Elle s’éclipse pour me laisser rentrer. Je jette un regard furtif à la grande cour de la demeure et je remarque qu’elle est vide. Althéa, vraisemblablement est toute seule. Elle m’invite à m’assoir sous la galerie. Je m’exécute discrètement, ignorant toujours ce que je vais bien pouvoir lui dire.
Althéa s’assied non loin de moi et, prenant sa tablette, elle répond pendant quelques minutes à des messages. Puis, dirigeant son regard vers moi, elle me dit :
« C’est Christian qui t’envoie? »
Je fais oui de la tête, tout en me raclant la gorge. Elle poursuit :
« Il n’a pas le courage de venir lui-même? »
« Non, il ne s’agit pas de ca… il est sincèrement désolé de ce qui est arrivé, ce n’est pas de sa faute »
Althéa ouvre de grands yeux et tout en élevant la voix, rétorque : »
« Christian a recopié les paroles de plusieurs poésies, et il a osé me les donner, tout en prétextant que la poésie était de lui, et toi, tu me dis que ce n’est pas de sa faute? »
Je ne me gène pas pour émettre un très large sourire. Christian l’a bien mérité d’ailleurs. Je suppose que c’est le moment où je suis censé lui dire que c’est moi qui suis l’unique artisan de toute cette pagaille. Mais je ne dis rien de tel, et je me contente d’hocher, tout en invitant la belle Althéa à poursuivre son discours, pendant que je me laisse aller dans la contemplation de son gracieux corps.
« Et tu sais, cette poésie est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Le geste de trop en quelque sorte. Christian s’amuse à me raconter des bobards. Il me prend pour une idiote! »
Je confirme en secouant positivement la tête. Althéa et moi, nous subissons la même torture.
« Et je crois qu’il a plein d’autres petites copines! »
Cette fois, elle me regarde, espérant que j’acquiesce comme les fois précédentes. Mais je ne fais rien du tout. Ce n’est pas moi qui vais trahir Christian sur ce point. Je ne suis pas une balance après tout. Althéa me regarde étrangement, puis me demande :
« Tu ne dis rien? »
« Je pense que tu pourrais quand même lui accorder le bénéfice du doute pour une fois, lui pardonner sa bévue. »
Elle secoua énergiquement la tête. Je dois avouer que je suis totalement amoureux de chaque geste que fait cette fille. Lorsqu’elle croise les jambes, je me lance dans la contemplation de ces dernières, sans le moindre scrupule.
« Y a pas moyen. Je ne veux plus perdre mon temps avec un parfait imbécile qui se prend pour l’homme le plus intelligent de la planète. »
Je suis en parfait accord avec Althéa. Elle a raison. Elle doit se débarrasser de cette gangrène qu’est Christian. Je souris intérieurement. Mais, hypocritement, je poursuis dans ma fausse démarche :
« Mais tu l’aimes, n’est ce pas? »
« Je ne sais pas… je n’en ai aucune idée… C’est bien confus dans ma tête.
Pour la première fois depuis le début de cette conversation, je vois le visage d’Althéa se décomposer. Elle semble en proie à d’étranges émotions. J’ignore si j’ai raison, mais je crois que cette fille est amoureuse de cet idiot de Christian.
« Je pense sincèrement que tu devrais songer à le pardonner… »
Elle m’ordonne de m’arrêter, ce que je fais sur le champ. Je la regarde relever la tête, essayant de rester fière. Elle me dit :
« Je suis bien rancunière, tu sais. Ma décision est prise, je ne retournerai pas avec Christian. »
Me fixant plus durement cette fois, elle ajoute :
« Et, pour ta gouverne, sache qu’en venant me parler de Christian à sa place, tu m’offenses. C’est assez malhonnête comme ça! »***
Samedi, 2 heures Pm.
J’ai trouvé Christian dans ma chambre en rentrant, confortablement installé sur ma chaise, il sifflotait lentement. J’ai poussé un cri en le voyant. C’est fou comment il peut facilement me déstabiliser.
« Tu l’as vue? »
J’ai émis un faible oui. Le visage de Christian s’illumina en un rien de temps. Tout en se penchant vers l’avant, il me dit :
« Que t’a-t-elle dit? »
J’hésite pendant un laps de temps. Je regarde le garçon assis en face de moi et pour la première fois de ma vie, j’ai l’intime conviction de pouvoir le jouer à mon aise. Tout en montrant mon visage le plus désolé qui soit, je lui réponds :
« Elle dit avoir besoin de temps. »
« De temps? As-tu dit à Althéa que tout cela était de ta faute?
Je souris. Je me rends compte ô combien Althéa avait raison en traitant ce garçon d’idiot plus tôt dans la journée.
« Oui, mais elle te juge coupable pour avoir cautionné mon acte »
« Quoi? »
Le visage de Christian se déforme, il est fou de rage. Je recule d’un pas dans la petite pièce mais je reste dans ma décision, je veux le rouler dans la farine.
« Elle te demande du temps, rien que cela. »
Christian me regarde comme lui seul sait le faire. C’est-à-dire tel un déchet encombrant. Se levant, il dispose la chaise telle qu’elle était avant son arrivée, puis me dit :
« Arrange ça vite! Et, mon vieux, tu devrais vivement penser à arrêter de te masturber, ta chambre pue! »
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Sanon!
RomanceIl m'arrive de me détester. C'est vrai, j'ai 17 ans et je n'ai toujours pas de copine! La fille que j'aime, la tendre Althéa se fait manipuler par mon idiot d'ami. Mon père me déteste et adore me rendre mal à l'aise et après ce que m'a dit ma mère...