Elle était assise seule au bar. Elle semblait amusée par les vaines tentatives du serveur pour la séduire. Ses yeux le suivait du regard et elle mettait ses mains devant sa bouche pour cacher son sourire.
C'est dans ce bar que je la vis pour la première fois. Plutôt petite de taille, des cheveux d'un noir assourdissant et une fossette à la joue gauche.
Une très jolie fille à qui je n'aurai pas donné plus de 16 ans.
Son regard s'arrêta sur moi et elle me détailla du regard, avant de reporter son attention sur le serveur qui tentait encore une approche.
– Un café ma jolie ? demanda-t-il.
– Nan. répondit la jeune fille, agacée.
Son visage se décomposa et il baissa les yeux avant d'aller s'occuper de ses autres clients.
Je m'assis sur le siège d'à côté de la jeune fille et la détaillai du regard. Vraiment très jolie. Bien sûr, elle ne valait pas Alexia. Cela faisait quelques jours que je sortais avec elle, et la belle blonde ne m'avait pas encore déçu, bien que je commençais déjà à me lasser de son caractère mielleux.
Après tout, je n'avais que 23 ans, pourquoi vouloir s'attacher si tôt ?
<< – Tu vas m'adresser un mot ou tu vas me regarder comme un larbin toute la soirée ?
Surpris par l'assurance de la jeune fille, je clignai plusieurs fois des yeux avant de répondre :
– Tu préfères que je te drague comme le vieux croûton derrière le comptoir ?
Elle ricana et me jeta un coup d'œil désintéressé avant de me lancer :
– T'es pas si mal.
– C'est un compliment ?
– Nan, c'est une constatation.
Je souris avec satisfaction, tentant de cacher ma surprise. Cette fille n'avait pas l'air d'être une fille normale, elle avait l'air d'avoir du caractère.
– Toi non plus t'es pas si mal. répliquai-je
– Je croyais que tu voulais pas faire comme le "vieux croûton"
– Qui t'as dit que je te draguais ?
– Simple intuition. répondit-elle.
– Je te propose un truc. dis-je en me tournant vers la brune. Je vais commencer à te draguer comme ça tu verras que ce que je faisais avant n'était rien par rapport à ce que je vais faire .
– La belle affaire répondit-elle, sarcastique.
Déçu et vexé, je me tournai à nouveau vers le comptoir.
– Tu renonces déjà ? Quel homme... fit-elle en me regardant, taquine.
– Je te paye un verre ? dis-je en lui décochant mon plus beau sourire.
– Mouais. Tu peux faire mieux. elle sourit devant mon silence. Par exemple : si je te paye pas un verre je risque de t'oublier vu la quantité d'alcool que je vais m'enfiler ce soir. Au moins quand je verrai, demain matin, qu'il me manque plus d'argent qu'il ne devrait, je me poserai des questions. Même l'alcool fait pas oublier l'argent et comme tu ne vas pas être capable de répéter ce que je viens de te dire, je vais passer directement à la phase où je choisis l'alcool le plus cher proposé ici. continua-t-elle tout naturellement.
J'arquai un sourcil et hélai le serveur.
– Le truc le plus cher que vous avez s'il vous plaît.
– Je lui offre ! tenta le serveur.
– Bien essayé mais j'y tiens.
L'homme s'en alla sortir une bouteille en frappant des pieds.
– C'est quoi ton nom ? demanda-t-elle.
– Lennon.
– Guy. fit-elle
– C'est pas un nom de mec ça ?
– Si.
Un silence s'installa, durant lequel nos visages esquissèrent un sourire complice.
– Tu veux pas qu'on y aille ? proposa-t-elle.
– Où ça ?
– Dans mon lit.
Je la regardai d'un air surpris.
– Je déconne. soupira-t-elle. Bah on se casse. On verra où on va après
– Mais ton verre ?
– T'as vraiment envie de payer une blinde ou quoi ? fit-elle exaspérée.
Quelques secondes plus tard, nous étions dehors, sous le regard énervé du serveur qui venait d'arriver avec la boisson de la belle.
– Et maintenant ? dis-je.
– Suis moi.
Nous marchâmes durant des minutes qui me parurent des heures avant d'arriver devant un petit cimetière.
– Tu vas vraiment me faire le cliché de la fille dérangée qui va au cimetière en pleine nuit ? demandai-je, taquin.
Elle ne répondit pas et continua de marcher, avant d'enjamber le portail du cimetière. Je continuai de la suivre avec curiosité, et compris qu'elle n'allait pas s'arrêter au cimetière, mais seulement y passer.
Elle sauta un petit mur, ce qui la fit tomber 5 mètres plus bas, sous une petite corniche de pierre. Hésitant, je sautai le petit mur à mon tour et atterris brusquement sur les genoux.
Lorsque je relevai la tête, je m'aperçus que nous étions dans une petite grotte, que la lune éclairait de ses rayons blanchâtres.
– C'est beau.
N'obtenant pas de réponse, je me retournai vers Guy avant de m'apercevoir qu'elle s'était tout simplement endormie sur un bloc de pierre. Amusé, je m'assis à côté d'elle et la regardai attentivement.
Elle avait l'air serein. Je me demandai qui était vraiment cette fille dont je ne savais que le prénom.
– Pourquoi tu me regardes comme ça ?
Je sursautai violemment, ce qui fit ricaner Guy.
– J'étais en train de me demander quel âge t'avais.
– Quelle importance ? demanda-t-elle en haussant les épaules.
– C'est juste pour savoir...
– Hmm
– Bon ok, alors pose des quest...
– Pourquoi parler quand on peut profiter du silence ? coupa la jeune fille.
Vexé, je tournai la tête vers la mer, me demandant quel était le problème de cette fille.
– Tu veux pas venir ?
– Où ça ? demandai-je, distrait.
– A côté de moi idiot. fit-elle en souriant.
– Pourquoi ?
Son sourire s'effaça aussitôt.
– Laisse tomber. >>
Elle se retourna et s'allongea sur la pierre.
J'attendis d'être sûr de son sommeil, avant de m'approcher d'elle et de m'allonger à ses côtés.
Transi par le froid, je ne parvins pas à m'endormir.
– Putain comment elle peut dormir ici... pensai-je à vois haute.
– C'est simple, je dors pas. répondit-elle en se tournant vers moi.
Nous n'étions plus qu'à quelques centimètres l'un de l'autre et je commençai à me demander la nature de ses intentions, lorsqu'elle se retourna à nouveau.
Je réussis finalement à m'endormir une heure plus tard, harassé par la fatigue.<< So Why Don't We Go Somewhere Only We Know >>
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Cigarettes
Romansa"Elle fumait. Elle fumait beaucoup. Et la cigarette ça vous consume. Mais la cigarette ne la consumait pas, elle. Elle la faisait resplendir, la cigarette. La cigarette, c'était son arme mais la cigarette, elle n'était rien sans elle, et c'était là...