Noam,
Quand j'arrive à hauteur de Louis, celui-ci me chope et me tape une accolade, comme je n'en ai pas eu depuis longtemps.
-" Salut mec, content de pouvoir te voir en dehors de ce gnouf !"
Mon premier réflexe, et la culpabilité : Pourquoi je ne présenterais pas Victoire à Louis pour qu'il puisse faire connaissance et que Louis sache et surtout connaisse, cette fille, après tout , qui le saurait ...? Non, ce n'est pas une bonne idée, mais je me retourne tout de même pour la regarder s'éloigner, quand je la vois s'éclipser derrière un buisson.
Mais qu'est-ce qu'elle fait ? Serait-elle en train de m'espionner ?
J'hallucine ! Moi qui commençais tout juste à léguer une peu ma confiance à cette nana, elle me l'a fait à l'envers...
Louis, s'adosse à une barrière, une main dans la poche, l'autre se portant une cigarette au bec. Je l'ai vu le mois dernier, mais le voir à l'extérieur de cette taule pourrie, me fait une tout autre sensation. La situation me rend perplexe, et je décide alors de changer mon plan.
-" Hé mec, je t'avais dit qu'on irait boire un verre en terrasse, mais j'adore l'ambiance que dégage ce square, et puis, ça fait si longtemps que j'ai pas mis un pied ici. Ça te dérange qu'on profite de l'heure qui suive assis sur le banc ?"
-" Pas du tout ! T'en veux une ? me dit-il en s'asseyant sur le banc d'à côté et en me proposant son paquet de clopes. Alors, raconte moi, ça fait quoi d'être..."libre" ?"
Je le rejoins, m'assois à côté de lui, et accepte une de ses cigarettes tout en guettant le buisson ou Victoire se cache.
-" Libre est un bien grand mot... Disons, une journée de "pause", avant de retourner à la dure réalité..."
-" Ouais... il soupire et jette son mégot par terre avant de l'écraser. J'ai les boules... la vie n'est plus la même sans toi ..."
Je le sais. Je le sais, car il me répète cette phrase mot pour mot, à chaque fois que l'on se voit. Louis s'en est toujours voulu. Pourquoi ? Car, ce soir là, je lui avais demandé de venir dehors avec moi, afin de nous rouler un petit joint, histoire de nous détendre, mais il n'avait pas voulu : "Arrête cette merde ça va te rendre la cervelle en bouillie...", m'avait-il dit.
Aujourd'hui, se serait à moi de lui retourner la réflexion, car depuis mon emprisonnement, Louis à sombré dans la drogue et l'alcool par solitude. Lui-même c'est fait lâchement abandonné par notre ancienne bande de potes, et il resté seul à affronter le déroulement de la vie. Mais depuis quelques mois, il m'a fait remarquer qu'il avait repris goût à la vie, grâce à une certaine fille. Je ne saurais pas dire s'il est amoureux, mais en tout cas, béni soit cette femme, qui arrive à lui refaire prendre le droit chemin.
-" Tiens, je t'ai apporté ce que tu m'as demandé..."
Il me tend un sac de sport, où j'y trouve mon attirail : mon ipod et mes écouteurs, trois bouquins, quelques fringues, une paire de bottines en cuire marron, un bandana kaki, et une photo, la meilleure, Louis et moi quand nous étions plus jeunes.
-" Cool merci mec, ça va me faire du bien de retrouver un peu de moi dans cette cellule."
-" Je t'en prie, n'hésite pas, si tu veux plus, toutes tes affaires sont chez moi."
Mon appartement avait du être vidé après les 48h, qui avait annoncé ma détention. Ce jour là, Louis avait réussi à arriver bien avant les liquidateurs, pour récupérer une grande parties de mes biens, qui depuis, il héberge chez lui.
-" Alors, comment s'est passé ta journée ? Tu as pu en profiter pour faire ce que tu voulais ?"
-" Je n'ai pas à me plaindre, l'avocate à fait en sorte que je puisse faire ce que je voulais, d'où ma présence ici. Elle est sympa, elle m'a même fait des tacos au déjeuner !"
Quand je dis « l'avocate », j'ai l'impression de parler d'une étrangére. Louis doit imaginer une petite bonne femme coincée de 50 balais ! Mais voilà, je ne peux pas lui dire que Vic est mon avocate. A part elle est moi, personne ne doit savoir ce qu'il s'est passé entre nous dans le passé. On aurait trop à y perdre tous les deux. Elle, son stage, et moi, la personne la plus déterminée à me faire sortir de ce trou. Je passe donc volontairement sous silence tout indice qui pourrait faire que Louis comprenne, et fasse le lien.
Nerveusement, il rattrape une clope et lorsqu'il l'approche de sa bouche, je remarque son tatouage... le même que le mien.
Il voit que je fixe son poignet et en soulevant ses épaules, répond à ma question silencieuse :
-" On est potes mec, tu te rappelles, à la vie, et à la mort." fit-il en souriant.
-" Arrête de t'en vouloir Louis. Je veux dire, je sais qu'on est pote et ton amitié est sens faille, mais arrête de t'en vouloir de ne pas être sorti avec moi ce soir là ..."
Il détourne les yeux et se mure dans un silence. Il faut que je change de sujet, je ne veux pas lui faire la morale ou me prendre la tête avec lui alors que notre temps est compté.
-" Et sinon, raconte moi, tu m'as parlé d'une fille !"
Je vois alors en Louis, une étincelle dans ses yeux. Rien que d'évoquer "cette fille" le rend tout chose, ce qui me donne encore plus envie d'en connaître davantage sur elle.
-" Je n'ai pas de mot pour la décrire... Elle est juste géniale. Toujours à l'écoute, douce et protectrice, j'ai trouvé en elle, la petite-amie parfaite. Il y a juste ses parents, qui n'arrivent toujours pas à accepter notre relation... Il faut dire que je suis "décalé" par rapport à leur fille."
Cette description éloigne mes pensées vers Victoire. Elle aussi est toujours à l'écoute, douce, très douce même, et protectrice, archi protectrice. Tellement protectrice qu'elle est en train de se planquer derrière le buisson d'en face. Y est-elle toujours ? Cette situation m'extirpe tout de même un sourire.
-" Le plus important, c'est que tu sois bien. J'espère qu'un jour, j'aurais la chance de la rencontrer..." je dis finalement à Louis.
-" J'espère aussi."
Je regarde ma montre et remarque déçu, que l'heure à tourner à une allure impressionnante.
-" Euh... il va falloir que j'y aille. Je dis en passant une main dans mes cheveux, déclenchant finalement une situation de malaise entre nous... Tu... tu pourrais me prêter ton portable pour que je contacte mon avocate ?"
Louis sort son téléphone de sa poche et me le tend.
-" Qu'elle drôle d'idée quand même de pouvoir sortir avec son avocate !" rit-il.
Je souris aussi, c'est vrai, vu sous un autre angle, "sortir avec son avocate", pourrait prendre une toute autre signification. Je déverrouille le portable de Louis et observe son fond d'écran. C'est une photo de sa copine en noir et blanc, de dos, appuyer à une barrière sur le Pont des Arts, et jetant une clef dans La Seine. "Leur clef, pour leur amour". Voir cette image me réchauffe le cœur, à l'idée que Louis ai sceller son amour avec cette fille d'une façon romantique et classique, mais j'éprouve aussi un petit pincement de jalousie, à l'idée de savoir que peut-être je ne connaîtrais jamais cette partie sentimentale de ma vie... Je compose le numéro que ma griffonné Victoire, puis appui sur "Appeler".
Le nom de "BÉBÉ" s'affiche alors sur l'appel en cours, et là, je ne comprends juste plus rien à la situation. C'est quoi c'te blague ?

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Temptation
RomanceQui aurait cru, qu'en étant "missionnée" par mon tuteur de stage , le grand Maître De Balzac, pour affiner ma thèse, en découvrant la vie d'un détenu, et tenter de défendre, si possible, sa cause et atténuer sa peine , je LE reverrais? Qui aurait pu...