Une douce brise vint caresser mon visage. J'ouvris les yeux, mais les refermai vite, éblouis par l'intensité du soleil.
Je me levai distraitement et me décidai finalement à m'éveiller définitivement. Je repensai à Guy, puis me retournai vers l'endroit où elle était allongée la veille.
La jeune fille était toujours dans la même position, mais son beau regard bleu était fixé sur moi,
Pendant quelques secondes, nous restâmes immobiles, sans esquisser le moindre sourire. Nos yeux semblaient échanger des mots que le plus silencieux des endroits ne permettrait pas d'entendre, semblaient prononcer des phrases si belles qu'elles nous captivaient sans remords.
Guy se leva doucement de son banc de pierre et s'approcha de moi.
Ses yeux m'appelaient toujours à elle, et c'est en mon âme et conscience que je la rejoignis, comblant les centimètres qui nous séparaient. Elle me caressa la joue avec douceur et ferma les yeux, enfouissant sa tête dans mon épaule. Mes mains glissèrent sur sa frêle taille et je fermai les yeux à mon tour, respirant le parfum mentholé de la fragile jeune fille dans mes bras.Mes yeux s'ouvrirent brusquement et je me réveillai seul, sur ce même banc de pierre que la veille. Guy n'était plus la, elle. Et j'eus beau regarder tout autour de moi, aucun signe de sa présence nulle part. Je me pris un instant à penser à mon doux rêve, mais revins bien vite à la réalité lorsque mon téléphone se mit à sonner.
– A... Allô ? dis-je, les pensées rivées sur le beau regard bleu de mon songe.
– Lennon chéri ? C'est Alexia, je m'ennuie un peu la, tu viendrais pas me tenir compagnie ? répondit une voix mielleuse à l'autre bout du fil.
– J'ai du boulot je peux pas. répondis-je d'un ton plus sec que je ne l'aurai voulu.
– T'es sûr que ça va ? T'as pas l'a...
Je ne la laissai pas terminer sa phrase et raccrochai violemment.
Je ne savais pas ce qu'il me prenait, mais je n'avais pas envie de voir qui que ce soit. À part cette jeune fille aux cheveux ébènes dont je ne savais rien.
Je restai une heure, ou peut être deux, à contempler la mer, les yeux perdus vers l'horizon, avant de me ressaisir et de faire le chemin de la veille en sens inverse. Je continuai de marcher jusqu'à mon petit appartement et entrai, avant de m'affaler sur le canapé. Je me saisis de mon téléphone et naviguai dessus le reste de ma journée, tentant de ne penser à rien d'autre. Je ne mangeai rien au déjeuner, pas même un biscuit. Lorsque mon ventre n'en pu plus, il devait être dans les environs de 22h, et je décidai de sortir acheter une pizza.
Je sortis en vitesse de ma bicoque et marchai jusqu'au centre ville, qui se trouvait à quelques minutes de marche de ma position.
– Lennon ? chuchota une voix derrière un buisson.
Je me retournai brusquement, reconnaissant immédiatement la voix rauque qui venait de m'interpeller. Viens avec moi. continua-t-elle.
Je ne répondis pas et changeai ma trajectoire, marchant dans les pas de Guy.
Nous marchâmes longtemps, très longtemps, jusqu'à arriver dans une petite cabane en bois, au milieu d'un champ d'herbes folles.
Je ne posai pas de question et m'engouffrai dans la cabane de bois.
Je m'assis à même le sol, ce que ne tarda pas à faire Guy.
Nous restâmes silencieux quelques instants, sans nous regarder l'un l'autre.
<< – T'en veux une ? me demanda la jeune fille en me tendant un paquet de cigarettes.
– Oui. répondis-je sans hésitation avant de plonger la main dans le paquet d'un c'est distrait.
Je la vis sortir un petit marqueur noir et écrire sur une cigarette.
– Tu fais quoi ? demandai-je en fronçant les sourcils
– Chtt. répondit-elle, concentrée.
Elle écrivit un nom sur sa cigarette, en tout petit et rangea son marqueur, comme si quelqu'un s'apprêtait à le lui voler.
Lorsqu'elle porta la tige blanche dans sa bouche, je pus distinguer l'inscription : "Dolan".
– C'est qui Dolan ?
Son regard s'assombrit.
– Quelqu'un. répondit-elle, agressive.
– Tout doux, c'était juste une question !
– Évite d'en poser des comme ça s'il te plait. dit-elle en se radoucissant.
Un silence s'installa durant lequel je me demandai où était passée notre complicité de la veille.
– Guy... dis-je à mi-voix
– Lennon... je sus qu'un sourire s'esquissait sur son visage à ce moment là, je le vis dans sa voix.
– Qui es-tu ? continuai-je.
– Une fille pas fréquentable. répondit-elle tristement
– J'y crois pas une seconde.
Je n'obtins pas de réponse. Je tournai la tête vers elle et me rendit compte que ses yeux me scrutaient, sûrement depuis un moment.
– Pourquoi t'es partie aussi vite hier ? N'esquive pas la question s'il te plaît.
Elle sourit
– Il y a tellement de choses que tu ne sais pas... A commencer par le fait que jamais tu ne me verras le jour. Mais, je t'attendrai toutes les nuits ici.
– Pourquoi ? répondis-je perplexe
– C'est comme ça Lennon, je ne peux pas t'en dire plus. C'est tout ce que tu as à savoir.
– Bon... >>
Elle me sourit avec compassion et nous restâmes la, à fumer cigarette sur cigarette. Elle, avec le mystérieux nom de Dolan inscrit sur chacune d'elles, et moi, simplement, comme ce que j'étais : simple.
Elle se pencha vers moi et me chuchota, la voix tremblante :
– J'écris pour ne pas oublier.<< Be my friend, hold me, wrap me up, unfold me. >>
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Cigarettes
Roman d'amour"Elle fumait. Elle fumait beaucoup. Et la cigarette ça vous consume. Mais la cigarette ne la consumait pas, elle. Elle la faisait resplendir, la cigarette. La cigarette, c'était son arme mais la cigarette, elle n'était rien sans elle, et c'était là...