1 L'éveil

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Chicago, troisième ville des État-Unis. Elle compte presque 3 millions d'habitants. Du ciel, la ville a l'air d'un bout de tissu écossais avec ses rues en lignes droites. D'en bas, cela ressemble plus à une fourmilière avec son flux de population. Les gens se précipitent à leur travail, à leur rendez-vous, déposer les enfants à l'école ou faire les courses de la semaine. Chacun avait un objectif et personne ne se souciait spécialement des autres. Le tout se passait dans un vacarme assourdissant: les bus au démarrage des arrêts, les gens avec leurs téléphones, les voitures dans un concert de klaxons,... L'ensemble donnait à un capharnaüm gigantesque. Un vendeur ambulant de hot-dog contribuait lui aussi à tout ce bruit:

— Hot-dog tout chaud ! Qui veut un hot-dog bien chaud! hurlait-il.

Les mains dans les poches de son manteau , il tapait du pied pour essayer de se réchauffer. La journée était encore froide aujourd'hui en ce mois de janvier, ce qui n'était pas bon pour les affaires. Les gens préféraient aller au restaurant par ce temps. Mais il y aura toujours sa fidèle clientèle présente ce midi.

Il scruta la rue de gauche à droite pour voir si un client arrivait mais personne à l'horizon. En face de lui, un bus s'arrêta pour déposer ou prendre son flot de passagers. Son regard fut attiré par l' affiche placardée sur le côté du bus. C'était celle de la nouvelle voiture électrique de chez Lexus. Les portes du bus se refermèrent et il repartit dans un nuage d'échappement dans l'air froid. C'est à ce moment-là, qu'il la vit.

Une jeune fille sortit doucement d'une ruelle perpendiculaire à la rue. Le regard perdu, elle regardait partout le pas hésitant. Le vendeur remarqua qu'elle marchait pieds nus juste habillée d'une robe blanche. Avançant entre les voitures stationnées sur le côté de la rue, elle continua en direction de la route. Une voiture arriva dans sa direction et dû faire un écart pour l'éviter, suivis d'un long coup de klaxon et de gestes obscènes. Le vendeur se précipita vers elle pour éviter qu'elle ne se fasse écraser.

— Venez par là, mademoiselle, vous allez vous faire tuer. il la prit par le bras et la ramena vers son stand. Ça va vous allez bien ?

L'homme la fit s'asseoir par terre et enleva son manteau pour le mettre sur ses épaules. Elle avait l'air frigorifiée si peu habillé. La jeune fille releva doucement la tête vers son sauveur et le regarda avec des yeux bleus si intense qu'il sentit son âme se faire transpercer. Elle avait des cheveux roux qui ondulaient autour de son visage. Son apparence si fragile donnait l'empression qu'un coup de vent aurait pu la briser en morceaux. Il reposa sa question.

— Mademoiselle, ça va ? Vous voulez que j'appelle les secours ?

Il regarda autour de lui pour trouver de l'aide et vit une voiture de police tourner au coin de la rue, elle devait être en patrouille dans le quartier. Il se précipita sur le véhicule pour l'arrêter. La voiture dut piler pour qu'il ne se retrouve pas sur le capot de la patrouille. Les portières s' ouvrirent à la volée et les deux officiers sortirent.

— Qu'est-ce qui vous prend de vous jeter sous nos roues ? Vous êtes fou ? On aurait pu vous renverser! dit-il outré.

— Messieurs, aidez-moi, cette jeune fille a besoin d'aide, en la montrant du doigt. Elle est sortie de la ruelle habillée comme ça et paraît désorientée.

Les deux agents regardèrent la malheureuse avec suspicions et commencèrent à avancer doucement vers elle.

— Mademoiselle, vous m'entendez ? Je suis le sergent Cameron, vous allez bien ? ils continuèrent d'avancer doucement vers sa direction. Comment vous vous appelez ?

Il n'eut pas de réponse. Une fois à distance raisonnable, le sergent Cameron regarda son collègue.

— Je vais avancer jusqu'à elle, couvre-moi au cas où.

— Tu es sûr que tu ne veux pas des renforts ? Dit-il sur le ton de l'humour et le sourire aux lèvres.

— On n'est jamais trop prudent.

Il finit de faire les quelques pas qui les séparaient et commença à s'agenouiller à côté d'elle.

— Mademoiselle, vous m'entendez ? Que vous est-il arrivé ? Vous voulez que j'appelle quelqu'un ? il n'eut pas plus de réponses.

La jeune fille regarda l'officier, commença à lever le bras gauche pour lui tendre la main. Le policier eut un mouvement de recul et se releva en voyant du sang sur ses mains.

— Mademoiselle, est-ce votre sang ? les officiers sortirent leurs armes de leurs étuis. Laisser vos mains bien en évidence. Je vous demande une dernière fois, est ce que c'est votre sang ?

Elle ne répondit toujours pas, pourtant, le policier était persuadé qu'elle comprenait ce qu'il disait.

— Je vais vous demander de vous lever jeune fille, et de mettre vos mains sur la tête pour que l'on vous fouille.

Elle s'exécuta. L'inconnue se leva tourna le dos aux policiers et mit les mains sur la tête.Le sergent Cameron la maintint en joue avec son arme pendant que son collègue commença à passer derrière la suspecte et procéda à une fouille:

 — Vous avez des objets coupants, des seringues ou tout autres objets de ce genre ? Avez-vous une pièce d'identité ?

 La fouille terminé, le policier fit un signe de tête au sergent pour lui signifier qu'elle n'avait rien sur elle. Il était en pleine réflexion, que devait-il faire , l'emmenez à l'hôpital ou dans un centre, ou alors l'emmener au poste pour mettre les choses au clair ? Trop d'éléments le perturbait.

— Allez, on l'emmène, se décida-t-il.

Son collègue eut pour seule réaction un soupir, leur service était bientôt terminé et ça ne l'arrangeait pas une arrestation de dernière minute. A côté, le vendeur de hot-dog ne comprenait pas vraiment ce qui se passait. Les menottes une fois passées et ses droits énoncés, l'agent de police la conduisit à la voiture de patrouille. 

La voiture démarra, et en partant, la jeune fille et le vendeur échangèrent un dernier regard comme si elle le remercia de son aide. Il eut pourtant un doute...

L'éveil Des MortsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant