Mal dans sa peau

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Je me suis réveillé en sursaut ce soir. Ça m'arrive fréquemment. Je pense que je vais devoir arrêter de lire les bouquins de Stephen King. Ce soir, j'ai poussé un grand cri, une chance que personne dans la maison ne l'ait entendu.

Je jette un coup d'œil au réveil placé sous ma table de chevet. Ce dernier m'a été offert par mon père la semaine dernière tout en ajoutant qu'il m'aiderait à sortir plus tôt du lit. Il n'est que trois heures et douze minutes et je me demande si je retrouverais mon sommeil. Je me lève, je fais jaillir la lumière dans la petite pièce qui me sert de chambre et, enfilant mes sandales, je me dirige prudemment dans la salle de bain. Je me lave le visage et je l'éponge avec une serviette. Plongeant mon regard dans le miroir de la salle de bain, ce que je vois ne me plait guère : un garçon maigrichon et avec un visage pâle et peu intéressant.

Les vacances d'été commencent plutôt mal pour moi. Rien qu'une semaine depuis que je suis en congé et mon père me met déjà la pression. Il veut que je devienne un homme, un vrai. Hier dans la matinée, il m'a confié plein de bricolages. J'ai jamais aimé ces genres de truc, non pas que je les déteste mais plutôt que je n'arrive jamais à bien les faire et au final je gâche tout.

Il dit souvent que je suis un gros incapable et que tout compte fait il aurait préféré avoir une fille à ma place. Ces paroles ne me blessent pas, d'autres en plus que si je le pouvais, je lui dirai qu'il a tout à fait raison. Mais avec son air de méchant, il me fout littéralement la trouille et me laisse toujours perplexe.

Ma mère, cette femme si douce et si juste, est quant à elle mon rayon de soleil dans ce monde bien morne et gris. Elle m'a toujours soutenu dans mes déboires, et je peux dire que j'en ai souvent. Deux jours plus tôt, elle a plongé ses yeux dans les miens et m'a supplié d'arrêter d'énerver mon père, comme si c'était de ma faute.

Je ne suis pas enfant unique, mais c'est tout comme. J'ai un frère, mais il a plus de quinze années que moi. Il est marié, sa femme est jolie, avec ses fesses bien rebondies et sa petite fille, ma nièce Laura est un ange.

Je ne suis pas certain que mon grand frère m'aime. Il a cette façon de me fixer longuement puis de me toiser, comme s'il se tenait en présence d'une chose assez déplaisante. Une fois, alors que je me rendais à une foire et qu'il était trainait dans les parages, je lui ai demandé un peu d'argent de poche. Il ne m'a rien dit, ni daigné me lancer un regard, il a juste déposé sur la table un billet de cinq cent gourdes avec tout son lot de mépris. Non, j'en suis totalement certain, mon frère ne m'aime pas du tout.

Je retourne dans ma chambre avec encore plus de minutie que je n'avais investie en en sortant. Je m'assieds sur le rebord du lit et plein de judicieuses idées se défilent dans ma tête. Je me réveillerai très tôt et je récurai la cour de notre maison, puis je mettrai un peu d'ordre dans ma chambre et enfin je sortirai les gros sacs de fatras que j'aurai du aller jeter depuis trois jours. Je suis certain que tout cela rendra mon père très heureux.

Je regagne mon lit, après avoir éteint la lumière. Dans le parfait silence de ma chambre, mes pensées se dirigent tout droit vers l'élue de mon cœur, ma très chère Althéa.


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