Sang d'Ombre

Chapitre 7

Chapitre 7

Le trajet se déroula en silence, elles traversèrent Paris sans un mot. Angelyne regardait les rues défiler, la banlieue, puis vint la campagne. Toutes sentaient la tension qui l'habitait, qui montait au fur et à mesure des kilomètres. Jusqu'à ce que la voiture s'engage dans l'allée menant au manoir de Gabriel.

La tension montait elle aussi au sein du dit manoir. Julien appréhendait le retour de sa fiancée. Il avait renvoyé son amante quelques jours plus tôt sachant qu'Angelyne serait de retour. Personne n'avait fait la moindre remarque, il avait juste aperçu le regard désapprobateur de son père et des autres immortels. Ils avaient tous vu Angelyne devenir une jeune et jolie jeune femme, appréciée pour sa douceur, son esprit, sa soif d'apprendre. Tous se sentaient fautifs de n'avoir rien dit, de n'avoir rien fait quand Thomas s'était montré un peu trop empressé auprès de la future ichorienne. Tous les membres du clan, mortels comme immortels avaient organisé son retour, une petite fête pour lui souhaiter la bienvenue chez elle.

Angelyne pensait à ce que lui avait dit Cathal, cela tournait dans sa tête pendant que la voiture s'avançait dans l'allée bordée de tilleuls et s'approchait de plus en plus vers l'élégante demeure du début XXe siècle. Elle qui avait tant aimé jouer, puis se promener dans les jardins qu'entretenait avec amour la compagne de leur patriarche et le père de la jeune fille. Elle se souvenait du parfum de la roseraie, des couleurs vives des rhododendrons, des tons chauds que revêtaient les arbres et arbustes à l'automne. Pour elle, il avait été si naturel de choisir cette voie, étudier les plantes, les paysages... et puis Thomas avait tout brisé.

Quand la voiture s'arrêta, elle vit Gabriel et Angela sur le perron, une boule se noua dans gorge. La main de sa mère étreignit la sienne, elle comprenait que pour elle l'enfer continuait. Angelyne prit un instant avant de sortir, elle ferma les yeux, respira un bon coup et émergea du véhicule. Son père venu vers elle la serra fort contre lui :

— Ma petite fille parvint-il à prononcer la voix étranglée par l'émotion. Puis il prit ses valises et s'avança vers la demeure.

Les deux immortels vinrent vers elle, mais quand ils voulurent la prendre dans leurs bras, elle se crispa et ce fut pire quand ce fut Gabriel, elle avait envie de hurler. Pourtant, ils avaient été son autre famille. Elle avait joué sur leurs genoux, tiré la barbe du vampire, gambadé dans les jupes d'Angela qui la considérait comme la fille qu'elle n'avait jamais eue. L'humaine devait son prénom à l'ichorienne. Ils se gardèrent de la moindre remarque, n'insistèrent pas et ne firent pas le moindre geste quand Angelyne s'avança vers Julien venu les rejoindre et qu'elle le gifla à toute volée en l'insultant copieusement.

Oh que oui cela faisait du bien, si elle avait pu, elle l'aurait poignardé, les seuls sentiments qu'elle éprouvait pour lui n'étaient que du mépris et de la colère.

— Angie...

Elle le planta là et entra dans la maison sans un regard pour celui qu'elle avait aimé. Quand il voulut la poursuivre, la poigne de Gabriel l'en dissuada, le regard qu'il jeta à son fils lui fit comprendre de se taire. Angelyne évita les autres immortels et partit s'enfermer dans sa chambre sans un mot de plus. La petite fête de bienvenue tourna court. Le chef du clan fit signe à la mère de la jeune humaine de le suivre. Quand elle entra dans son bureau, Angela les y attendait.

— Je suis désolé...

— Ce n'est pas à moi qu'il faut le dire, c'est à elle, mais je doute qu'elle t'écoute.

— Elle n'a pas envie d'être ici, fit observer la vampire.

— C'est le moins que l'on puisse dire. Vous n'avez aucune idée de ce qu'elle a vécu, ce que ton fils lui a fait ! Dit-elle en pointant un doigt accusateur vers l'homme qui lui faisait face.