18. Six jours

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Le rire hystérique de Magara résonne à travers la pièce sombre. Camélia et Brenda sont sous le choc de la révélation d'Anna.

"Je... je n'avais pas idée", balbutie Brenda, les yeux brillants de larmes.

Camélia ressent de la compassion pour la Sorcière. Perdre un enfant est déjà une épreuve terrible mais échouer à une tentative désespérée de le ramener à la vie l'est encore plus. C'est comme le faire mourir une deuxième fois mais de ses propres mains à cause de son incapacité. Les morts ne reviennent pas à la vie, c'est contre-nature. Camélia le sait mais elle se demande si elle n'aurait pas réagi de la même façon qu'Anna. C'était un acte d'amour. Les Sorcières sont donc capables d'aimer. Cette pensée la rassure quelque peu. Cependant, quand elle voit Magara rire à gorge déployée du malheur de la pauvre Annaëlle, elle a de plus en plus de mal à contenir sa haine. Du sang de Sorcier coule en elle et pourtant, Camélia n'a jamais eu autant envie de renier sa propre nature.

Anna, à genoux devant Magara, essuie ses larmes d'un revers de bras. Un léger rire s'échappe de sa gorge, ce qui coupe l'hilarité de la monstrueuse Sorcière. Magara la regarde avec condescendance tandis que Brenda et Camélia, en alerte, appréhendent ce qui va se produire.

"Tu es une vraie salope, tu le sais Magara ?"

La mâchoire de Camélia tombe. Le coeur de Brenda s'arrête. Magara, elle, ne bouge pas d'un pouce. Aucune émotion ne transpire sur sa peau satinée. Anna se relève difficilement et fait face à la Sorcière.

"Et le blond ne te va pas du tout, poursuit-elle en souriant. Je te préférais en brune, tu étais bien plus effrayante. Là tu ressembles simplement à une petite poupée Barbie."

Brenda se sent défaillir. C'est tout Anna : plaisanter dans une situation critique.

"Cela fait combien de temps maintenant que tu es dans ce corps ? Un, deux siècles ? Moins ? L'odeur ne trompe pas. Bientôt tu ne seras plus qu'un cadavre ambulant à la recherche d'une nouvelle enveloppe à souiller."

Camélia n'arrive pas à croire qu'Anna soit en train de provoquer Magara. A-t-elle perdu l'esprit ? Inquiète, elle jette un coup d'œil à Brenda, pensant qu'elle lui dira que ce sont toujours des discussions de Sorcières mais elle ne fait rien. Un air sérieux traversant son visage, Brenda scrute attentivement la scène qui se déroule devant elle.

"Je pense depuis plusieurs siècles maintenant à posséder le tien, réplique froidement Magara, les yeux rivés sur Anna qui se met à tressaillir. Je me retenais jusqu'à présent parce que tu m'étais utile mais maintenant, ton insolence me fait reconsidérer ce projet."

Magara lève une main fantomatique vers le visage d'Anna et lui caresse doucement la joue, tel un morceau de soie glissant sur la peau d'une femme. Anna fait un bond en arrière et Magara baisse son bras en esquissant un demi-sourire narquois. Puis, ses yeux passent de Brenda à Camélia sur laquelle elle s'attarde plus longtemps qu'elle ne le devrait.

"Qui es-tu toi ? lui demande-t-elle.

Camélia déglutit.

- Camélia Ryes.

- Je ne parviens pas à définir ton allégeance, gronde-t-elle. Dans quel clan es-tu ?

- Aucun.

- Ou les deux."

Camélia a un mouvement de recul. A quoi joue cette Sorcière ? Pourquoi essaie-t-elle de la déstabiliser de la sorte ? Que cherche-t-elle à faire ?

"Ton corps me plaît, siffle-t-elle, le regard avide. Jeune, attirant, frais..."

Camélia échappe un petit cri strident. Il ignore si elle doit considérer cette déclaration comme un compliment ou une menace.

L'éveil [En Pause]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant