Chapitre 10

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Elle m'a vue. Elle a vu que je la regardais. On se fixe. Aucune de nous deux n'ose bouger. Mais j'ai un avantage sur elle: je saurais quand elle voudra attaquer.
J'aurais quelques secondes d'avance. À peine quelques secondes. Mais c'est déjà ça. Je...
Maintenant Mia !!
J'ai tellement peur que je saute sur mes deux pieds. L'instinct animal reprend le dessus. Je cours à en perdre haleine. Je ne sais pas avec quelle énergie j'arrive à avancer. Au pire on s'en fous. Courir. Je ne sais pas où je vais, je ne sais même pas où aller. Juste courir. C'est tout ce qui m'importe pour le moment. Je trébuche, tombe, et me relève aussitôt. Les quelques secondes que j'ai gagnées m'ont été vitales. J'ai plus le droit à l'erreur. Une course poursuite en plein cœur de Paris. J'ai l'impression d'être dans un cauchemar. Réveille-toi Mia putain ! Non je suis bien éveillée.
J'entends son souffle se rapprocher. De plus en plus près. Je rentre dans un parc, traverse les fourrés, enjambe les troncs d'arbres, sprint.
Elle respire fort et de manière saccadée; elle est essouflée.
Problème ? Moi aussi.
J'ai les poumons prêts à exploser, le cœur qui bat à un rythme infernal. Mon cerveau n'est plus correctement oxygené, ma vue se trouble. J'ai les genoux en sang, les cheveux en pagaille. Je n'ai plus aucune force. Mais je ne perdrai pas. C'est ma vie qui est en jeu. Et celle d'Eliott. J'accélère encore et me dirige vers un bosquet épineux. Heureusement pour moi il est grand et donne sur un genre de forêt. J'hésite à peine une seconde et je me jette dedans. Je suis écorchée un peu partout, je saigne, j'ai mal. Tant pis. Je rampe dans la boue et je me cache derrière un arbre. Elle a disparue.


Je me réveille au pied d'un arbre.
Je suis mal en point mais vivante. Vivante ?! C'est trop beau pour être vrai. J'ai vu la mort de si près ! Vous savez, on dit souvent que l'on voit défiler toute sa vie avant de mourir, les moments heureux particulièrement. Et bien c'est pas vrai. Du moins pas pour moi, pas dans ces conditions. Tout ce que j'avais en tête c'était fuir, juste fuir.
Au moins je suis sûre d'une chose maintenant; cette femme ne me veut pas du bien. Je dirais même qu'elle me veut du mal -non, sans blague-.
J'essaie de me lever. Mission impossible.
C'est seulement maintenant que je constate mon état, et l'ampleur des dégats:
J'ai la peau des deux genoux complétement arrachée, une cheville foulée et violacée, des égratignures un peu partout, y compris sur mon visage. J'ai les habits entièrement déchiquetés, de la boue mélangée à du sang séché sur tout le corps et des branches dans les cheveux...
Je fais quoi moi ??! Me laver... Non. D'abord aller chercher Eliott. Ensuite on verra.
J'attrape un bâton et me hisse sur mes deux jambes. Ça fait mal mais je peux marcher.
Je me dirige donc vers le commisariat, c'est toujours ce qu'ils font dans les films...
Et c'est là que je les vois, des élèves de mon lycée. Et merde. J'essaie de me cacher mais c'est trop tard; les filles m'ont vue. Et ces dernières s'esclaffent en me montrant du doigt. Un des mecs tourne la tête dans ma direction.
Je n'y vois pas bien, je ne suis pas sûre...
Si. C'est Esteban.


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Pray for Paris

Je suis de tout cœur avec les familles des victimes. Hier soir était un soir d'horreur et d'épouvante pour tout Paris j'ai des amis qui étaient la bas, ils en sont ressorti idem, j'espère que vous vous allez bien.

J-


Une télépatheOù les histoires vivent. Découvrez maintenant