Maître de Balzac, est quand à lui assis sur un des trois fauteuils d'un vieux marron, placé face au bureau.

-" Bonjour Mademoiselle Delagloire, me dit Mr Vigor. Installez vous. Monsieur Harrys ne devrait pas tarder."

Je m'avance, serre la main des deux hommes et au moment de m'asseoir, on frappe de nouveau à la porte.

-" Faites le entrer !"

Sa réponse est tellement sèche qu'un frissons me parcours l'échine... La porte s'ouvre en trombe et l'homme poussé par le gardien tombe à genoux devant moi. Je me précipite instinctivement à son secours. Comment peut on être aussi cruel ? Il s'agit tout de même d'un être humain.

Au moment de relever la tête dans ma direction nos regards se croisent. Un tourbillon de frissons s'empare de moi, me laissant de marbre. Je n'en crois pas mes yeux... C'est impossible ? Ou devrais-je dire, comment est-ce possible ? Je reconnaitrais la lueur, cette lueur au milieu de n'importe quel reflet. Ses yeux vert émeraudes qui ont hantés mes nuits... Lui.

-" Toi..?!" je murmure à moi même, stupéfaite.

Je n'y crois pas mes yeux. Devant moi se tient non pas mon agresseur, mais mon "sauveur", celui qui m'a porté secours cette nuit là, celui qui m'a sauvé la vie à moi ainsi qu'à Anna. Il porte cette combinaison de prison orange, mais je peux discerner quelques uns de ses tatouages sur ses avants bras, ayant remonté les manches de sa tenue.

A travers cette blouse affreuse, je peux discerner, chaque formes, chaque parcelles, de son corps musclé. Son visage est plus dur, plus marqué. Je me rappelle d'un visage fin et doux, mais celui que j'ai en face de moi actuellement à pris quelques rides de souciance, faiblesse montrant ses blessures et un esprit tourmenté. Une barbe de 3 ou 4 jours à poussé, me ramenant à l'esprit que ce n'est plus un jeune homme, mais bien un homme qui se trouve en face de moi... Enfin, en 4 ans, ses cheveux ont poussés, atterrissant au départ de ses épaules, formant des boucles soignés, malgré l'apparence.

Putain, j'ai l'impression d'être dans un mauvais rêve... C'est une blague ? De mauvais goût certes, mais dites moi que c'est une blague ? C'est une idée de Max ça, a tous les coups, il a voulu marquer mon premier jour de stage en me faisant passer une sorte de test, un bizutage ? Si c'est bien ça, il va en prendre pour son grade ! Faites que ce soit ça, mon dieu faites que ce soit ça ! J'essaie de me persuader comme je peux que ça ne peut pas être la réalité, mais je suis intimement convaincue que Max n'y est pour rien ! Bien sûr que non, Max n'y est pour rien bordel ! Pourquoi je le ramène là-dedans, il n'a rien à voir...

Merde.
Et merde.
Re merde.

Son regard dur me transperce, et je comprends alors le merdier dans lequel je suis fourrée où plutôt, le merdier dans lequel nous sommes, car bordel, il est là ! Dans cet enfer, et ça depuis... 4 ans ?

Il n'a pas l'air ravi de me voir ici et putain qu'est-ce que je le comprends ! Ses flashs qui me reviennent, ne sont donc pas mon imagination. Ce sont bien des faits réels, enfouis dans ma mémoire, ils l'on bien arrêté le soir de mon agression, il l'ont bien arrêté LUI et pas ce monstre alcoolo-pédophile.

Pendant des années, je ne voulais pas me l'avouer, mais, ce connard avait bien réussi à ce faire la malle... Et je m'en veux encore plus de ne pas avoir porté plainte !

-" Mr Harrys, je vous présente Mlle Delagloire, qui effectue un stage dans notre établissement pour pouvoir obtenir son diplôme de droit et exercer au barreau de Paris. Elle sera chargé de votre dossier pour les semaines à venir. Je vous conseille de bien vous tenir avec elle, il se peut qu'elle soit votre dernière chance, si jamais, comme vous le clamer, vous êtes "innocent"... Chose à laquelle personnellement je ne crois pas une seconde bien entendu."

Harrys ne m'a pas quitté une seule seconde des yeux, son front est plissé, son air est grave, il à l'air effrayant, dur, rien à voir avec le jeune homme aux airs "cool" qui m'avait sauvé.

Mr Vigor semblant se foutre complètement de cette situation froide et tendu se racle la gorge et balai les présentations d'un coup de main :

-" Hum, bon. Avant de commencer, si nous allions prendre un petit café Maître, afin de laisser notre future avocate faire plus amples connaissance avec son client..."

Les deux hommes s'en vont me laissant seule face à Harrys, et pour seule protection, le gardien attendant bien sagement à l'extérieur. Mais je n'ai rien à craindre, je le sais... Enfin est-ce que j'en suis toujours aussi sûre ?

-" Alors c'est toi ... ? me ramène t-il à la réalité. C'est toi, la putain d'avocate qu'ils m'ont envoyé ? Pffff, putain mais j'y crois pas !

Son rire mesquin et forcé envahi la pièce.

-" Il ne manquait plus que ça, qu'on m'envoie une jeune pucelle... Oh pardon ! se moque t-il, en se redressant et en me surplombant d'une tête de plus. Mais si je me souviens bien.... Pucelle, tu ne l'es plus..." il me regarde les yeux plissés, exprimant un air de dégoût envers ma personne.

Pucelle...

Il à osé employer ce terme là ?

Intérieurement, je ne sais comment réagir, tout mon corps se contracte et se raidit à cette entente, mais extérieurement, mes yeux me trahissent, et des larmes s'extirpent de mes yeux et dévalent mes joues. Que répondre ? En 4 ans, cet homme à pu construire une montagne, que dis-je, un volcan haineux et bouillant contre moi.

Qui sait peut-être s'est-il construit une vengeance pour plus tard et aujourd'hui, il est fin prêt à exploser?

Je viens de me faire mettre plus bas que terre, par UN mot, un seul mot. Le plus ridiculisant de tous... A quoi bon nier ? Tous cela est de ma faute, j'ai fermé ma gueule pendant des années, alors que lui, empattait pour avoir sauvé la vie de deux jeunes filles...

Aujourd'hui, on vient simplement de me remettre les rênes de sa propre vie entre les mains, les pions ont été mis sur la case "prison", à moi de jouer comme il se doit pour essayer de le faire quitter celle-ci et de le faire avancer pour revenir sur la case "nouveau départ"...






Temptation Où les histoires vivent. Découvrez maintenant