3 Rencontre

64 15 12
                                    

Au même moment, dans le véhicule de patrouille qui se dirigeait au poste de police, la suspecte était assise à l'arrière, toujours menottes aux poignets. Une odeur laissée par ses prédécesseurs flottait dans l'air mais elle était trop perdu dans ses pensées pour en être incommodé. Elle n'entendait même pas la voie du coéquipier du sergent Cameron:

— C'est quoi ton nom? Tu dois bien en avoir un?

Pas de réponse.

— Tu faisais quoi là-bas? A qui est ce sang sur toi?

Le regard perdu à observer les rues qui défilait devant ses yeux, pour elle, ce n'était qu'un bruit sourd à ses oreilles. Mais un grand coup dans la grille qui les séparaient la sortie de sa rêverie.

— Je te parle!

Assis derrière le volant, le sergent Cameron saisit le bras de son collègue:

— Calme toi, ça ne sert à rien, elle doit être en état de choc et hurler ne changera rien... Dit-il calmement.

— Encore une putain de junkie! On aurait dû la laisser dans la rue, je te le dis. Ça va être encore une tonne de papier à remplir et notre service se termine bientôt!

— T'inquiète, je vais m'occuper de tout ça, tu pourras rentrer chez toi voir le match comme ça, lui dit-il le sourire aux lèvres.

Son collègue se renfrogna dans son siège et murmura que ce n'était pas pour la rencontre qu'il disait ça, même si il avait parié un peu d'argent dessus...

Le sergent Cameron régla son rétroviseur pour voir la jeune fille. Elle était repartie dans la contemplation des rues qui défilaient. Il ne savait pas ce que voulait dire toute cette histoire mais son instinct de flic lui disait que c'était bien plus qu'une histoire de drogué.

Sur la radio de la patrouille, on attendait un appelle pour des renforts pour un mort à l'aéroport international O'hare.

La voiture arriva enfin au commissariat. Après avoir rempli quelques papiers et pris ses empreintes, ils menèrent la jeune fille dans une cellule vide en attendant d'être interrogé et elle s'assit sur le banc qui était collé au mur. Elle observa autour d'elle. La pièce était composée de plusieurs geôles, occupées par 2 ou 3 personnes dans chaque. Certains détenus étaient collés aux barreaux comme si ils étaient prêts à sortir d'un moment à l'autre. D'autres faisaient les cent pas en arpentant leurs cellules. Encore dans une autre, deux détenus étaient assis sur un banc en grande conversation penchée l'un vers l'autre, et de là où elle était, elle entendait que des chuchotements.

— Le spectacle te plaît?

Son regard se porta sur la cellule d'à côté. Un jeune homme d'une vingtaine d'années était allongé sur un banc. Il était en train de la fixer de ses yeux verts.

— Excuse mon ami, mais il a besoin de repos.

Il désigna du pied un homme allongé par terre en train de ronfler.

— Je pense qu'il a abusé de la bouteille. Tu me diras, je préfère ce genre de compagnie, au moins je suis tranquille, lui dit-il un sourire en coin. Alors, que fait un petit oiseau comme toi ici? Tu n' as pas l' air d'une criminelle...

Ses yeux ce portèrent sur le sang qui tâchait sa robe et ses mains.

— Je vois, c' est compliqué je suppose...

Il se redressa et s'assit sur le bord du banc:

— Tu me diras moi aussi, une vraie erreur judiciaire! hurla-t-il en direction de la porte. Figure-toi que j'étais au mauvais endroit au mauvais moment. Je te raconterai plus tard si tu veux.

Ils restèrent à se regarder un certain temps. Sans un mot sans un geste, ils se fixèrent sans détourner le regard. Puis, d'un bond, il se leva du banc et se rapprocha des barreaux pour les agripper et poser son front dessus.

— C'est quoi ton nom, petit oiseau?

Elle avait un léger sourire aux lèvres mais ne dit rien.

— Je vois, tu es du genre timide. Je vais te dire mon nom, mon nom est Logan. Dit-il en faisant un genre de révérence. Et lui c'est... Je ne sais pas, je ne lavais jamais vu avant, chuchota le jeune homme. Je vais te faire une confidence, je pense que l'on était fait pour se rencontrer mais tu ne le sais pas encore.

Un grognement se fit entendre de l'homme allongé par terre, la conversation devait le déranger. Logan lui lança un regard noir et retourna tranquillement s'asseoir.

— Je peux t'appeler Eli? Il se rallongea. J'aime bien ce prénom. J'avais une amie de classes qui s'appelait Eli, quand j'étais petit. Elle devait faire au moins 150 kilos mais très sympa. Un jour, cette fille là...

La porte s'ouvrit brusquement et le sergent Cameron entra dans la pièce. Il ouvrit la cellule de la jeune fille et lui demanda de sortir.

— Tant pis petit oiseau, nous continuerons plus tard cette histoire même si je sais que tu meurs d'envie de connaître la suite.

Elle se leva et alla en direction du policier. Et juste avant de sortir de la cellule, elle se tourna vers le garçon toujours allongé, et lui dit en souriant :

— Ta braguette est ouverte Logan, et suivit le sergent.

Le garçon manqua de tomber du banc en voulant vérifier. La porte de la pièce se referma et il se remit bien confortablement sur son banc. Cette fille lui plaisait ce qui eut pour effet de lui donner envie de siffloter.

L'éveil Des MortsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant