Prologue

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La pointe acérée de la lance effleura son flanc, déchirant son t-shirt au passage. Fergus saisit le poignet de son adversaire, pour le briser net. Le démon aurait certainement hurlé, s'il ne l'avait pas empoignée par la gorge pour lui couper le sifflet aussi surement que sa dague en plein cœur. Le dragon fit glisser le corps jusqu'au sol, tout en s'assurant qu'il était ni capable d'appeler à l'aide, ni de ramper en un lieu plus exposé.

Sa mission était des plus dangereuses, aussi ne pouvait-il pas se permettre de laisser quoi que ce soit au hasard. Il avait été contraint de venir seul, pour plus de discrétion. Or, il se trouvait au beau milieu de l'une des forteresses de Lucifer. Celle qui avait servi à torturer Svenn des mois plus tôt, afin d'extraire du jus de Pomme d'Or de ses veines.

Creusée au flanc d'une falaise, elle était quasiment imprenable. Ils avaient fait des gros dégâts lors de leur attaque, un mois plus tôt, mais désormais, les bâtiments étaient comme neufs.

Fergus descendit les marches d'un escalier étroit, sur le qui-vive. Voilà une semaine de cela, une cargaison était arrivée ici. Un véritable bataillon encerclait le convoi, réagissant à la première provocation, imaginaire ou réel. Une telle équipée n'était pas passée inaperçue, et était remonté jusqu'aux oreilles d'Exil.

Le Bourreau avait été clair : il fallait découvrir de quoi il s'agissait. Lucifer planifiait de monter sur le trône des Enfers, aussi était-il capable de tout. Surtout depuis sa défaite, un mois plus tôt, aux portes d'Exil. Il avait non seulement loupé sa chance de détruire le village, mais en plus il avait perdu l'épée de Saint George, la seule à pouvoir lui assurer une victoire facile sur Belzébuth, le souverain démoniaque actuel.

En s'enfonçant dans les profondeurs de la falaise, Fergus suivit son instinct. Bien lui en prit : il tomba sur une porte des plus impressionnantes. Blindée, elle semblait sortie tout droit du monde des humaines. Plus précisément de leurs banques. Devant, quatre gardes faisaient de leur mieux pour ne pas s'endormir. En fait, ils semblaient... Tendus. Effrayés.

Le métamorphe plissa les paupières, à la recherche d'une explication. Caché derrière l'angle d'un couloir, il n'avait pas encore été repéré. Alors quoi ? Étais-ce la peur du courroux de Lucifer qui les mettait dans un tel état ?

-On... On devrait être plus nombreux, non ? Fit l'un d'eux, à voix basse.

-Quatre, ça devrait être suffisant... je crois.

Son collègue ne semblait pas plus assuré. Un autre se dandina d'un pied sur l'autre. Ils étaient tout en muscles, crocs et griffes. Certainement l'élite de l'armée de Lucifer. Ce qui se cachait derrière cette porte devait être très important.

Il n'avait pas le temps de tergiverser. D'une seconde à l'autre, quelqu'un pouvait surgir à l'autre bout du couloir où il se tenait. Alors, adieu l'élément de surprise.

Sans hésitation, il sortit de sa cachette, faisant face aux quatre gardes. Ces derniers se mirent aussitôt en position de combat, leur anxiété envolée... Mais ils ne purent éviter les couteaux de lancés. Deux d'être aux s'écroulèrent, l'un des projectiles logé dans leur crane. Les derniers se jetèrent sur lui, avec des rugissements féroces. Mince... Ça, c'était mauvais pour lui. Ils allaient alerter toute la forteresse, ces imbéciles !

Il dévia l'une de leurs épées de sa dague, para un autre coup avec son avant-bras, recouvert d'un brassard en acier. Son pied faucha la cheville de l'un, libérant sa main armée. Il trancha la gorge de l'autre, avant d'en faire de même pour celui à terre.

L'odeur du sang envahit ses narines, écœurante. Il ne faudrait pas longtemps pour que les cadavres soient découverts. Il allait devoir faire vite.

La porte, découvrit-il, était close. Rien d'étonnant à cela. En revanche... Il fut stupéfait de d'en découvrir la clé, pendue à un crochet juste à côté. C'était de plus en plus étrange. Peut-être était-il tombé dans un piège. Néanmoins, à ce stade, il ne pouvait plus reculer.

La clé tourna dans la serrure sans résistance, déclenchant les différents verrous. Ils claquèrent sourdement en se défaisant les uns après les autres. Dix, compta Fergus, abasourdit. Dix verrous pour une porte. Que ce cachait-il donc à l'intérieur ?

Le battant pivota sur lui-même, dévoilant l'intérieur. Une vive fragrance balaya celle du sang, un nuage de vapeur l'enveloppa instantanément. Les yeux écarquillés, il entra dans la pièce... Pour y découvrit des centaines de bâtonnets d'encens, piqué au sol, se consumant lentement. Des bougies se trouvaient au milieu, diffusant une faible lumière sur une chaise, rivée à même le sol. Et sur cette chaise, bâillonnée, nue et ligotée se trouvait... La plus puissante des Némésis.

Rika.


4. Le Dragon DépasséOù les histoires vivent. Découvrez maintenant