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Tout était normal, jusqu'à mes 18ans. On avait déjà déménagé à Washington et je venais d'avoir mon examen d'entrée à l'université après une année très bouleversante, autant pour les membres de ma famille que pour moi.
Pendant ma dernière année de lycée, je me rappelle avoir fait l'objet de nombreuses intimidations et moqueries parce que j'étais l'intello de la classe. En plus, toutes les filles avaient perdu leur virginité deux ou trois ans avant, et désolée mais il faut bien se l'avouer, même les plus moches. Elles avaient donc plus d'expérience que moi dans bien des domaines. A cet âge là, moi, je ne savais même pas ce que ça faisait d'embrasser un garçon. Mais bon... je m'écarte du sujet. Je disais donc que j'avais été menacée et humiliée en raison de toutes ces "différences" et qu'il m'était arrivé plusieurs fois de riposter, et la conversation n'en finissant pas, de continuer avec les poings. Pour moi qui avait toujours été si sage, c'était une grande première mais malheureusement, ce n'était rien comparé à ce qui allait se passer ensuite. Néanmoins je dois avouer que la première fois que j'ai enfoncé mon poing dans le visage de l'une de ces filles superficielles, j'ai trouvé cela très amusant, voire même excitant! C'était un Samedi 15 Janvier. Et si je m'en souviens avec autant de précision, c'est parce que c'était le jour de mon anniversaire et que j'avais décidé de m'offrir un peu de liberté!
Ce jour-là, je m'étais dévergondée au maximum. J'entend par là, que je ne m'étais peigné les cheveux que très légèrement et je n'avais pas attaché tous les boutons de ma chemise. Vous me direz que ce n'est rien mais cela avait suffit à énerver ma mère. Ce fameux samedi que j'avais alors surnommé le samedi noir, je m'étais préparée à ce que quelque chose éclate, seulement je ne savais pas encore quoi. Déjà, je m'étais ainsi "relookée" pour plaire à un garçon sur qui je ne me permettais même pas de loucher, de peur que Sonia n'aie envie de m'étrangler. Mais il était tellement mignon que j'avais fini par céder à la tentation. C'était un beau brun aux yeux noisette et au sourire ravageur. J'aimerais bien vous dire que ses fossettes se creusaient à chaque fois qu'il ouvrait la bouche, ce serait trop parfait, mais il n'en n'avait pas. En revanche, il avait un corps presque parfait, des abdos juste assez visibles et la peau légèrement bronzée, en clair, ma définition du physique de rêve. Ah très cher Nate Williams! Visiblement, il avait remarqué ce petit changement car pour la première fois depuis le début de l'année, il m'avait adressé la parole. Certes ce n'était que pour me demander la direction à prendre pour aller en cours d'anglais, mais pour qu'un garçon comme lui s'intéresse à une fille comme moi, c'est qu'il devait vraiment y avoir quelque chose de nouveau en moi. De plus, ce cour d'anglais sur lequel il se renseignait, je l'y ai avait vu tous les jours depuis le début de l'année; ce n'était donc qu'une excuse qu'il avait trouvée pour me parler. Aujourd'hui quand j'y repense ça me fait rire. Et puis, j'aime à penser que s'il avait besoin de se trouver une excuse pour se rapprocher de moi, c'est qu'au fond, je l'impressionnais autant qu'il ne me faisait d'effet, lui aussi.
Je nageais dans le bonheur quand cette fille, Rebecca Holsen, vînt m'agresser pour une histoire de changement de place. Effectivement, je n'étais pas assise à ma place habituelle mais le fait est qu'elle n'avait pas besoin d'être aussi agressive. Histoires de gamins vous me direz, mais je m'apprêtais à me lever sans dire mot lorsque je vis que Nathan avait les yeux braqués sur moi, attendant de voir si "je m'écrasais ou si je résistais". Je savais que ma réaction serait très déterminante pour la suite des événements. Bien entendu, je fais allusion à une potentielle relation avec Nathan Williams. En une fraction de seconde je réfléchis à tout ceci et en même temps, je me repassais le diaporama de toutes les filles avec qui il était déjà sorti. Aucune d'entre elles ne me ressemblait, je n'étais définitivement pas son genre, mais rien que pour mon anniversaire, je voulais un autre rôle que celui constamment imposé par ma très chère mère. Je voulais également effacer le cliché de la fayote qui se fait sans cesse martyriser, montrer que j'en avais dans le ventre.
Alors, pendant que cette fille me balançait tout un tas d'insultes à la figure, je lui envoyai mon poing en guise de réponse! Je me retournai deux secondes plus tard pour trouver Nathan entrain de se tordre de rire. Personnellement, je ne comprend pas en quoi le malheur d'une personne peut être si amusant mais je me réjouissais d'avoir pu retenir son attention pendant plus de 5min.
Dix minutes plus tard, Rebecca et moi nous retrouvions dans le bureau du proviseur afin qu'il décide de notre sort en attendant que nos parents n'arrivent. Je me doute bien que ses parents n'en n'avaient rien à faire mais je ne pouvais pas en dire dire autant de ma mère. Elle avait déjà commencé à hurler au proviseur que "sa fille, sa Lulu chérie ne pouvait pas agir de cette manière" alors la surprise sur son visage quand elle nous trouva là, debout devant le bureau du proviseur: elle, le visage amoché et moi, la main toute rouge du fait de la violence du coup, elle faillit s'évanouir. Elle me sermonna pendant de longues heures sur la conduite d'une fille exemplaire et me priva de sortie pour l'éternité. Tu parles, les seules fois où je sortais, c'était pour aller à la bibliothèque ou pour faire des courses! Mais au moins, j'avais gagné quelque chose vu que Nathan était passé me voir à la fin des cours pour me demander mon numéro. Je me rappèlerai toujours de ce "j'ai trouvé très sexy ta manière de distribuer des pains à cette pute tout à l'heure" si sensuel qu'il m'a chuchoté à l'oreille ce soir, et le petit sourire qui accompagnait ces mots. Ah toutes les choses stupides que l'on peut faire pour un garçon à cet âge là ! À cet instant précis, je n'étais ni choquée par la vulgarité de ses mots, ni désolée de son immaturité, j'étais sous le charme. Le cliché de la geek qui flash sur un badboy.
Après ce jour-là, j'avais revisité plusieurs fois le bureau du proviseur et pas pour être félicitée de mon parcours exemplaire. Je trouvais ça excitant d'être prise pour une indisciplinée. C'est lors de ma dernière visite que le proviseur su trouver les mots justes pour me passer l'envie de me comporter comme un animal. Il avait menacé de me retirer ma bourse d'études et Dieu seul sait combien j'en avais besoin. Après ça, je décidai de redevenir la marionnette de ma mère, persuadée que c'était la meilleure chose à faire. Bien sûr, étant redevenue moi même, Nathan me trouva monotone et décida de mettre fin à notre relation. Cela m'attrista mais j'étais trop près du but pour me laisser aller à ce jeu dangereux.
        Sûrement que la puberté avait eu raison de moi pendant un court instant et que je reprenais à présent le contrôle de mon corps et de mon esprit.
Quand j'y repense, je me tord de rire. Je ressasse mes dernières années sur les bancs de l'école, assise par terre au beau milieu d'un grand salon, lumineux et magnifiquement bien aménagé que j'ai pu m'acheter avec mes économies. Du haut de mes trente ans, je mène aujourd'hui une vie très différente de celle de ma mère à mon âge, ce qui me rend particulièrement fière. Je saisis mon téléphone et compose le numéro de Nate:

Chute libreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant