L'étoile filante

Chapitre 1

Izumi ouvrit avec bonheur la fenêtre de sa chambre et aspira goulûment l'air frais du matin. Il regarda le ciel avec espoir et fut déçu en découvrant un beau mais bien simple ciel bleu clair déserté de nuages. Tout était net dans ce ciel. Trop même. Tellement qu'il n'avait plus de mystère, plus de majesté. Un simple bleu uniforme, comme l'arrière plan d'un dessin sans originalité ou génie. Pas de beaux nuages moutonnants. Pas de nuages formant des nappes continues et créant des couleurs différentes composées de toutes les nuances du blanc, bleu et gris. Pas d'ensemble de petits nuages floconneux striant le ciel avec grandeur et paresse à la fois. Qu'un simple ciel bleu uni.

Soupirant, il referma la fenêtre et se prépara avec résignation à aller à l'école. Ce ciel prévoyait pour lui une nouvelle journée monotone et sans intérêt, sans nouveauté pour l'embellir, sans événement pour l'éclairer.

-Izumi-kun ! Il est temps pour toi d'aller à l'école. Descends vite !, lui cria sa mère d'en bas.

-J'y vais ! cria-t-il à son tour en descendant les escaliers.

-Bonne route, lui répondit sa mère.

Sur ce, Izumi se mit en route pour l'école. Il regarda une nouvelle fois le ciel avec espoir avant de baisser la tête, découragé. Il n'aimait pas beaucoup l'école, ni d'ailleurs les matières qu'il aurait aujourd'hui. L'habituel cours de japonais où son manque de vocabulaire et de connaissance en Kanji lui sera une nouvelle fois reprochée, suivi d'un double cours de chimie où sa maladresse quant à doser les quantités de matières lors de chaque réaction chimique sera une nouvelle fois mise en évidence, et enfin, le tortueux cours de gym où son physique fin et fragile sera une nouvelle fois raillé.

Izumi eut une soudaine envie de sécher l'école, mais cela ne lui vaudrait que plus d'ennuis. Ayant l'impression d'aller vers son tombeau, il accéléra le pas afin de ne pas arriver en retard. L'école était assez loin. Avant, il avait l'habitude d'y aller par métro ou bus mais il n'avait jamais été à l'aise dans ces espaces confinés où on ne pouvait pas bien voir le ciel, et où il avait même été 2 fois victime de harcèlement.

Enfin, il arriva, essoufflé, à destination. Rentrant directement en classe sans s'arrêter pour parler à personne, il alla s'assoir à sa place habituelle, alors que les autres élèves restaient en groupe pour se parler le temps que la cloche sonne. Izumi n'était proche de personne sans qu'il ait des problèmes avec quiconque non plus. Il parlait avec tout le monde sans n'en préférer aucun et passait la majorité de son temps seul. Le fait était qu'il n'arrivait simplement pas à se trouver les mêmes intérêts qu'eux. S'il parlait avec un « ami », c'était du beau temps, des devoirs, des examens, du futur professionnel, et autres ragots de tous les jours. Cependant, il ne trouvait jamais rien à dire de personnel ou de plus intime, car il ne voyait rien dans sa vie de digne à être raconté, et les gens autour de lui avaient fini par s'habituer à ça et faire de même avec lui. Certains lui paraissaient bien plus sympathiques que d'autres –ceux qui ne l'avaient pas martyrisé petit- mais Izumi se disait qu'il aimait juste la situation telle qu'elle était, où plutôt, s'en satisfaisait.

-Bonjour, Izumi-kun, lança poliment Himeko, la jolie fille assise derrière lui.

Himeko Koutetsu faisait partie de ceux qui étaient toujours gentils avec lui, mais ce qu'il n'aimait pas, c'était cet air de pitié que ce genre de gens semblaient éprouver pour lui. « Je ne suis pas malheureux » se disait-il.

-Bonjour, Koutetsu-chan. Tu vas bien ?

-Oui, et toi ?

-Oui, merci.

Silence. Oui, c'était bien ce silence qu'Izumi détestait et le rendait mal à l'aise avec les gens. C'était toujours comme ça, après tout. Personne ne trouvait rien à dire avec lui. Mais il ne voulait pourtant pas qu'on le prenne en pitié. Il était capable de bien parler quand il le voulait !