Flingué

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"l'Enfer est vide, tous les démons sont ici" - 11 octobre 2015, @incxmpris

     Une banale journée au lycée, la sonnerie retentit une fois de plus, alors que je m'apprête à franchir la porte de sortie, mon professeur de mathématiques m'interpelle. Je me retourne aussitôt et avance vers lui, accoudé à son bureau et d'un simple geste de la main, il me fait comprendre que je dois prendre place en face de lui. Il attend que tout le monde sorte de la salle pour prononcer ces quelques mots:

- Tu as l'air ailleurs, tu es sûr que tout va bien?

     J'avais une fraction de seconde pour répondre, un seul instant pour choisir mes propos, j'avais envie de tout lui dire, de tout déballer, de tout cracher. J'avais envie de dire non, de dire qu'absolument rien ne va, que tout bascule. J'avais envie de lui dire que je vis continuellement dans la peur, que c'est la peur qui me détruit, et que je suis incompris. 

     Je voulais lui dire que j'ai peur d'être adulte, de vivre une routine infernale, que j'ai peur des journée chronométrées. Que je veux pas obéir à leurs règles. Je voulais lui dire que je ne veux pas accepter le monde tel qu'il est, que je ne veux pas travailler encore et encore à en perdre le goût de la vie. Que j'ai peur des adultes, de leur monde et de ce qu'ils en font.

     Je voulais lui dire que j'ai peur pour ma Terre, que là où les arbres purifiaient l'air il y a des usines qui l'empoisonnent, que là où il y avait de l'eau potable il y a des rejets toxiques nauséabonds, que là où les animaux allaient en liberté il y a des abattoirs où ils naissent et sont massacrés pour notre satisfaction. Je voulais lui dire que je souffre avec le milliard d'individus qui meurent de faim alors qu'il y a bien assez de nourriture pour tout le monde. 

     Je voulais lui dire que nous sommes la maladie qui ravage la Terre, que nous détruisons l'environnement qui a permis notre existence, que tout n'est que marchandise ou objet à posséder. Que je me posais des questions, comme "qu'adviendra-t-il quand la dernière goutte d'eau sera empoisonnée? Lorsque tout l'air du monde sera contaminé? Quand il n'y aura plus de pétrole?" 

     Je voulais lui dire que j'ai peur pour les animaux qui habitent cette planète, et que notre temps aussi, est compté. Lui dire que l'avenir me terrorise.

     Je voulais lui dire tout ça, mais je n'ai soufflé qu'un simple:

- Oui.

 dorian

Pensées apocalyptiques (Requiem)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant