Chapitre 16

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J'ouvre les yeux. Je soupire puis les ferments. Je suis allongée sur mon lit. Je touche ma poitrine, les battements de mon cœur sont normaux. C'est comme si rien ne s'était passé.

Impossible.

Je me redresse et regarde les alentours. Tout est à sa place. Je regarde l'heure : 3h45min. Je me lève et ouvre la porte de mon dressing. J'entre dans ces lieux en allumant la lumière. Le pendentif est parterre. Je le ramasse et le regarde. Cette pierre rouge entourée de petites perles blanches est-elle la cause de cette illusion ? J'en doute fort. Je la retourne et vois une inscription fine écrite en noire : « Nei secoli dei secoli ». Qu'est-ce que ça veut dire ? Je ne cherche pas plus loin, le mets autours de mon cou et sors de la pièce. J'ai l'impression de m'être transformée en robot : je ne ressens rien du tout, chacun de mes pas est calculé et tous mes faits et gestes sont précis. Je regarde encore l'heure : 3h50min. Comme je ne pense pas pouvoir redormir, je décide de me préparer pour mon rendez-vous nocturne. Etant donné que ce n'est qu'un entraînement, je mets un jeans noir, un t-shirt violet et une veste noire. Je fouille tous les tiroirs mais ne la trouve pas. Il n'y a pas de cape sombre dans mon dressing que je pourrais mettre pour passer inaperçu. Je réfléchis et quelques instants plus tard, je trouve une idée. Je prends le drap rouge sombre qui recouvre mon lit et le coupe de part et d'autres. J'en recouvre sur ma tête comme pour faire un capuchon, le noud autour de mon cou et laisse le reste pendre le long de mon corps.

Je ferme la porte de ma chambre à clé et ouvre la grande baie vitrée. Je regarde en bas et constate, à mon plus grand malheur que 5 ou 6 mètres me sépare de la terre ferme. Si je saute, je suis sûre de ma casser une jambe. Je regarde l'arbre en face de moi, il n'est pas très loin de la baie et pas très proche non plus. Une sauteuse professionnelle n'aura aucun mal à l'atteindre or, moi, j'ai toujours été nul en saut en longueur. Je n'ai donc vraiment pas le choix : ça passe ou ça casse !

Je prends de l'élan, m'appui sur la rambarde et saute comme je le peux. Je m'accroche de justesse à l'une des nombreuses branches de l'arbre, la grimpe puis décide d'y rester lorsque j'entends des pas.

_ Il y a quelqu'un ? Cri l'un des gardes.

Je replie mes pieds qui pendent. Heureusement que je suis assise sur une branche solide. Je baisse la tête et le voit juste en dessous de moi. Il n'y a pas assez de feuille donc, s'il lève les yeux, je suis morte. Il se rapproche encore plus et regarde la fenêtre de ma chambre que j'ai oublié de fermer. Merde !

_ Hey, dit-il à l'intention d'un autre garde, est-ce normal que la fenêtre de la reine soit ouverte ? Demande t-il.

_ Sûrement voulait-elle prendre un peu d'air.

_ J'ai quand même entendu du bruit par ici. Réplique t-il.

_ Franchement, quel con voudrait s'introduire ici ? Ce château est le mieux gardé de tous les châteaux que cette Terre a connu. Détend toi et va patrouiller du côté Est, je me chargerai d'ici.

_ Bien mon commandant.

Commandant ? Un commandant surveille ce secteur ? Comment suis-je censée passer inaperçu alors que le commandant de l'armée est ici ? Je suis morte. De toute façon, depuis que je suis ici, la mort ne cesse de me guetter, donc, si je dois mourir, autant mourir dignement.

Je saute de la branche puis me cache derrière l'arbre. Je jette un coup d'œil mais ne vois personne. Bizarre. Je n'ai vraiment pas le temps de me poser des questions, je dois partir et au plus vite. Je profite de cette absence de garde, prends mon courage à deux mains et cours. Soudain, alors que la porte de la sortie est juste à quelques pas, quelqu'un me stop net en me retenant par les épaules et m'empêche de crier en mettant une main sur ma bouche. Prise de panique, j'essaie de me libérer en cogitant dans tous les sens mais c'est impossible. Il est beaucoup trop fort pour moi.

_ Calmez-vous. Me chuchote-il en me libérant tout doucement.

Cette voix.

_ Commandant !?

_ Majesté.

_ Mais qu'est-ce que vous...

_ Je n'ai pas le temps de tout vous expliquez, Majesté. On m'a prévenu que vous alliez sortir en pleine nuit et on m'a confié une mission plutôt simple : vous faire sortir d'ici. Par contre, là n'est pas la bonne direction, un garde peut vous voir et vous dénoncé.

_ Comment puis-je vous faire confiance ? Demandé-je. Que sais-je si vous m'amènerez au roi ?

_ Je vous ai fait allégeance, Majesté. Et d'ailleurs, j'ai reçu l'ordre de vous aidez à partir de mon vrai roi.

_ Qui est votre vrai roi si ce n'est pas Lorenzo ?

_ Majesté, navrez de vous dire cela mais le temps presse. Nous discuterons une autre fois, si vous le voulez bien.

Malgré ma méfiance, je le suis. Nous passons derrière le château et reconnais cette porte de sortie-là : c'est celle que j'avais emprunté lors de ma fuite.

_ Ma mission s'arrête ici, Majesté. Je resterai ici à votre retour et vous aiderai à rentrer dans votre chambre.

_ Merci. Dis-je

_ Tout le plaisir est pour moi, Majesté.

Je le salut par un hochement de tête et reprends la route. Ricardo m'avait dit que la clairière se trouvait à 2 km d'ici, ce n'est pas si loin que ça donc. Je marche en resserrant la cape - ou devrai-je dire le drap- autour de moi. A chaque respiration, une volute de fumée s'échappe de ma bouche. Avec une telle fraîcheur, je ne crois pas que ce simple drap suffira à me réchauffer. Soudain, j'entends des bruits. Des voix féminines chuchotent. Je n'arrive pas à savoir ce qu'elles disent puisqu'elles parlent en italien. La peur se saisit de tout mon être et je commence à courir. Les voix me suivent toujours. J'entends des éclats de rire, des paroles incompréhensibles et des pleurs. Je panique encore plus et cours aussi vite que je le peux. « Mia Regina » est la seule chose que je comprends. Je vois une ombre courir à ma droite et une autre à ma gauche. La peur que je ressens devient de plus en plus grande. Je cours pour fuir toutes ces voix mais c'est comme si je les entraîne avec moi. Les voix, les rires, les pleurs et les ombres qui couraient disparurent tous lorsque je percute un corps. Je retombe lourdement sur mes fesses mais me redresse.

_ Ca va, je ne t'ai pas fais de mal ?

Lorsque je reconnu cette voix, ce visage, la peur et l'adrénaline retombe d'un coup.

Ricardo.

Il s'approche de moi et pose un bras sur ma joue. Je mords ma lèvre inférieure pour m'empêcher de pleurer.

_ Hey, ça va ? Me redemande t-il.

Toutes les émotions que j'ai ressenties me nouent l'estomac. Je ne peux plus retenir ces larmes qui me brûlent les yeux. Je craque. Je me blottis contre lui et pleure à chaude larmes.

_ Je... je vais mal. Avoué-je en hoquetant.

Il me berce tandis que je continue à pleurer. Toute cette histoire me fait peur. Je vois des choses insensées. Il n'y a aucune explication logique à tout cela. Comment est-ce que j'arrive à voir cela, moi ? Qui suis-je vraiment ?

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A suivre...

A forgotten pastOù les histoires vivent. Découvrez maintenant