Chapitre 1: Valentin

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07h00, le réveil sonne. Mais étrangement, ça ne me gêne même pas. Je suis de bonne humeur ce matin. J'aime me lever tôt, et savourer un délicieux petit déjeuner avant de partir au lycée. Je dois être fou, comme gars. Je dis pas non plus que j'adore les cours, c'est même assez désagréable. Mais j'aime bien le reste, la nourriture, les pauses, les amis, tout ça. J'aime appartenir à une communauté, même si c'est celle d'un lycée pourri dans la petite commune de saint-Sébastien sur Loire. C'est toujours mieux que rien, aurait dit ma mère.

Quand je sors enfin de la maison, il fait encore nuit. En plein mois de décembre, le soleil n'a pas que ça à faire de se lever pour me saluer quand je pars le matin. Je ne lui en veut pas trop. À vrai dire, j'aime marcher dans l'air de la nuit. Parfois, je me prend même à observer les étoiles. Je rêve souvent de les atteindre, et de briller autant qu'elles.

J'aimerais, moi aussi, être si important que, parfois, certaines personnes prendraient la peine de lever les yeux pour m'observer de loin. Il m'arrive de croire que le ciel m'attend peut-être, et qu'un jour je mériterais de le toucher et d'en faire partie. Je garde ça pour moi, bien entendu, je ne suis pas stupide au point de croire que quelqu'un d'autre serait capable de comprendre ça.

Auparavant, je ne pensais même pas pouvoir devenir un jour une personne que les gens apprécient. Comment le pourraient-ils alors que même moi n'en suis pas capable? Il m'arrivait souvent de me regarder dans la glace et de me dire: merde Val, à quoi pensais la nature en créant un être aussi moche?

Maintenant, c'est différent. J'ai le sentiment que mon absence totale de beauté n'a plus autant d'importance. J'ai l'espoir d'être capable d'accomplir des choses sans avoir un physique de rêve. Je ne me déteste plus autant qu'avant et, quand je m'observe dans le miroir, la seule chose flagrante que je remarque est mon sourire qui me suit partout.

J'entre dans le lycée, et suis le long couloir sombre qui abrite ma salle de français. Il n'y a personne. Logique, J'ai l'habitude de venir une demi heure avant le début des cours pour retrouver mes amis.

Je dépasse la salle. Le lycée à été construit il y a longtemps, et l'architecture est telle qu'on y trouve de nombreux petits recoins et cachettes secrètes, du moins quand on prend la peine de chercher. Notre lieu de rendez-vous en fait partie. Derrière la salle de français, il y a des toilettes mixtes, sûrement les moins utilisées du lycée car elles sont présentes uniquement pour cette salle. À l'intérieur, on a découvert il y a un mois avec Helena que la porte censée abriter un placard donnait sur une petite salle, dont on a aussitôt fait notre endroit à nous. On a fait des tests en entreposant en évidence des objets pendant plusieurs jours, et personne n'y a touché. On en a vite déduit que personne ne l'utilisait. Depuis, tous les matins, on se rejoint ici avant d'aller en cours.

J'entre dans la salle. Sans grande surprise, je la découvre vide. J'arrive toujours le premier, mais ça tombe plutôt bien, la solitude ne me dérange pas.

Je m'assois sur une table, et sors un bouquin pour passer le temps. Quelques minutes plus tard, c'est au tour de Cassie d'entrer dans la salle.

"- Mon bus avait du retard, j'ai couru un peu pour arriver la première, mais je vois que c'est raté."

Elle ris. Ses joues sont roses, sûrement à cause du froid. Je lui souris et elle vient s'asseoir à côté de moi. Son parfum chatouille mes narines. Je n'avais jamais senti une odeur pareille avant de la connaître. C'est une odeur douce et fraîche, comme si je me promenais dans un jardin un matin d'été, un mélange de fleurs colorées et de fruits parfumés. C'est à ça que me fait penser Cassandra, quand elle s'assoit à côté de moi le matin. À un jardin fleuri.

Elle remet en place son bonnet à oreilles de chat, qu'elle porte toujours. Je suis tellement absorbée par elle que je ne remarque même pas l'arrivée de Pablo dans la salle.

"- Salut"

On lui rends son salut, et on discute de la prochaine interro de maths, en attendant Helena. C'est comme ça tous les matins, on l'attend dans cette petite salle vide en discutant, sachant pertinemment qu'elle sera en retard, et comme chaque matin, elle aura une bonne excuse pour se justifier.

C'est ça, mon petit monde. Rien d'exceptionnel.

À la fin des cours, je dis au revoir à mes amis, et rentre chez moi. Je pose mon sac sur mon bureau, et m'apprête à m'allonger sur mon lit quand je vois une enveloppe rouge sur mon lit. Je l'ouvre et lis.

Vous, Valentin Pivot, êtes sélectionné pour participer au jeu.

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