Je décide de retourner à l'hôtel pour envoyer un télégramme en France. Malgré mon état hier je n'avais pas manqué d'écrire un message adressé à mon employeur pour lui faire part de ma maladie et du mal que j'avais à trouver des informations venant des habitants. Je regarde le sol et sautille entre les dalles n'ayant aucune l'envie de retenter la chute que j'avais testée hier.
Je ne me rends pas compte de l'évolution de ma route, trop occupée à réfléchir, que je me retrouve déjà devant le petit bâtiment.
Soudain, je sens comme une présence derrière moi, je me fige puis me retourne doucement, j'inspire rapidement, un souffle puissant surgit de nul part, m'empêche de voir ce qu'il se passe et m'oblige à fermer les yeux. Mes cheveux volent autour de moi. Je me sens comme attirée. Attirée par cette force déferlante, je m'agrippe tant bien que mal à un rebord de fenêtre sachant que si l'attraction de cette petite tornade augmente, je n'aurai alors aucune chance. Mes ongles crissent sur le granit du rebord, le souffle froid me brûle les doigts. Le temps semble s'arrêter. Mon cœur bat si fort que je pourrais presque l'entendre à travers le vent en furie. Subitement, la tempête se calme aussi vite qu'elle était apparue. Je ouvre délicatement mes paupières et constate avec stupéfaction que la fontaine qui se trouvait là il y a dix minutes s'est volatilisée. Mais ce qui m'inquiète le plus, outre le fait qu'il y ait eu une tornade sans indices préalables, c'est que justement..., ce n'était probablement pas une tornade. Dans le cas contraire il y aurait eu des morceaux de pierres éparpillés un peu partout sur la place or, il n'y a rien. Comme si la fontaine n'avait jamais été. Tout est calme. Les feuilles tombent des arbres. Voletantes, oranges et sanguines. Cette vision provoque un frisson froid le long de ma colonne vertébrale.
Je me hâte d'entrer dans la bâtisse avant qu'un autre évènement de ce genre ne me surprenne. Je me tourne vers le gérant qui me regarde tristement, je fronce les sourcils et lui demande ce qui ne va pas.
« Vous ne devriez pas rester ici encore trop longtemps, ce qu'il vient d'arriver, là, dehors, avec la fontaine, arrivera bientôt sur le reste de la ville et ses habitants.
-Ne vous inquiétez pas, je comptais partir dans la journée ou demain matin, je ne demeurerai pas ici plus longtemps après tout ce qui s'est passé...lui confié-je. Et justement, pourriez-vous envoyer un message par télégraphe à la même adresse que d'habitude s'il vous plait ? »
Il acquiesce et je commence à écrire sur une feuille. « Urgent. Venez me chercher SVP. » Il se saisit de ma missive et je vais m'assoir dans les sofas moelleux près de la fenêtre pour récupérer mon souffle. Sa nonchalance face à ce qui arrive m'interpelle, je me souviens que le maire a parlé d'une sorte d'attraction mais tout de même ! De là à ne pas voir la Mort qui étend son ombre sur la ville toute entière et sa population... Je ressens une sorte de tristesse face à leur sort qu'ils vont subir de plein gré mais un sentiment d'angoisse la remplace, je ne veux pas finir ma courte vie ici.
A vrai dire... Je ne pense pas vraiment être inquiète, enfin si, je le suis mais... mais pas à un point proche de la paranoïa. Pour l'instant il y a juste des dalles, un parc et une fontaine qui ont disparu, pas de quoi en faire un drame,... enfin à ma connaissance du moins. Peut-être la ville était-elle plus imposante dans le passé. Je repense à l'homme que j'avais rencontré à mon arrivée, le journaliste dont j'avais pris la relève... La ville doit être à présent, bien différente de celle qu'il a vue lui. Je pourrais lui demander lorsque je le reverrais. Je me souviens alors d'un détail qui ne m'avait pas marquée quand je l'avais regardé. Un appareil photo... autour de son cou. Mais oui ! Comment ai-je pu oublier un tel élément ?! Il a sans doute pris des photos quand il était là ! Je monte précipitamment les escaliers sans me soucier du regard curieux du gérant et ouvre la pochette dans laquelle j'ai glissé tout ce qui était relatif à l'article. Super ! J'attrape fébrilement une enveloppe beige et en sors des clichés. Il a dû les développer lui-même, ou alors il y a une boutique qui fait des tirages par ici, j'aurai le temps d'y penser plus tard. Heureusement que j'ai apporté mon appareil ! C'est fabuleux ! Je vois déjà l'article se dessiner dans ma tête, un sourire se forme sur mon visage. Avec mes photos et celles que j'ai entre les mains, j'aurai alors une preuve qu'il se passe quelque chose ici, que le monde ne se résout pas seulement à ce que nous voyons ou savons mais qu'il y a bel et bien quelque chose d'autre, un monde mystique, mystérieux et inconnu qui se cache derrière diverses fables, contes et autres merveilles racontés aux enfants. Je me sens puissante, mon article fera la Une de « Folklor » et de plusieurs autres journaux, ça lancera ma carrière ! Aux dépens de cette ville, malheureusement... Mais cela frappera la planète entière et ce lieu ne sera plus jamais habité ! Donc quelque part c'est aussi pour les générations futures qui je fais ça. Oui, c'est pour eux que je le fais, ce que je vais faire est bien. Mais cela n'empêche que je serais la première personne avec des preuves tangibles que des êtres fantastiques existent, cette perspective accélère ma respiration et un sentiment d'ivresse m'envahit rapidement.
J'attrape vivement le sac noir posé sur une chaise et descend les escaliers le sourire aux lèvres et les étoiles de ma future gloire dans les yeux.
NDA
Pas vraiment relu, j'espère que c'est quand même pas trop mal! Bonne journée ;)
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L'article
FantasyQuand Elise Carret, stagiaire journaliste, est envoyée dans un endroit perdu et reculé pour son premier article, elle ne se doute pas un instant de ce qui va lui arriver.