Toc toc toc ! (Je frappe à la porte)
- C'est qui ?
- C'est moi ! (En Côte D'Ivoire tout le monde s'appelle c'est moi)
- Eeeeh Tonton Youssouf (c'est la petite cousine de N'dèye venue du Sénégal qui m'avait ouvert)
- Maman est là ?
- Non elle n'est po là (elle avait encore l'accent sénégalais), mais faut veniiir tu vas t'asseoir. Je vais appolé N'dèye
- Non c'est pas la peine que j'entre. Dis juste à N'dèye que moi je l'attends.Une minute après
- L'homme qui vient chez les gens sans appeler
- Ah mami pardon saaanh, le loup ne prévient pas quand il vient dans sa tanière.
- C'est chez moi qui est devenu ta tanière ? Eeh l'enfant deh
- Laisse ça c'est le coupé décaler qui demande ça (Ironique)
- Ahoo gagnoa ! Nouvelles ?!
- Y a que des anciennes juste passer voir le visage de ma perle noire
- A cause de toi je vais me tchatcho (se dépigmenter), tu es toujours là perle noire perle noire
- Toi même injection ne peut rien faire pour toi, t'es naturellement belle et noire. Le meilleur teint après celui de maman
- Ôkpô, blague-moi seulement. Mais tu viens pas t'asseoir !
- Non non merci. Moi je m'assois pas chez les gens (rire).
- Ce n'est pas toi ooh
- Juste savoir si demain soir tu es disponible je voulais qu'on sorte un peu ensemble tous les deux
- On verra
- Toi tes "on verra" sont comme pour un aveugle donc pardon parle moi bien
- (elle éclate de rire) ! Tu es fou deh. Bon appelle moi
- A plus tard alors ma perle noire ! Je t'aime
- A plus tard********
Nous sommes en 2007 quand je dois faire la classe de 4ème, si vous comptez bien 1999-2007 ça donne droit à la classe de 3ème pour un élève qui n'a pas repris une classe. C'est exact, sauf que moi j'ai dû faire une année blanche pour cause de la guerre en 2002. En 2002 une guerre militaro-politique avait éclaté en Côte d'Ivoire avec au sud des forces pro gouvernementales et au nord les force opposées au gouvernement. J'étais au nord et vu que la quasi-totalité de nos enseignants étaient sudistes, ils ont donc dû fuir la région par peur de représailles. Ce qui avait par ailleurs nécessité ma venue immédiate sur Abidjan à la demande de ma sœur venue passer les vacances au village, et qui, à son retour avait rapporté à notre grand-sœur aînée ce que je lui avais dit concernant nos situations d'étude dans ces régions. Mais je n'aimais pas Abidjan, en fait je n'aimais pas la ville, j'étais trop habitué au village.
En ville tout est coincé, même dans les transports publics, les maisons, il n'y a presque pas d'air. C'était contre mes principes, la ville tue la chaleur humaine, on n'y a pas le temps de se saluer, tout y est basé sur l'argent, à peine on se salue en ville. Les bruits de moteurs à tout bout de champ, les fumées d'échappement, les conditions de vie de certains citadins, l'insécurité, etc. Tout le contraire de ma savane où j'étais en contact direct avec la nature, la terre, les être vivants. Le village incarnait le calme pour moi, la quiétude, la chaleur humaine, la vraie harmonie, la solidarité sans compter que tous mes amis d'enfance y étaient restés. Le village était la base de mon être mais je devais venir à Abidjan pour continuer mes études dans de meilleures conditions.
Le lendemain de ma venue à Abidjan, mon grand frère m'accompagna à Renauld un grand carrefour commercial de la commune d'Adjamé pour m'acheter quelques vêtements question de me relooker. Cet endroit grouillait de monde on dirait une nuée de fourmi, c'était nouveau pour moi tout ça, j'étais dépaysé et j'avais l'impression d'être sur une autre planète. Des cris ici et là, des marchands ambulants, d'autres debout en bordure de route tendant leur article aux passants, souvent ils vont jusqu'à mettre leur article sur votre épaule et vous demande de juste voir. Dans mon village chaque marchant avait sa place. Deux jours après je fis le tour du quartier à la recherche d'école à moindre coût. Ce fut fait, et mon choix se porta sur le collège moderne d'Adjamé (commune d'Abidjan où je vis). Lundi matin à 6h je suis debout, je vais faire mon inscription.
Je commençai donc ma classe de 4ème sans problème. L'adaptation n'était pas chose aisée, mais compte tenu de ma nature plutôt ouverte ce n'était donc pas un problème. La 4ème s'achéva sans histoire puis la classe de 3ème, beaucoup plus stressante du fait du brevet à passer en fin d'année. Brevet que j'obtins avec mention, je demandai alors à rejoindre un établissement d'excellence pour y faire un BAC A mais sans suite. Je fus donc contraint à faire mes classes de 2nde C, 1ère D et Tle D au Lycée d'Adjamé. Le lycée, un autre monde qui m'était complètement étranger. Le nombre incalculable d'élève quand je pense que chez nous chacun connaissait tout le monde tellement qu'on n'était pas nombreux. Mais au Lycée les nombreuses salles de classes étaient toutes pleine. Mais je n'avais pas le temps de profiter de ça, j'étais orienté dans une série qui ne faisait pas mon affaire alors il fallait très vite que je me remette au travail. Les classes de 2nde et 1ère se sont passées sans embûche majeure...puis j'attéris en Terminale où j'allais découvrir l'amour pour la première fois.
Nous sommes en 2012 quand je fais ma classe de Terminale D au Lycée d'Adjamé. Nous avions cours du lundi au vendredi de 7h30 à 16h30. Je me rendais à l'école en bus tous les jours vêtu de mon complet kaki toujours soigneusement repassée et ma paire de chaussure fermée. J'étais assez plongé dans les études car j'étais obsédé par l'idée d'avoir mon BAC la première année alors il n'était pas question de m'accorder aux futilités qui selon moi pouvaient très bien attendre. J'étais assez bon ami des enseignants car j'étais toujours présent en classe, faisais toujours mes devoirs, poli et surtout très participatif en classe. Le première trimestre se termina sans difficulté, j'eus 10,18/20. C'était pas très évident car la Terminale m'avait sonné d'entrée de matière. Puis s'en suit le 2nd trimestre qui comptait pour 2 (coefficient 2) avec le Baccalauréat blanc auquel je n'ai pas été reçu ! Mais à la fin du trimestre j'avais quand-même pu obtenir une moyenne de 11,91/20. Ce n'était pas très flatteur mais au moins je progressais et c'était l'essentiel. Puis enfin le 3ème et dernier trimestre qui lui aussi comptait pour 2. C'est là que tout allait changer à jamais...
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Tintin trinin trainimnin trèninmin, qui êtes-vous ? Je suis Jack Bauer (ma sonnerie d'appel)
- Allô boeuf la, ton viépère t'appelle tu peux pas vite prendre ?
- Allô idiot là c'est mon tel je prend quand je veux
- Eeeh l'homme n'est rien deh.
- (je ris) oui on dit quoi ?
- Rien bro. C'est como ? On fait mouhoument ce soir non ? (On sort se soir non ?)
- Heuh non ce sera pas possible mais vas-y toi avec Muss
- Connard si je t'en ai parlé c'est parce qu'on veut y aller à 3
- (rire) bête la appelez une de vos Mousso (copine) la kèh. Moi je dois aller voir N'dèye
- Toi la même à cause de go la tu dame sur nous hein !
- Ahiii c'est toi je vais marier ?? C'est mon amour je l'aime trop pouaaaah Tchrrrr
- Hein ?!
- Agbouuuh djaaaa c'est cohan l'amour est doux et puis vous m'avez caché ça. (Rire)
- Ton cuiii même tchrrrr tu m'énerves même adieu
- Au revoir moi aussi je t'aime
Il rit et raccroche.
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Les Épines De L'amour
RandomJe raconte ici mon histoire avec une perle de beauté aussi rarissime qu'envoutante, qui me fera connaitre toute l'extase et le bien-être de la magie de l'amour, du premier amour, mais aussi et surtout toute l'amertume et le dégoût de ce même sentime...