Chanson d'une vie

~ Partie VIII ~ [END]

Retour en avril 2015

Le sourire toujours présent sur les lèvres, je rouvre lentement les paupières, la tête à nouveau envahie de souvenirs. Qu'ils soient joyeux ou bien sombres, ce sont ces souvenirs qui m'ont aidée à avancer et à être là où je me trouve à cet instant : sur une chaise, mon fidèle violon en main, face à un public qui attend que l'orchestre dévoile son œuvre. Tout naturellement, le maestro que nous attendions tous vint se placer à la place de chef d'orchestre, ne s'excusant point de son retard. Et il avait raison. Le moment n'était pas aux pardons. Les hommes et les femmes ici présents avaient besoin de la plus grande concentration.

Nous achevons de nous accorder puis le maître nous ordonne le silence complet d'un geste précis de la main. Un ange passe. Le rideau carmin se lève, la scène nous appartient. Furtivement, j'aperçois Florian aux côtés de sa petite amie, mon père, les cheveux poivre et sel, et enfin mon oncle, le regard fatigué. Je ne peux masquer ma joie, et souris jusqu'à ce que les commissures de mes lèvres me fassent souffrir. Tout le monde positionne son instrument de façon à pouvoir débuter. Je fais de même, le visage à présent impassible. Je sais ce que je dois faire. Délivrer une mélodie tellement vivante, qu'elle fera couler les larmes de toute l'assemblée. Une mélodie qui a une histoire à faire partager. Une mélodie que je joue pour mon frère, mon père, mon oncle, et spécialement pour ma mère. J'attends patiemment le signe de départ du maestro. Un simple mouvement du bras, et me voilà dans un autre monde, très proche de celui que nous connaissons, mais inaccessible pour ceux qui ignorent les bienfaits que peut prodiguer la musique. Sur cette immense scène, je suis libre comme une hirondelle, et je vole grâce à la symphonie des sons qui s'échappent des cordes de mon violon. Merci Maman. Merci de m'avoir aidée à atteindre ce monde merveilleux.

Peu importe ce que demain me réserve, tant que la musique reste à mes côtés, je suis convaincue que les obstacles à franchir ne seront plus aussi gigantesques et infranchissables qu'ils veulent le montrer. Dès que les applaudissements retentiront, dès que j'aurai séparé mes doigts des cordes et qu'il n'y aura plus de musique pour me faire voler, je suivrai la mélodie qui a toujours été en moi, mais que je n'ai pas su écouter avant. Je me laisserai guider, et ainsi, je suis sûre de ne jamais me perdre. J'emprunterai le chemin que me désignera la mystérieuse chanson de ma vie.

[END]