Chapitre trois
Pierre, Papier, Ciseaux.Le loup. Il est là. Ses yeux dans le reflet de mon âme. Son souffle chaud caresse ma nuque. Mon dos est plaqué contre l'herbe. Les coccinelles me chatouillent, mes orteils se mortifient. Son poids m'écrase. Je vais mourir. Je le sais. Alors pourquoi lutter ?
Je vais mourir. Mourir sans la revoir, elle.
Je suis désolée. Pardon.La bête renifle près de mon oreille. Son haleine fétide me donne des haut-le-cœur. Ma vue se trouble, un goût de rance remonte dans ma gorge. Je rassemble toutes mes forces pour essayer de m'extirper, mais... ses griffes profondément ancrées dans ma chair, me l'empêche. Je suis sa prisonnière. Il me tient. Le sang souille ma peau, mes poumons brûlent. Mes mains effleurent l'air avant peine. Elles n'ont plus la volonté de frapper. Comme moi, elles sont épuisées. Des spasmes parcourent mes jambes. Je sens chaque tremblement prendre possession de mon corps, tordre mes muscles et les broyer. Je m'abandonne à la lune. Ses rayons ont du mal à m'éclairer. Elle faiblit, me laisse à mon sort. Seule.
Mon bras tombe, vaincu, sur le sol qui sera bientôt ; ma tombe.
Mes doigts rencontrent quelque chose d'inattendu. Une pierre. Dure, froide, réelle. Une lueur d'espoir me traverse. Je la saisis. Le loup grogne, ses crocs luisent proche de mon cou. Je ne peux pas abandonner, pas maintenant. Pas alors que la lune me regarde. Je serre les dents et...
Je saute. Sur le flanc. Je frappe. La poitrine. J'enfonce. Dans le cœur.
La vie gicle sur mes joues. Plus mon sang pulse, plus le sien faiblit. J'attaque. Encore et encore. Jusqu'à ce que je n'entende plus qu'un cri. Un son déchirant. Mon cri. J'hurle à m'en déchirer les cordes vocales, pleure à n'en plus pouvoir.Le loup ne bouge pas. Il ne respire pas.
Moi, je grouille de spasmes.Je suis vivante. Juste. Vivante. Alors pourquoi les battements de mon cœur me laissent un goût amer dans la bouche ?
Je l'ai tué. Je l'ai tué. Je l'ai tué. Je l'ai tué. Je l'ai tué. Je l'ai tué. Je l'ai TUÉ. Je l'ai TUÉ. Je l'ai TUÉ. Je l'ai TUÉ. Je l'ai TUÉ. Je l'ai TUÉ. Je l'ai TUÉ. JE L'AI TUÉ. JE L'AI TUÉ. JE L'AI TUÉ. JE L'AI TUÉ. JE L'AI TUÉ. JE L'AI TUÉ. JE L'AI TUÉ.
JE L'AI TUÉ. JE L'AI TUÉ. JE L'AI TUÉ. JE L'AI TUÉ. JE L'AI TUÉ. JE L'AI TUÉ. JE L'AI TUÉ. JE L'AI TUÉ. JE L'AI TUÉ. JE L'AI TUÉ. JE L'AI TUÉ.La lune, ma fidèle compagne, se voile de nuages. Ses larmes d'argent se mêlent au sang. Le mien, le sien.
JE L'AI TUÉ. JE L'AI TUÉ. JE L'AI TUÉ. JE L'AI TUÉ. JE L'AI TUÉ. JE L'AI TUÉ. JE L'AI TUÉ. JE L'AI TUÉ. JE L'AI TUÉ. JE L'AI TUÉ. JE L'AI TUÉ.
Mon cœur bat dans ma poitrine. Le sien se fane.
JE L'AI TUÉ. JE L'AI TUÉ. JE L'AI TUÉ. JE L'AI TUÉ. JE L'AI TUÉ. JE L'AI TUÉ. JE L'AI TUÉ. JE L'AI TUÉ. JE L'AI TUÉ. JE L'AI TUÉ. JE L'AI TUÉ.
Mes mains souillées tremblent. Ses pattes gisent. Inertes.
JE L'AI TUÉ. JE L'AI TUÉ. JE L'AI TUÉ. JE L'AI TUÉ. JE L'AI TUÉ. JE L'AI TUÉ. JE L'AI TUÉ. JE L'AI TUÉ. JE L'AI TUÉ. JE L'AI TUÉ. JE L'AI TUÉ.
Je me lève. Et m'écroule. Le loup ne bouge pas. Je vis. Il meurt.
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Dragonne
FantasyCeci est une première version de Dragonne, qui date de quelques années maintenant. La nouvelle version sera publiée très prochainement... mais vous pouvez profiter de celle-ci en attendant :)