Pensées apocalyptiques (Requiem)

Bonsoir madame

« Si tu laisses la flamme mourir, je mourrais d'abord. » 

- Nekfeu

ce soir la pluie échoue systématiquement sur le sol, comme moi.
j'observe mon plafond que je connais par cœur, comme toi.

cela fait maintenant quelques temps que tu es partie,
je n'ai plus rien, même plus d'appétit,
comment te remplacer dans ma dynastie?
tu as repris ce que tu avais de moi, extraverti,
je me bat pour ne pas sombrer dans la folie.

un peu de cigarette after sex,
pour ma rappeler que tu es devenue mon ex,
tout était pourtant si gigantesque,
maintenant je suis reparti dans l'Est,
où noirci ce manifeste.

tu as emporté une partie de ma vie,
de mes rêves et de mes envies,
celle qu'on appelle l'adolescence,  
là où tout prend sens,
mes fondations et tous nos papillons,
comment rester le même garçon?

Toulouse,
la fête ou le blues?
le spleen rose,
désolé,
je n'ai pas trouvé la symbiose.

les feux se sont éteints,
alors que nous ne faisions qu'un,
j'ai encore un peu de ton parfum, pas loin,
je déteste tant les trains et les fins.

comment se reconstruire sur des bases si déséquilibrées?
comment réapprendre à lire lorsque l'on est lettré?
comment renaître dans un cendrier?
comment ne pas subir la nausée?

sur le cadran les heures défilent,
mais maintenant qui suis-je?
de tout en bas j'ai tant le vertige.
nous vivions l'idylle,
d'argile et de chlorophylle,
tout cela fût si fragile.

ce soir je ne pleure pas, je grêle.
dans mes prunelles,
se trouve toute la noirceur de la nuit,
et la grisaille du ciel,
comment recharge-t-on un fusil?
quand en soi-même se passe le duel.

je suis faible alors je me laisse séduire par sa beauté,
enivrante comme des vapeurs de thé,
glaçante d'hostilité,
inspirante comme sa majesté.

bonsoir madame,
tu m'accompagnes dans ce drame,
de toute ma détresse,
ivresse et maladresse,
je crois que c'est toi, Tristesse.

dorian