Red lips.

~Chapitre 02~ Rain.

[P.O.V Suga]

Encore une fois, il pleuvait. Je ne savais pas pourquoi, mais j'aimais bien. La pluie avait le don de me mettre plus à l'aise, de me rafraîchir. Quand je sortais ou que j'allais au travail, j'aimais laisser libre cours à ces eaux venues du ciel pour venir s'écraser sur mon visage jusqu'à s'emparer totalement de mon corps. Dans ces moments, j'ai l'impression d'être libre. D'un certain point de vue, je le suis déjà. Mais la liberté que je ressens est différente. J'ai l'impression de pouvoir tout accomplir. Le seul défaut dans tout ça, c'est que je doive me changer après. Et c'est exactement ce que je suis en train de faire. La pluie c'est beau, mais ça fou la crève. 

Je venais tout juste de sortir des vestiaires de mon lieu de travail, là où je met au point tous mes travaux. Le soleil commençait à se coucher dehors, provoquant de beaux reflets rose-orangés sur l'ensemble de la ville. Je ne peux pas prendre de photos à cause de mon appareil trempé, ça me frustre. J'étais enfin sorti de l'immeuble et il pleuvait plus que tout à l'heure. Et maintenant ? Je suis censé faire quoi ? Il faut vraiment être con pour ne pas avoir pensé au parapluie, sérieusement. J'ai l'air d'un fragile maintenant.

Du coup, j'attendais. Je m'étais rapidement réfugié sous un abri-bus pas très loin, et pendant que je dépoussiérais ma veste, une autre personne avait à son tour mimée mes actions. J'aurais très bien pu ne pas tourner la tête. J'aurais très bien pu ignorer cette personne et j'aurais très bien pu partir. Simplement, j'avais fait tout le contraire. 

Parce que cette personne avait des cheveux colorés et des lèvres rouges. 

C'était elle. C'était No Mie. C'était la fille qui me rendait fou depuis un bon bout de temps déjà. J'étais complètement paralysé rien qu'à la regarder se recoiffer. Mon cœur ne voulait pas se calmer. Elle avait cette façon de ramener ses cheveux mouillés en arrière, j'aimais ça. Cette façon qu'elle avait de se mordre, de gêne, sa lèvre inférieure maquillée de rouge, quelques gouttes de pluie logeant encore sur celle-ci. J'aimais tout chez elle.

Mon regard ne voulait pas se détacher d'elle. J'avais peut-être l'air d'un imbécile, mais je n'avais conscience de rien. Juste d'elle. Elle qui venait de tourner la tête et qui me regardait maintenant droit dans les yeux. J'avais faillit faire un arrêt cardiaque. Ses yeux qui étaient naturellement beaux étaient remplis d'incompréhension, de surprise et d'étoiles. Je voyais des étoiles partout. Et puis, après un bref moment, ses deux morceaux de chair que je rêvais d'embrasser s'entrouvrirent, laissant échapper un son plus que mélodieux pour mes innocentes oreilles. 

- Yoongi ?

Mes yeux s'écarquillèrent un peu plus. Pause. Mettez sur pause. Pourquoi on ne pouvait pas mettre sur pause ? Je ne savais pas quoi faire, ma respiration s'était accélérée et elle continuait de me regarder. Elle venait de dire mon prénom. Le mien. Mais d'où me connaissait-elle ?

- Yoongi, c'est toi ?

Elle venait de faire un pas vers moi. J'avais envie de pleurer, mais je n'allait pas le faire. Bonjour la crédibilité sinon. J'avais envie de parler. J'avais envie de lui dire qu'effectivement oui, c'était moi, c'était Yoongi. Mais je n'y arrivais pas. Les mots restaient bloqués dans ma gorge, je ne savais pas pourquoi. Elle voyait bien que quelque chose n'allait pas avec moi, ça se voyait dans son regard. Elle était inquiète. Alors elle s'est rapprochée de moi sans que je ne puisse faire quoi que ce soit, et a mit sa main sur ma joue. Là, ce n'était pas un simple effleurement. C'était un touché. Elle m'avait vraiment touchée. Et moi, j'étais rouge.

- Oui, c'est vraiment toi.

Et elle avait souri. Un vrai sourire. Je n'en croyait pas mes yeux. Est-ce que ça voulait dire qu'elle était heureuse de me voir ? Moi qui ne lui avait jamais parlé en 15 ans ? Je ne comprenais pas. Puis soudain, un élan de courage me gagna. Je ne pouvais pas rester comme ça, il fallait que je fasse quelque chose. Alors j'ai pris sa main qui s'était logée sur ma joue, et je l'ai serrée très très fort. Elle semblait surprise, mais je n'ai pas pu m'en empêcher.

Et puis, je ne sais pas ce qu'il c'était vraiment passé à ce moment-là, mais elle avait vite enlevée sa main et s'était très vite éloignée en me répétant qu'elle était désolée, qu'elle ne savait pas ce qu'il lui avait prit. Et elle était partie. Elle s'était éloignée seule, sous la pluie battante de ce mois de Janvier. Moi, je tremblais encore. Je pouvais encore sentir la présence de sa main chaude sur ma joue, ce que je n'aurai jamais cru possible il y a encore quelques minutes. Et j'étais resté là, sous cet abri-bus, seul et amoureux. 

J'étais devenu bien faible.