Naissance de l'amour

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Touuuuuun touuuuuun touuuuun !!! (la tonalité du téléphone)
J'appelle la France.

- Allô Yùyù
- Allô ma perle noire, toi pour t'appeler c'est pas petit boucan* hein (expression argotique en Côte d'Ivoire pour exprimer la peine à arriver à quelque chose)
- Humm pardon je rangeais les affaires de maman
- Comment tu vas ?
- Humm on est là oh mon cher
- Je t'ai dit que je n'aime pas quand tu m'appelles mon cher non
- ....
- Hier tu n'as plus répondu à mon message...
- Excuse moi
- Cesses de tout le temps t'excuser, c'est ce dont on parlait qui ne t'a pas emballé c'est cela ?
- ...
- Je t'aime N'dèye, et je ne veux pas qu'on en reste là. Stp ne met pas fin à cette relation...
- Yùyù (c'est comme ça qu'elle m'appelait) on ne peut plus continuer ensemble. Je suis passé à autre chose et je crois que tu devrais en faire autant.
- Mais merde à quelle autre chose tu es passée ? Tu jettes à l'eau tout ce qu'on s'est promis ? Tu me fais mal, très mal N'dèye
- Je suis à 6000 km de toi maintenant. C'était un moment de plaisir, on y a tous les deux profité, ça y est c'est bon.
- Tu parles comme si c'était un plat d'attiéké. Franchement c'est tout ce que tu retiens de cette relation?
- Tu veux que je te dise quoi ? Tu es trop rêveur ! Franchement tu croyais qu'on allait rester comme ça jusqu'au mariage ? Stp Yùyù c'est mieux tu vas m'oublier.
- Je rêve ou quoi ? A t'entendre on dirait que tu ne m'as jamais aimé. Soit tu es vraiment sans coeur soit tu m'as bien menti tout ce temps...
- Je suis sincèrement désolé...
- Donnes une chance à tout cela stp...Bébé stp je t'aime
- .....
- Stp...
-

Maman m'appelle. Stp rappelles moi plus tard

********

Heuh excusez moi, je crois qu'on est trop vite allé en besogne là, n'est-ce pas ? Moi-même je suis un peu bizarre hein, quelle idée de commencer une histoire par la fin ?! Comment allez-vous me comprendre et comprendre tout ce que je m'apprête à vous dire si je commence par la fin ? Alors ce qu'on va faire c'est qu'on va tout reprendre depuis le commencement. Je suis un jeune ivoirien, Phoulo pour le public et Youl pour les plus proches. Je suis né au village et c'est même là-bas que j'ai grandi (Je sais donc cultiver la terre). Né en 1991 pour mon âge réel d'une famille sénoufo (ethnie originaire du nord de la Côte d'Ivoire avec pour ville d'attraction Korhogo), mon retard de scolarisation m'a vu donc obliger de diminuer mon âge d'un an (ce qu'on appelle chez nous : faire René Caillé), j'ai fait ma classe de CP1 en 1999. Je ne suis pas vite allé à l'école parce que d'une part mon enfance a coïncidé avec la situation financière de papa qui se compliquait, et d'autre part son désir de me faire entrer à l'école Coranique Franco-arabe.

Mais non moi je voulais aller à l'école et j'avais de quoi me motiver car notre cour familiale était à 30 mètres de l'école alors très souvent je m'y rendais les récréations ou les midis. Avec les principes et valeurs que défend ma famille, j'ai été éduqué avec beaucoup de rigueur. J'ai eu des grands frères assez rangés et beaucoup sérieux, j'étais l'avant dernier enfant de ma maman et son dernier fils et je portais le nom de son défunt paternel (Youssouf) ce qui faisait de moi un peu comme son fils chéri. J'ai donc une petite sœur du nom d'Awa (la dernière et qui porte le nom de la défunte mère de notre maman). J'ai grandi au village dans une famille musulmane, dans le libéralisme total.

