Chapitre 9 : concertation

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Helena


"- Helena?"

Je crois que je n'ai jamais eu autant honte que devant le regard de Valentin, là, maintenant. Je voudrais tout lui expliquer, mais je n'en ai pas le temps car des pas retentissent au rez-de-chaussée.

"- Chut! On verra plus tard, on doit sortir d'ici avant que ses parents ne nous trouvent!"

Il hoche la tête, mais ne perd pas son regard de profond dégoût. Je me glisse vers la fenêtre et j'enjambe la rambarde du balconnet. Val me tient, alors je me pends aux barreaux, avant de me laisser tomber. Valentin fais de même, mais sans soutien, ses mains glissent et il pousse un grand cri avant de s'étaler sur le sol. On court vers mon vélo, mais le père d'Aleena apparaît à la fenêtre.

"- Je vais appeler les flics! Revenez!"

De toute ma vie, je n'ai jamais couru aussi vite. Je dépasse valentin, et m'installe sur mon vélo le plus vite possible, et lui hurle de s'installer sur le porte-bagage. Il s'exécute et on détale de la rue.

*****

"- Je n'aurais jamais cru que tu avais autant de force dans les jambes.

- Comment ça?

- Ben, la raclée que tu viens de me mettre à la course, c'était pas mal. Sans compter que tu est en train de faire avancer un vélo sur lequel est assis une personne de poids sûrement égal au double du tien.

- L'avenir nous réserve parfois des surprises."

On roule encore pendant quelques minutes avant que Valentin ne se remette à déblatérer ses banalités.

"- Et, sinon, ça va ta vie?

- On est deux sur un vélo pour fuir un homme qui menace d'appeler la police parce qu'on est rentrés par effraction dans sa baraque. Je ne vois pas comment ça pourrait aller mieux.

- J'allais y venir. Je peux savoir ce que tu faisais là?

- Attend d'être arrivé.

- Arrivé où?

- Où j'aurais envie de m'arrêter.

- On s'arrête là.

- Pardon?"

Valentin se penche d'un coup sur le côté et on s'étale sur le sol, en plein milieu de la route.

"- Non mais t'es dingue!"

Il me plaque contre le sol et m'empêche de bouger. Je ne l'avais jamais vu dans un tel état du fureur.

"- C'est toi, Helena, qui pète un câble! D'abord tu me gifle sans aucune raison, tu t'enfuis sans t'expliquer, et maintenant tu entre chez ma copine pour fouiner! C'est quoi ton problème?

- C'est à cause de toi que je fais ça!

- Quoi?"

Il a l'air complètement perdu. Je me met à pleurer.

"- Qu'est-ce qu'il se passe? dis moi!

- J'ai pas le droit.

- Quoi? Mais qui te l'a interdit?

- Celui qui écrit les lettres."

Il se recule et me laisse respirer. Il ramasse mon vélo, le pousse sur le trottoir et me tire par le bras pour m'asseoir sur un banc.

"- Dis moi, Helena. Tu peux me faire confiance."

J'hésite une seconde par peur de ce qui pourrait m'arriver en ne respectant pas les lettres, mais surtout par respect pour Cassandra. Malgré ça, je me tourne vers lui et je lui raconte tout. Je lui raconte la tristesse de Cassandra, son changement de style, la lettre que j'ai reçue et mon envie de la venger. Je lui fais part de ma peur de celui qui nous dirige, et de ma méfiance envers Pablo. Mon récit est entrecoupé de sanglots, mais je continue quand même, et Valentin me caresse le dos pour me consoler. Quand j'ai fini, il reste muet.

"- Tu en penses quoi?

- Je n'avais rien vu... Pour Cassie.

- Je sais.

- Il faut qu'on parle. Tout le groupe.

- Avec Pablo?

- Oui. Mais on ne lui dira pas tout ce que tu m'as dit. Si c'est bien lui, il faut qu'il ne se doute de rien."

Je me remet à sangloter, et je pose ma tête sur ses épaules, exténuée.

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