Chapitre 28

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Mes blessures me font mal. Qu'elles soient extérieures ou intérieures.
Comment peut-on avoir une vie comme la mienne ? Comment le sort peut-il s'acharner sur quelqu'un comme ça ?
Si le Ciel existait réellement, il ne devrait pas laisser ce genre de choses possibles.
Durant l'après-midi, j'essaie de me reposer. Sauf que je n'y arrive pas, je pense trop. Beaucoup trop.
Esteban me manque. J'ai bien compris que lui et moi c'est impossible. Ça l'a toujours été. Je ne m'en rendais tout simplement pas compte. Jusqu'à maintenant. Depuis que j'ai appris qui est cette femme je ne dors plus. Je ne mange plus. D'ailleurs ça inquiète les médecins.
Mais je suis quand même folle de lui. Quand je dis folle c'est au sens propre comme au figuré. Je ferais n'importe quoi pour un "je t'aime" de sa part. Qu'il a faillit me dire. Enfin je crois, j'espère.
Sauf que sa mère est arrivée. Tant mieux en fait. Parce que si -je dis bien si- je m'étais mise en couple avec lui, je me serais vraiment attachée, elle aurait réellement brisé quelque chose. Sauf que là y'avait rien. Même si j'aurais aimé qu'il y ai quelque chose justement. Parce que je l'aime à en crever. J'aimerais tellement qu'il soit à moi, qu'il ne regarde que moi, qu'il me protège, qu'il me fasse des câlins, des bisous, etc. Tout simplement, j'aimerais qu'il m'aime. Vraiment. Sincèrement.
- Mademoiselle ?
Je n'avais pas entendu que quelqu'un était rentré.
- Quelqu'un voudrait vous voir. Un jeune garçon.
Elle me fait un clin d'œil, l'air de dire "Et beh, quel succès"
- Il s'appelle Esteban.
Mon cœur manque un battement.
M- Dites-lui de s'en aller immédiatement.


Elle a l'ai plutôt surprise de ma réaction. Et je comprends tout à fait. Esteban est beau garçon, il est adorable et je le rejette sans aucune raison d'un point de vue extérieur.
- Très bien.
Elle s'en va, sans un mot de plus.
Moi j'essaie de me replonger dans mes pensées quand j'entends des cris au bout du couloir. Puis des pas qui claquent sur le sol. Et soudain, dans l'encadrement de la porte, Esteban.
J'en peux plus de le trouver si attirant. Je ne veux plus l'aimer. C'est dangereux.
E- Mia. Je dois te parler, c'est important.
Et pour la première fois, ses pensées ne sont pas bloquées. Je vois tout. J'entends tout.
Il m'aime.
Putain.
Esteban Roye.
Mia Lewis.
Ensemble ?
Oui.
Non.
Peut-être.
Je me reconcentre. Pas question qu'il m'approche. Sa mère veut ma mort. Je ne veux même plus savoir pourquoi. Même si je commence à avoir ma petite idée.
Alors je respire fort et prend une grande inspiration. Comme on voit dans les films lorsque la personne s'apprête à faire une action importante.
Je fixe Esteban.
Je cherche sa conscience.
Et je lui transmets le message "Partir". Aucun mot n'a été prononcé.
Pourtant tout a été compris.
Esteban s'en va. Malgré lui.


Je suis conne. Je voulais le revoir et je l'ai fait dégager. Et puis si j'avais attendu plus longtemps, j'aurais pu voir autre chose que sa discussion avec Tim et ses sentiments pour moi. J'aurais peut-être pu en savoir plus sur ce que sa mère a après moi. Parce qu'il y a sûrement quelque chose.
J'en ai marre de moi et de mes réactions précipitées et irréfléchies. Je suis stupide. Vraiment stupide. Je m'en veux. Énormément.
Je prends mon téléphone pour me détendre un peu. Quelle n'est pas ma surprise de voir que j'ai un message vocal ?! J'avais pas vu ni entendu qu'on m'appelait parce que j'étais sur silencieux.
Je regarde à qui j'ai l'honneur. Sans doute Camille. Ou Mme Smith. Ou Clément.
Qu...
Que...
Quoi ?!
Mon cœur a faillit s'arrêter l'espace d'un instant. J'ai vu ma vie défiler. Et maintenant j'ai envie de faire une danse de la joie ! Malgré mes plâtres et la douleur. Je pourrais courir, sauter, nager, voler. Vraiment. C'est incroyable comme un simple message peut nous faire changer d'humeur aussi soudainement.
Je réalise pas encore. C'est juste inimaginable dans ma tête. C'est la personne à qui je ne pensais même plus. Enfin si, mais j'espérais plus lui parler. Pour moi c'était fini, impossible.
Théo.
C'est Théo.
Théo. Théo. Théo. Théo.
J'ai un sourire niais sur le visage.
Théo.
Je suis impatiente d'entendre sa voix. Alors j'écoute le message.
"Salut... Euh... C'est Théo... Au cas où t'aurais supprimé mon numéro. Écoute, je sais qu'on se parle plus, mais faut que je te dise un truc, c'est important. Je sais que tu sors demain. Je serai chez toi. À plus."C'est pas du tout ce à quoi je m'attendais, mais alors pas du tout !
Je pensais plutôt à quelque chose du genre "Je suis vraiment désolé" ou "J'aimerais qu'on se reparle" ou bien encore "Tu me manques".
Tel que je le connaissais, c'est ce qu'il m'aurait dit. Mais apparemment Lou a un peu modifié sa façon d'être.
Tant pis. C'est déjà ça ! Je vais pas me plaindre alors qu'il me reparle ! J'ai hâte de le revoir. Mais vraiment. Je stresse un peu aussi...
Je deviens hystérique.
Je crois même que j'ai hurlé parce qu'une infirmière rentre en trombe dans ma chambre, effarée.
Je la rassure et tente de contenir ma joie immense et intense à l'intérieur de mon être. Pour au final m'endormir.
Le lendemain, l'infirmière vient me chercher pour sortir. Au moment de remplir les papiers, le médecin et moi-même nous rendons compte que je n'ai pas de tuteur légal pour les signer.
Il ne veut donc pas me laisser sortir et veut avertir la police.
Tant pis pour lui.
J'aime pas trop ça mais j'ai pas le choix. Je force tout le monde à me laisser sortir, par le biais de la télépathie. Ça foire sur certaines personnes, je ne suis pas si puissante que ça. Mais je parviens tout de même à m'échapper.
C'est quand même pratique quand on y pense. Mais il y a surtout des inconvénients. Contrôler des gens me fatigue. Énormément.
Malgré tout j'avance d'un pas pressé vers chez moi. Je ne peux pas prendre les transports en commun, je n'ai ni d'argent ni de titre. Tant pis. Je marcherai.
Arrivée chez moi, essoufflée mais heureuse, je m'assois dans l'herbe. J'essaie d'écouter la voix de Théo, de savoir ce qu'il veut me dire pour cacher mes émotions au moment où il parlera. En vain. Je n'entends qu'un brouahah car il est trop loin.
Dommage.

Une télépatheOù les histoires vivent. Découvrez maintenant