Maman m'a offert une liberté totale de grandir que ce soit à l'école ou même dans la vie quotidienne comme si toujours quelque chose la rassurait que je ferai les bons choix et que le vice ne m'aura pas facilement. Je sortais et n'entrais qu'à l'heure qui me convenait, nous vivions dans une cour ouverte et qui donnait sur la voie principale du village car elle y était en bordure. Dans la cour, y avait un « entrer - coucher » (ce sont des studios assez restreints avec une seule entrée et dès que vous y entrez vous vous retrouvez face au lit d'où le nom : Entrer-Coucher, entrer et se coucher en même temps) juste à coté de celle de maman, c'était là ma chambre. J'ai grandi dans un village dans la banlieue Korhogolaise je le dis tout haut, un village dans sa vraie définition : Pas d'infrastructures, pas d'électricité, pas de réseau téléphonique, etc.

Dans ce village les gens de classe moyenne pour quelques uns avaient une petite télévision munie d'une antenne qui donnait droit seulement à la RTI (Radiodiffusion Télévision Ivoirienne), tout cela alimenté par une batterie. Les plus nantis du village pouvaient s'offrir le luxe d'un panneau solaire et une antenne parabolique. Mais on pouvait compter ces personnes sur les doigts d'une main. Avec les camarades on a grandi dans cet état là, presque coupé du monde, nous n'avions que le champ (travaux champêtre, chasse, pêche), le foot (nos matchs, les résultats des matchs professionnels) et le sexe comme sujet de conversations.

J'étais bien informé sur le foot et je savais taper dans le ballon, je savais bien manier la houe, la daba, la charrue... Je sais, les plus hâtifs se disent déjà que le volet sexe était un acquis. Mais non détrompez-vous, je m'étais promis de n'avoir une copine, des rapports sexe que quand j'aurai fini mes études et que je me serai enfin installé à mon propre compte en toute indépendance. Cette promesse me tenait tellement à cœur que quand on disait qu'une telle était ma femme, je me mettais aussitôt en colère comme un misogyne. Puceau, j'essuyais toujours des moqueries de mes camarades, entre autre des blagues du genre "Ça va finir par sortir comme poudre oh", mais j'étais si fier d'être puceau à l'époque que cela ne me disait rien qu'on se moque de moi ou non. Le paradoxe de la vie est que plus vous évitez quelque chose, plus vous l'attirez, les filles me collaient donc comme une mouche sur un bol de lait.

Surtout que je savais esquisser quelques pas de danse, j'étais donc une sorte de personne publique dans mon petit village... A l'instar de tout ça, je voulais une vie sexuelle assez rangée, pour moi c'était primordial vu les objectifs que je m'étais fixés... Les relations amoureuses étaient le cadet de mes soucis. J'étais déterminé à n'avancer qu'avec maman comme seule femme ! Pas question de me détourner de mes objectifs. J'avais toujours eu peur de ce que la femme me ferait si jamais j'en tombais amoureux, j'en avais une très mauvaise image, je la trouvais trop perfide.

Je me voulais libre et indépendant jusqu'à ce que je finisse de réaliser mes rêves, et cette citation de Voltaire « Dieu n'a créé les femmes que pour apprivoiser les hommes » ou encore celle de Colette qui dit « L'homme trop occupé des femmes, reçoit d'elles, un jour, sa punition » n'allait pas du tout me donner tort, je ne pouvais donc pas m'attacher à une femme maintenant. Je lisais beaucoup et les livres m'avaient décrit la pile et la face d'une femme, elles sont à la fois affables et pernicieuse, je parle d'elles assez largement dans ma première histoire (La Femme à variable).

J'avoue que d'un certain point de vu cela paraissait un peu machiste de ma part cette image assez péjorative que j'avais des femmes mais la priorité pour moi était d'avoir une vie, une situation stable avant de penser à tout ce qui concerne les sentiments entre un homme et une femme. J'ai donc fait mon primaire sans copine, le collège sans copine jusqu'à ma classe de Terminale où j'allais être victime pour la première fois des flèches de Cupidon, les choses n'allaient plus jamais être comme avant pour moi....

Les Épines De L'amourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant