Chapitre 15

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Je comprends pourquoi Lou organise souvent des soirées...
Sa maison c'est un vrai château ! Sur un panneau à l'entrée il y a écrit :
"26 chambres de 3 places, 20 salles de bains, 3 piscines, 3 jacuzzis, une salle vidéo, une salle de jeux.
Vous voyez le genre quoi ! C'est ouf, j'ose même pas entrer tellement ça m'impressionne.
Je me sens ridiculement petite du haut de mes 1m72.
Pourtant il faut bien entrer. Ce que je fais. Il doit être aux environs de 22h30 et je suis une des dernières arrivées.
Je pose à peine un pied dans la salle que tout le monde se tait et me regarde. Ceux qui me connaissent ont peur à cause des évènements de la journée. Ceux qui ne me connaissent pas sont plutôt en train de m'admirer. Oui c'est ça, ils m'admirent. Il faut dire que cette robe me met très en valeur. Et avec l'allure que j'ai travaillée, j'en impose.
À vrai dire je ne me reconnais pas. Et je n'aime pas cette nouvelle moi. Elle est trop...puissante. Je suis comme tout le monde, j'aime être regardée et appréciée. Mais pas être le centre du monde. Je ne veux pas être un monstre à leurs yeux. Mais j'ai ce besoin actuellement. Le besoin de leur faire peur.
Je ne saurais pas expliquer ce que je ressens, mais je vais essayer.
Vous savez, quand vous êtes remplis de haine, de colère, de peur, de honte, de tristesse, etc. Vous en voulez au monde entier. Vous avez besoin d'exprimer, de libérer le trop plein d'émotions qu'il y a en vous. Vous avez envie d'hurler à pleins poumons, de tout détruire. Vous voulez que tout le monde sache, que tout le monde souffre comme vous souffrez. C'est exactement ce que je ressens. Un besoin de destruction. Mais en même temps, je ne le veux pas. Et merde.Je ne bouge plus. Pas un pas de plus. Je les fixe. Ils me fixent. Juste un instant j'ai l'impression que le temps s'arrête. Puis ils se remettent à boire, fumer, danser...
Personnellement ma préoccupation c'est de trouver Esteban, et vite. Y'a déjà deux gars complètement défoncés qui lorgnent sur moi. Ou plutôt sur mes formes. Putain il devrait déjà être là ! J'aime pas ça du tout...
Je me réfugie dans un coin. J'ai chaud, je suis toute rouge. Soif. Je vais au bar. Je veux de l'eau, j'ai besoin d'eau. Le barman ne comprend pas. Il n'a que de l'alcool, on est à une soirée pour se défoncer et moi je veux de l'eau. Je lui hurle à la gueule :
M- I NEED SOME WATER NOW !
Cette fois il a compris et va me remplir un verre d'eau au robinet.
Je le bois d'un coup. Mais ça ne sert à rien. Strictement à rien.
Il y a trop de monde, trop de voix. C'est pour ça que je n'aime pas les fêtes. Je suis vraiment nulle. Non, pas moi, mon pouvoir. Il me gâche la vie. Si je l'avais pas je pourrais m'éclater, draguer, faire tout ce que je veux ! Sauf qu'il est là.
Et puis d'un coup, comme ça, j'ai besoin d'air. Absolument. J'étouffe, je n'arrive plus à respirer, je...je...
La porte est à deux pas. Je m'effondre dehors.
Je reprends mon souffle petit à petit.
Inspire.
Expire.
Inspire.
Expire.
Inspire.
Ça va mieux.
Jusqu'à ce que je vois les deux gars de tout à l'heure. Eux aussi m'ont reconnu.
Putain.
Ils s'approchent de moi, un sourire sadique au coin des lèvres.
Non, non, non, non, non.
?- Alors ma jolie, qu'est-ce que tu fais dehors toute seule ?
?²- T'inquiète pas, on va bien s'occuper de toi...J'essaie de me relever. Mais ils me plaquent au sol.
?²- Pars pas poupée !
?- On va bien s'amuser tu verras !
Putain. Esteban...lui aussi m'avait promis. Il avait dit qu'il me protégerait, qu'on ne me ferait pas de mal. Encore un menteur.
Les mecs essayent de me droguer, histoire que je ne me souvienne de rien. Je lutte de toutes mes forces.
Voyant qu'ils n'y arriveront pas, ils décident de quand même passer aux choses sérieuses. Ils se mettent donc à me déshabiller. Génial... J'essaie de résister, je me débats de toutes mes forces. Mais rien à faire, ils sont beaucoup plus forts que moi.
Ils ouvre le fermeture de ma robe puis l'enlève. Et ils se mettent à me caresser.
C'est un cauchemar ?!
En même temps, une foule de curieux s'est créée autour de nous. Et pas une âme courageuse parmi eux. Ce sont juste des spectateurs passifs. Lou me regarde, elle rigole. Il ne faudrait pas qu'elle rate un tel spectacle...C'est vraiment une gamine.
Et moi je suis là, impuissante. Je pensais que ça n'arrivait qu'à la télé. J'avais tort. Je m'abandonne à mon sort, quand soudain :
? - Mia !!!
C'est lui ! Oui, c'est Esteban !
Il écarte la foule.
E- Dégagez bande de cons ! Dégagez je vous dit !!
Tout le monde s'exécute. Y compris mes deux agresseurs.
On ne discute pas les ordres d'Esteban Roye, tout le monde le sait.
La foule s'est écartée. Même si quelques curieux -dont Lou- continuent de regarder la scène.
Esteban me tend sa main et m'aide à me relever.
E- Je suis désolé, Mia. Sincèrement désolé. Je t'avais promis...Quand je suis debout, je me jette dans ses bras. Je sais pas pourquoi je fais ça...Peut-être parce que je me sens en sécurité avec lui...C'est vrai quoi, tout le monde le respecte et lui obéit. Quand je suis avec lui il ne peut rien m'arriver.
Il me serre fort contre lui.
Quand je me rends compte que je suis en sous-vêtements. Dans les bras d'Esteban. Devant tout le monde. Je deviens rouge pivoine. Je me recule brusquement, honteusement.
Esteban voit mon embarras et se retourne. Tout le monde fait de même, évidemment.
Je me rhabille rapidement, je me recoiffe vite fait, histoire de ne pas ressembler à un épouvantail.
Lorsque j'ai fini, je me rends compte que j'ai rien dit, pas un mot.
M- Esteban ?
Il se retourne.
E- Oui ?
M- Merci...
Son visage se voile, il baisse les yeux et serre les poings.
E- Ne me dit pas merci. Si j'avais été là...ils...ils ne t'auraient pas...pas touchée...
Sa voix se brise, il est mal.
M- Ça aurait pu être pire tu sais...
Il ne me réponds pas. Je voix qu'il s'en veut.
Je n'ai plus rien à faire ici, je rentre donc chez moi. Il me semble que c'est dans cette direction, mais je ne suis même plus sûre. Je suis encore chamboulée. Pas qu'à cause de la soirée...J'ai eu une journée éprouvante. Très éprouvante.
Tout à coup, j'entends des pas derrière moi. Quelqu'un qui court. Stresse. Je me retourne. Ouf !
E- Mia ! Attends-moi !
M- Oui ?
Il reprend son souffle. Il prend son temps le gars !
M- Bon accouche !
E- Tu...tu viens dormir...chez...chez...moi...et...et c'est pas...pas la peine...de discuter.


Une télépatheOù les histoires vivent. Découvrez maintenant