Traitement de Choc, une aventure de Bob Molotov

Chapitre 5

 Lorsque Bob Molotov se réveilla, il fut désorienté durant un moment; puis identifiant le sarcophage dans lequel il se trouvait, il se remémora les derniers événements. Il se tourna vers le panneau de contrôle L'horloge calendrier lui indiquait qu'il avait dormi quinze heures. Il se concentra sur ses sensations: il se sentait plutôt bien, à part une forte envie d'uriner. Ce qui semblait parfaitement normal après ce long sommeil, mais il y avait bien sûr l'inquiétude liée à ce que le médecin lui avait raconté sur l'évolution de sa vessie.

 Il sortit du sarcophage, et partit à la recherche des toilettes. Il n'avait pas encore atteint la porte que celle-ci s'ouvrit et le caporal Tuzmil se planta dans le passage. Molotov remarqua ses lèves pleines et sensuelles.

- Vous ne devez pas vous lever sans permission, dit-elle. Retournez vous coucher.

 Elle le regardait d'un air sévère. Elle avait un grain de beauté juste au-dessous de l'œil gauche, et sa taille était bien prise dans la blouse blanche, mettant en valeur ses courbes. Elle est vraiment mignonne, songea-t-il.

- Je dois aller aux toilettes, expliqua-t-il.

 Normalement les sarcophages médicaux étaient équipés pour cela, mais ces appareils n'étaient pas toujours évidents à utiliser, et si malade faisait des saletés, ce serait à elle de les nettoyer. Aussi Tuzmil décida-t-elle magnanimement de le laisser aller aux toilettes:

- Deuxième porte à droite, indiqua-t-elle avec une moue dédaigneuse qui creusa de délicieuses fossettes dans ses joues.

 Après s'être soulagé, le prospecteur eut droit à un thé et à deux biscuits militaires qu'il avala de bon apétit. Il retourna ensuite au bloc médicochirurgical, où il rencontra le lieutenant N'Gouma qui semblait en proie à une grande excitation:

- Monsieur Molotov, c'est fantastique: l'hypostaphie ichtolismique n'est pas une maladie humaine! C'est un virus qui infecte normalement les habitants de Véga5! Vous êtes le premier cas connu d'un humain contractant une maladie véganne. Nous allons devenir célèbres, nous donnerons des conférences dans toute la galaxie !

- Parlez pour vous, rétorqua Molotov, cette maladie est mortelle, m'avez-vous dit.

- Ne vous en faites pas pour cela. Si vous deviez mourir je ferai embaumer votre corps, et ainsi vous pourriez toujours m'accompagner. De toute façon nous ignorons tout de l'évolution de ce mal chez un humain. Mettons-nous immédiatement au travail. Je viens d'ailleurs d'ouvrir un mémoire pour la publication.

 Il se pencha sur son terminal et lu avec satisfaction: "Evolution clinique de l'hypostaphie ichtolismique de Véga chez l'être humain, par le docteur Trong N'Gouma".

 Puis il reporta un regard gourmand sur Molotov:

- Alors, comment vous sentez-vous?

- En fait je me sens en pleine forme, répondit Molotov en laissant glisser son regard sur la croupe callipyge de l'infirmière.

L'ombre d'une déception passa sur le visage du lieutenant:

- En êtes-vous bien sûr? N'avez-vous pas de migraine, de diarrhée ou de fièvre? Aucune douleur nulle part? Pas de nausée, d'irritation de la gorge ou du nez? Aucune nécrose nulle part, ni même une petite rougeur? Pas la plus petite sensation inhabituelle quelque part, de vertiges?

- Rien de tout cela, dit Molotov qui se sentait tout à coup un peu moins bien. Qu'en est-il de ces histoires de moustaches et de gaz dans la vessie?

- Ah, ah, ah! Voyons Monsieur Molotov, soyons sérieux! Une vessie humaine ne produit pas de gaz, et quant à cette histoire de moustache, il suffit d'un peu de bon sens pour comprendre que cela n'a aucun sens concernant un être humain. Chez les Végans, qui s'apparentent à une espèce de poisson, le virus s'attaque à la vessie natatoire et aux barbillons, ces derniers étant chez eux un attribut sexuel important. Néanmoins le diagnostique de vos implants est toujours au rouge et indique une évolution rapide du mal. Il est véritablement étonnant que vous ne ressentiez rien. L'homme pourrait-il être un porteur saint de la maladie?

Le prospecteur recommençait à déprimer. Pour se remonter le moral il se concentra sur la poitrine du caporal Tuzmil. Cela faisait plusieurs mois qu'il n'avait pas eu de rapport sexuel, et il se dit qu'un sarcophage de l'infirmerie se prêterait très bien à un moment d'intimité et de tendresse avec cette douce enfant.

- Caporal, vous allez procéder à une série de prélèvements pour analyses sur Monsieur Molotov.

- Il est hors de question que je touche à ce galeux pourri de virus bizarres, grogna-t-elle.

La partie n'est pas gagnée d'avance, se dit Molotov.